Le rapport torturé et surtout destructeur des humains envers la Nature cause d’énorme troubles ; cela passe en particulier par les animaux. Il faut bien sûr penser aux abominables fermes usine d’élevage des volailles, ou de cochons, qui concentrent des animaux et favorisent à l’excès les maladies.
Mais c’est vrai pour tout élevage d’animaux, qui n’échappe jamais à la mondialisation des échanges, par l’agro-industrie. Il faut s’imaginer la Savoie, dans les Alpes, avec des vaches semblant pâturer en liberté à 1000 mètres d’altitude, et des éleveurs se voulant petits producteurs de terroirs, vendant un fromage issu d’une technique ancestrale et préservée, au service de la gastronomie vraie, non industrielle.

C’est précisément dans ce cadre que se produit en réalité la pire abomination agro-industrielle du moment en France. La dermatose nodulaire contagieuse des bovins y sévit depuis au moins le 29 juin 2025, date de sa détection dans le département. Avant, le 20 juin, la maladie avait été détectée en Sardaigne (Italie) et était arrivée en Afrique du Nord depuis l’Afrique subsaharienne et l’Asie en 2023.
La maladie avait déjà été détectée et éradiquée par la vaccination en Europe de l’Est à la fin des années 2010. Mais cela revient, d’un coup, partout. Personne ne peut s’imaginer épargné, y compris pour des troupeaux d’altitude en montagne.
En date du 25 juillet, 39 foyers ont été détectés en Savoie et en Haute-Savoie. Pour faire face, l’État n’y va pas de main-morte : un seul cas suffit pour que l’ensemble du troupeau soit abattu très rapidement, avec ou contre l’avis de l’éleveur, et avant même que soient étudiés ses recours.
En langage administratif français, cela s’appelle le dépeuplement de tous les bovins du foyer. C’est brutal, et cela se veut efficace, en parallèle à une large campagne de vaccination (qui est efficace mais seulement au bout de 28 jours). Le virus est une sorte de grippe produisant fièvre, abattement et chute de lactation. La mortalité est très importante, mais se limite en fait à 10 % d’un troupeau.
Seulement, il n’y a aucun état d’âme qui soit et les vaches ne sont que du bétail, de la matière première. L’État agit brutalement, administrativement, par le massacre localisé (et indemnisé) plutôt que de prendre le risque de fragiliser la filière laitière. Forcément, en arrière plan il y a le monopole agro-industriel Lactalis, qui inonde littéralement les supermarchés d’horreurs alimentaires à base de lait.

Le ministère de l’Agriculture en France est le bras armé de cette agro-industrie toute puissante, qui impose ses choix, en assumant la pire des barbaries, ici de massacrer des vaches pour la plupart en bonne santé, et pas forcément infectées.
Il ne s’agit pas bien entendu de penser qu’il ne faudrait rien faire, au contraire. Mais il ne faut pas croire que l’agro-industrie veuille vraiment régler les problèmes : au contraire, elle en produit les causes, elle est au cœur de la question, en continuant de massifier l’utilisation des animaux pour l’alimentation.
Elle ne règle aucun problème de fond, mais agit sur l’instant, pour parer au pire dans l’immédiat et garantir les profits capitalistes. Tout cela dans le cynisme le plus complet, cynisme qui a particulièrement écœuré les éleveurs bovins savoyards, devenus très en colère.
On sait que le virus est transmis par des piqûres d’insectes, et que ces insectes ne se déplacent que sur de faibles distances… sauf à être embarqués dans des mouvements de circulations plus importants. Par exemple une immense caravane automobile. Par exemple le Tour de France !

L’étape prévue entre Albertville et La Plagne le 25 juillet 2025 devait emprunter le col des Saisie, d’où provient un foyer d’infection. Il aurait dû être évident depuis longtemps que le Tour de France ne devait pas passer par là.
Mais il a fallu attendre le dernier moment, tard dans la soirée du 24 juillet, avec des négociations virulentes, en fait surtout des menaces de blocage, pour que la décision soit prise, dans unproblème psychodrame à la française tout ce qu’il y a de plus pathétique.
Beaucoup de gens, y compris des spectateurs sur le parcours, n’ont appris qu’au petit matin que l’étape était tronquée d’un tiers de sa distance et de deux ascensions, dont une très importante.
Tout cela a été mené tellement n’importe comment que le communiqué de la direction du Tour était incompréhensible, pratiquement aucun média n’ayant été capable non-plus d’expliquer vraiment les faits. Seul la lecture du communiqué de la FDSEA de Savoie permet de comprendre un peu les choses.
On a ici un panorama très désagréable, qui aboutit à une sorte d’atmosphère de fin du monde. C’est exactement ce vers quoi nous mène le mode de production capitaliste. L’humanité n’a plus le choix, il faut en finir avec le capitalisme, il faut en finir avec l’élevage des animaux pour se nourrir, pour ne pas sombrer dans l’apocalypse.
Ce n’est pas avec de fausses illusions sur un prétendu terroir et de prétendus savoir-faire agricoles ancestraux que l’humanité trouvera son salut, mais au contraire en se tournant vers l’avenir avec l’industrie dans le socialisme, sans massacrer les animaux.