Sébastien Lecornu a été nommé premier ministre par le président de la République, Emmanuel Macron, le 9 septembre 2025. Or, on parle de quelqu’un qui était auparavant ministre des Armées.
Il l’était même depuis 2022 et a conservé son rôle à travers de multiples gouvernements : ceux d’Élisabeth Borne, de Gabriel Attal, de Michel Barnier, de François Bayrou.
Son maintien a symbolisé la continuité stratégique française concernant la Russie et le soutien militaire au régime ukrainien. Le non-changement du ministre des Armées jouait un rôle rassurant vis-à-vis de l’Otan et de la superpuissance américaine.

La nomination de Sébastien Lecornu comme premier ministre représente donc un choix jusqu’au-boutiste.
C’est l’affirmation par la bourgeoisie au pouvoir que ce qui compte avant tout, c’est la tendance à aller à la guerre contre la Russie.
C’est l’expression ouverte qu’on a passé un cap et que ce qui était secondaire devient principal.
Cette réalité est, naturellement, occultée par tous les commentateurs bourgeois. Ceux-ci ont un horizon parlementaire typiquement bourgeois justement, ils sont incapables de s’élever à un regard historique.
Il en va de même pour les partis de gauche ou de la « gauche de la gauche », qui se contentent de voir en Sébastien Lecornu un lieutenant d’Emmanuel Macron, un de ses fidèles. L’article de Révolution permanente au sujet de cette nomination ne mentionne ainsi même pas la question de l’Ukraine et de la guerre contre la Russie.
En fait, personne ne peut comprendre la portée du choix de Sébastien Lecornu sans saisir ce que nous expliquons depuis le 26 février 2024 au sujet de l’escalade militaire de la France vis-à-vis de la Russie.

On doit même ici poser la question : si ce n’est pas la question russe qui a motivé la nomination de Sébastien Lecornu, alors quoi d’autre ?
Il était question d’une ouverture à gauche. Or, Sébastien Lecornu était un membre de la Droite et un des plus grands soutiens de François Fillon, avant de retourner sa veste en 2017. Rien ne le relie à la Gauche, même dans sa version parlementaire.
Il n’y a donc bien qu’une seule explication possible quant à la nomination de Sébastien Lecornu comme premier ministre. Il est appelé à serrer les rangs. La question de la dette n’est pas oubliée, mais il est évident que c’est la question de l’escalade qui va se retrouver au premier plan.
La bourgeoisie française avait le choix entre rendre principale la restructuration de l’économie et l’escalade militaire dans le sens de la bataille pour le repartage du monde. Le choix est fait, désormais.
Et c’est bien sûr le désengagement de la superpuissance américaine vis-à-vis de l’Europe (afin de s’occuper prioritairement de la Chine) qui joue un rôle moteur dans l’accélération militariste en France.
Les choses sont de plus en plus claires, pour qui a le courage de les voir. Et l’engagement nécessaire se révèle inéluctable pour qui assume une ligne prolétarienne à rebours de la corruption bourgeoise et du confort petit-bourgeois.
Ou la révolution empêche la guerre, ou la guerre provoque la révolution !