Être de gauche implique de révolutionner son rapport aux animaux

29 juillet 2025

Le succès de Donald Trump témoigne de l’importance de la culture. Les couches populaires qui aux États-Unis ont voté pour lui sont imprégnées de populisme et de cynisme ; elles tendent naturellement vers une figure beauf. En France, pendant des décennies, on a eu la même chose avec la droite populaire de de Gaulle à Jacques Chirac.

Ce que cela implique, si on considère que la Gauche s’oppose à la Droite, alors être de gauche exige de révolutionner son rapport aux animaux. Il n’est pas possible de se revendiquer de gauche et de s’aligner sur les valeurs beaufs quant aux animaux.

Qui plus est, il y a trois camps en pratique : le conservatisme, le libéralisme, la Gauche (la vraie Gauche, au sens le plus large). Éviter la tête de veau pour se complaire dans les kebabs n’est pas de gauche, c’est mettre de côté le conservatisme pour passer au libéralisme.

Malheureusement, justement, la Gauche a été contaminée par le libéralisme, du culte du cannabis à l’art contemporain en passant par le relativisme historique et les LGBT. Au lieu de la lutte des classes, on a la lutte des places des individus revendiquant des « droits ».

Le fait que la question animale ait été ici soigneusement oubliée est révélatrice. Les animaux relèvent, en effet, de la Nature et le libéralisme rejette celle-ci, au nom du droit « positif », qui ajoute des « droits » au moyen de la société de consommation.

Les animaux exigent également une morale, ce qui est impossible dans une société où tout est relatif, et où on peut se définir comme on l’entend. Ici, on aura au mieux un vegan qui ne l’est pas vraiment ou bien un flexitarien.

S’intéresser aux animaux implique également d’assumer sa sensibilité, ce qui est délicat, difficile voire impossible dans une société où prédomine le cynisme et l’opportunisme. L’idéologie qui prédomine dans les cités interdit de se préoccuper des chats et des chiens, tout comme au sein de la bourgeoisie on verra d’un très mauvais œil de ne pas participer au repas de famille.

La condition animale oblige aussi à reconnaître l’existence du capitalisme, d’une industrie capitaliste utilisant les animaux de manière à la fois massive et exponentielle, et ce avec une dimension planétaire. Cela veut dire, une fois qu’on a vu ça, qu’il faut assumer derrière et s’engager de manière frontale. C’est beaucoup demander pour des gens façonnés par la société de consommation.

Bref, on peut prendre la question animale par tous les bouts, elle brûle les doigts de qui veut vivre en paix dans le capitalisme. D’où l’attitude des gens dans leur quasi totalité, qui consiste à avoir des œillères, à se désensibiliser (ou feindre de l’être), à manier l’hypocrisie et le cynisme.

Autant dire, par conséquent, que quiconque n’assume pas la question animale est en phase avec ce monde, accepte le capitalisme, a un mode de vie qui ne se veut pas en rupture. Révolution permanente, Lutte Ouvrière, la CGT ou le PCF… prétendent vouloir changer le monde, mais tous se retrouvent sur les valeurs du capitalisme concernant les animaux.

C’est aussi la preuve que la première révolution concerne toujours soi-même, et que s’il faut militer vers les autres, il faut ici militer vers soi-même. Bien sûr, seule la révolution change tout. Mais vouloir un avenir différent implique de porter cet avenir, de commencer à être en phase avec lui.

Car qui peut sérieusement s’imaginer contestataire en 2025 en allant au McDonald’s ou en faisant griller des merguez lors d’un rassemblement populaire ? Qui peut se dire de gauche et considérer qu’un emploi dans un abattoir est un métier comme un autre, que la disparition progressive des oiseaux est sans importance ?

La société française doit se remettre en cause, les masses doivent se remettre en cause, et par conséquent la Gauche, en premier lieu, doit se remettre en cause.