Le ministère de la Santé organise les hôpitaux pour la guerre en Europe

28 août 2025

Le Canard enchaîné du 27 août 2025 a publié une information très importante concernant les hôpitaux français. Ceux-ci doivent se préparer à recevoir massivement des soldats blessés.

Cette information ne doit rien au hasard, c’est une fuite organisée. Depuis le début du conflit militaire entre la Russie et l’Ukraine, le Canard enchaîné est en effet sur une ligne ouvertement belliciste.

Le même numéro diffusant cette information fait d’ailleurs l’éloge de…

« conteneurs ultrarésistants afin d’acheminer rapidement et de stocker, en toute sécurité, des charges explosives ultrasensibles qu’il s’agit de ne pas secouer comme des canettes d’Orangina.

Ces « coffre-forts mobiles » de 7 mètres de longueur, transportables par camion ou par avion-cargo (C-130), sont bourrés de technologie (…).

A Paris, on salue l’audace de ces « chambres fortes déplaçables ».

Chacune, assure-t-on, peut accueillir jusqu’à six bombes thermonucléaires de type B61, dont la version moderne est guidée par GPS pour plus de précision. Leur puissance de destruction varie entre 0,3 et 50 kilotonnes (…).

Pour le Vieux continent, cette « dissuasion mobile » arrive sans doute trop tard. »

La dernière phrase répond au début de l’article concerné, où il est dit qu’il aurait fallu employer quelques bombardiers nucléaires dès que la Russie a commencé à amasser des troupes près de l’Ukraine !

On est dans la folie furieuse. Mais dans une folie furieuse à visée éducative. C’est là qu’on reconnaît bien la nature du Canard enchaîné, hebdomadaire qui est destiné à l’appareil d’État, afin de le secouer, de l’empêcher d’être trop corrompu.

Le rôle de l’hebdomadaire est de servir de sas intermédiaire, de « balancer » des informations, d’informer et de former, de provoquer et le cas échéant de torpiller.

Il faut ici se souvenir qu’Emmanuel Macron, candidat à la présidentielle tombé du ciel et financé par une partie de la haute bourgeoisie, a triomphé en 2017 grâce aux opportunes révélations du Canard enchaîné visant le candidat de la Droite, François Fillon. Ce dernier, sans le scandale provoqué, l’aurait vraisemblablement emporté.

Il faudrait être bien naïf pour s’imaginer que le Canard enchaîné n’a agi que par souci démocratique et lutte contre la corruption. En pratique, tout l’appareil d’État et toute la haute bourgeoisie baignent dans des scandales non révélés. Ce qui sort dépend de choix et de rapports de force.

Il n’y a donc absolument aucun « hasard » à la publication par le Canard enchaîné de l’article « La Santé réquisitionne les hôpitaux pour la guerre en Europe ».

C’est un choix de l’armée française, c’est du story telling.

On y apprend donc que le ministère de la Santé a alerté les agences régionales de santé, le 18 juillet 2025.

D’ici mars 2026, elles doivent être prêtes à mettre en place des centres médicaux prêts d’une gare routière ou ferroviaire afin de soigner entre 100 000 et 500 000 hommes sur une période de 10 à 180 jours.

Le personnel médical doit être préparé mentalement à « un temps de guerre », caractérisé notamment par la raréfaction des ressources et l’augmentation des besoins.

On apprend également que le 21 février 2025 a été prise la décision comme quoi les huit hôpitaux militaires excluront les civils soignés en cas de conflit, pour n’accueillir que des militaires blessés.

Ces informations ne doivent d’un côté pas nous étonner. Gouverner, c’est prévoir et il est dans l’ordre des choses qu’un Etat se prépare à toutes les éventualités.

En même temps, si le Canard enchaîné diffuse l’information, c’est qu’il ne s’agit pas seulement de prévision. Il s’agit de propagande de guerre, de bourrage de crâne, de guerre psychologique, de préparation réelle sur le plan militaire.

Et là il faut être très dialectique : les gens qui ont pris ces décisions et même les journalistes du Canard enchaîné s’imaginent certainement qu’ils ne veulent pas la guerre.

Cependant, objectivement, et au-delà de ce qu’ils considèrent subjectivement, ils participent à la machine de propagande et à la mise en place des fondamentaux de la guerre française contre la Russie.

Il en va de même, par exemple, pour le militaire François Gonin qui a publié « Ukraine, été 2024 : la tactique à l’heure de la létalité maximale » dans la Revue Défense Nationale. Il pense servir son pays, voire éventuellement la démocratie ou la cause de la paix, mais en pratique, il sert à l’escalade.

C’est que, comme en 1914, soit on en reste à une lecture subjective, soit on regarde les faits en face. Et si on est sérieux, on voit que la marche à la guerre est un phénomène inéluctable.

Il n’y a pas un militarisme qui existerait seulement dans certains secteurs et chercheraient éventuellement une opportunité. Il s’agit d’une loi objective : le capitalisme en crise a besoin de forcer les choses pour faire tourner l’accumulation exponentielle de profit.

Il faut alors faire la guerre pour aboutir à un repartage du monde, seul moyen de donner au capital plus de surface.

S’il ne s’agissait que d’accumuler, il n’y aurait pas la guerre. Mais l’accumulation se veut toujours plus grande, toujours plus forte, jouant sur des masses de capital toujours plus grandes. Ce n’est pas le petit commerçant qui pousse à la guerre, ce sont les plus grandes entreprises, ce sont les monopoles.

Il faut donc suivre non pas Jean Jaurès, pour qui la guerre peut être évitée si on empêche le capitalisme de tomber dans le militarisme, mais bien Rosa Luxembourg et Lénine.

Citons ici justement un passage qui relève de cette approche erronée de Jean Jaurès, produite par l’organisation Révolution permanente lors de son université d’été. Elle voit le conflit en Ukraine terminé et, comme d’habitude, mêle hypothèses en série, plans sur la comète, fictions « géopolitiques » et évaluations révolutionnaires universitaires.

Du point de vue de l’Europe, il va falloir donner de l’importance aux conséquences d’une probable défaite en Ukraine, dont la responsabilité et la gestion retombera sur les dirigeants européens.

« Lorsque cette victoire devra finalement être consignée par écrit, la vague de discrédit qui s’abattra sur les institutions européennes et les groupes dirigeants des pays qui ont le plus poussé l’Ukraine vers le désastre contre la Russie sera sans doute considérable », pointe en ce sens Juan.

Dans ce cadre, des mouvements sociaux pourraient émerger d’un tel scénario et il faudra suivre avant attention la manière dont le mouvement de masse répondra.

On a ici typiquement l’attitude des généraux « révolutionnaires » de salon qui évaluent la situation de loin, sans liaison avec le réel ni compréhension des tendances historiques. Qu’est-ce que c’est que cette idée de « scénarios » ?!

Il faut arrêter avec les fantasmes, les espoirs, les paralysies, les délires petits-bourgeois. Il faut une analyse de classe, il faut se fonder sur le prolétariat. Là les choses sont évidentes : le capitalisme français veut sortir de sa crise en allant à la guerre contre la Russie.

Et la seule position valable, c’est : ou la révolution empêche la guerre, ou bien la guerre provoque la révolution !

Qui ne se prépare pas en ce sens ne comprend pas le sens de l’Histoire.