Les animaux, ce ne sont pas « les chiens, les chats et Trente Millions d’Amis »

20 juillet 2025

MC Solaar, dans son tube de 1991 Bouge de là, fait la description de plusieurs personnages pittoresques qu’il rencontre : une « Fatma chelou », un bagarreur, un clochard, etc. Parmi eux, on a Lucie, « qui aime les chiens, les chats et Trente Millions d’Amis ».

C’est totalement anodin en soi et pourtant la chanson révèle deux choses. La première, c’est que se tourner vers les animaux est considéré comme une forme d’acte qui marginalise. C’était déjà vrai en 1991, rien n’a changé depuis.

La seconde, c’est que les animaux, pour les gens en ville, ce sont « les chiens, les chats et Trente Millions d’Amis ». Trente Millions d’Amis, ce fut une émission pendant 40 ans, jusqu’en 2016 ; restent une revue et un site internet (tous deux de nature commerciale), ainsi qu’une Fondation.

Le nom de l’émission puise dans un calcul très approximatif des animaux de compagnie en France (les chiens et les chats, mais également les poissons, les tortues, etc.). On le devine, on est dans une approche niaise avec de la sensiblerie et de l’accompagnement du commerce des animaux se développant en masse parallèlement au capitalisme faisant la conquête de tous les aspects de la société.

C’est l’idée d’une valeur qui flotterait au-dessus de la politique, qui consisterait au respect des animaux de compagnie, un respect qui dépasserait son cadre également.

Contrairement à ce qu’on peut penser, ce n’est pas du tout ce qui donne naissance à la démarche de Brigitte Bardot ou des associations pour les animaux. Ce n’est pas du tout le même public, ce n’est pas du tout la même approche.

L’idéologie de Trente Millions d’Amis, c’est celle des beaufs, avec d’un côté un esprit d’acceptation passive des choses, de préjugés alignés sur le patriarcat : c’est l’homme qui respecte son chien.

C’est la droite populaire, conservatrice. Pêcher, chasser, acheter et vendre des animaux, manger de la viande, c’est acceptable. Toutefois, cela doit rester dans un cadre de valeurs traditionnelles et aucune attitude ne doit sortir du cadre.

Brigitte Bardot et les associations de défense des animaux, ça n’a rien à voir. C’est une démarche de femmes en rupture, cherchant à contrecarrer physiquement la situation de la condition animale : c’est la femme qui intervient pour bloquer et n’hésite pas à taper le scandale. C’est tendanciellement alignée sur le socialisme, mais sur le plan des valeurs on est dans un nihilisme et un espoir « national-socialiste ».

Et ce qui est flagrant ici, c’est qu’effectivement, pour l’ensemble de la société française, on en est resté à « les chiens, les chats et Trente Millions d’Amis ». Pour les gens, les animaux c’est surtout les chiens et les chats, et parfois pour quelques « originaux » les serpents et les araignées, avec les lapins et les cochons d’Inde pour les enfants, ou éventuellement un hamster ou un chinchilla.

Cela s’explique par l’urbanisation qui n’a jamais cessé, systématisant le triomphe de l’idéologie de Trente Millions d’Amis. Pour les Français en ville, les animaux en France sont aussi inconnus que les animaux de l’océan. Les oiseaux restent un mystère, les insectes une obscure inquiétude, les animaux des campagnes de lointaines étrangetés.

C’est tellement vrai que 99 % des vegans en France le sont par refus de participer à l’horreur industrielle où les animaux sont tués pour être transformés en aliments. Leur intérêt pour les animaux vivants est inexistant.

Cela éclaire également pourquoi, inversement, les chasseurs se veulent les vrais représentants des animaux, car eux connaissent réellement les animaux des campagnes françaises, pas simplement les chats, les chiens et les animaux exotiques commercialisés.

Il va de soi que tout ça est mensonger et à les écouter, les chasseurs vivraient en symbiose avec la Nature comme les Amérindiens avant Christophe Colomb. Mais quand on voit la France, on comprend pourquoi ils peuvent mentir à ce sujet. Ils ont le monopole de la « Nature ».

Car c’est bien de cela qu’il s’agit, en fin de compte. Les urbains sont coincés dans le béton et ne connaissent que les marchandises, les animaux en faisant partie. Les gens des campagnes échappent en partie à cela et s’imaginent authentiques, alors qu’ils sont pétris de traditions dépassées. Et il y a les rurbains qui oscillent entre ces deux pôles.

Il faut absolument démolir tout ce cadre. Les villes et les campagnes en France sont un cauchemar qui engloutit la Nature et qui invisibilise les animaux. Les uns ne les voient pas, les autres leur font la guerre. Et le mélange des deux donne des rurbains qui rêvent de connaître à la fois la ville et la campagne, pour n’avoir en réalité ni l’une, ni l’autre.

Cette situation, lorsqu’on l’analyse, implique que seule la révolution peut sauver la situation, en modifiant le mode de vie de l’humanité, en refaçonnant les villes et les campagnes. Tant qu’il n’y a pas un vrai mouvement de fond en ce sens – il faut des villes totalement différentes, des campagnes totalement différentes, en fait la fusion des deux en harmonie avec la Nature – il n’y aura jamais de changement en France, à aucun niveau.

Il faut voir les choses en grand, il faut le Socialisme pour socialiser, pour réorganiser la vie humaine, en l’alignant sur les valeurs nécessaires à son épanouissement, ce qui passe par l’harmonie avec la Nature, la reconnaissance des animaux.

L’humanité doit cesser sa démesure et l’être humain doit admettre qu’il est un animal. Toute l’époque le demande, l’exige !