La dégradation de la note française de AA- vers A+ par l’agence de notation américaine Fitch vendredi 12 septembre 2025 est une étape de plus dans la dégringolade du capitalisme français.
Si l’ensemble du capitalisme mondial connait une crise d’ampleur, celle-ci se manifeste forcément particulièrement plus à certains endroits, à certains moments, de certaines manières. C’est le cas de la France, où la situation est explosive.
Les agences de notations ont un rôle très important sur les marchés financiers. Elles notent des entités, que ce soit des entreprises ou des États, afin que les investisseurs puissent déterminer un certain niveau de risque.
Étant donné que le capitalisme financier fonctionne par le risque, et que le capitalisme mondial est entièrement financiarisé, cela a forcément une importance prépondérante. Les fonds de pensions notamment, doivent se baser sur ces notes pour réaliser des portefeuilles d’actifs financiers.

Ainsi, une note basse est tout autant le symptôme d’une situation mauvaise, qu’un facteur aggravant la situation. Plus sa note se dégrade, moins la France peut facilement exister sur les marchés financiers (autrement dit, emprunter facilement et à de faibles taux d’intérêt).
En l’occurrence, l’agence Fitch note la confiance qu’il faut avoir en la capacité de la France à rembourser ses dettes. Avant 2013, la France était encore considérée comme parfaitement fiable. Elle bénéficiait de la note AAA, signifiant une qualité de crédit maximale, avec un risque de défaut (c’est-à-dire de non remboursement) considéré comme nul ou quasiment nul.
En cas de dificultés, la note peut être dégradée par paliers :
AAA -> AA+ -> AA -> AA- -> A+ -> A -> A-
La France a donc été dégradée quatre fois. La dernière note de cette catégorie détermine une économie encore considérée comme solide, mais très vulnérable.
Il y a ensuite la catégorie B, avec les même paliers, de BBB à B-, qui décrit une situation risquée (dite spéculative), pouvant se dégrader jusqu’à être proche du risque défaut. Il y a ensuite la catégorie C pour décrire une situation extrêmement risquée, puis D décrivant un défaut effectif.
Un État comme la France n’est pas censé avoir autre chose qu’un AAA, décrivant sa solidité et sa capacité à tout simplement rembourser ses créanciers.
Le pays dispose de millions de travailleurs très productifs, très éduqués et bien formés dans leur domaine, avec qui plus est une grande flexibilité…
D’une base de plusieurs dizaines de millions de consommateurs parmi les plus riches du monde et capables de s’investir profondément dans la consommation…
D’un État central et de collectivités territoriales solidement ancrés sur le territoire depuis le 19e siècle, bénéficiant d’une tradition remontant au moins au 16e siècle…
La corruption y est relativement faible et le consentement à l’impôt est, en pratique, très élevé. L’épargne individuel est massive et solide.
De plus, la France abrite sur son territoire ou possède directement une partie importante du patrimoine économique et culturel mondial, avec Notre-Dame de Paris, plusieurs aéroports internationaux, le Mont Saint-Michel, le TGV, les autoroutes, une industrie du luxe réputée, un dense tissu artisanal, un grand réseaux de PME, quelques grandes usines, la langue française, le Tour de France, la côte d’Azur, le golf du Morbihan, le Mont-blanc, de nombreuses maisons d’opéra, le festival de Cannes, le festival d’Avignon, les Fêtes de Bayonne, le château de Versailles, les châteaux de la Loire, les Gorges du Verdon, des stades de football de grande capacité, le Louvre, des milliers de musées richement dotés, une gastronomie et des vignobles recherchés, un vaste réseau médical avec de nombreux médecins spécialisés et des chirurgiens disposant d’un matériel à la pointe de la modernité, une agro-industrie puissante et efficace, une électricité nucléaire abondante, etc.
Cependant, malgré cela, malgré ces garanties solides, les agences de notations sont obligées de dégrader régulièrement la note de la France, en raison d’une multitude de facteurs défavorables.
Le plus marquant, bien entendu, est l’énorme dette publique du pays, qui résulte de la décadence totale de la bourgeoisie française qui s’est vautrée pendant des dizaines d’années dans la dépense publique, sans aucune réflexion à long terme.
Les agences de notation, et en l’occurrence ici l’agence Fitch, sanctionnent l’importance de la dette française (3 345 milliards d’euros), d’autant plus qu’elle est significativement supérieure au PIB (114%) avec un déficit public insensé (5% du PIB).
Mais ils relèvent surtout l’instabilité du pays, qui connait une crise de régime et qui n’est pas capable d’entamer une restructuration majeure de son capitalisme. Là est, du point de vue des marchés financiers, le principal facteur de risque quant à la capacité du pays à toujours honorer ses dettes.
Le capitalisme français est malade, et il ne s’agit pas pour nous de le regretter.
Cependant, la bourgeoisie française n’entendra pas lâcher sa position dominante et disparaître au profit du peuple, des travailleurs, du prolétariat.
Ce que cette crise et cette fragilité structurelle de la France produit, c’est avant tout la fuite en avant, de manière effrénée, pour tenter de s’en sortir.

La France n’a pas choisi le redressement économique, qu’elle est incapable d’impulser de manière organique. Alors elle sombre de plus en plus dans la tendance à la guerre, avec la Russie en ligne de mire, avec l’idée de faire de la guerre et du dépeçage de la Russie un support pour une ré-impulsion du capitalisme.
Il n’y a qu’à voir comment l’information de la dégradation de la note est traitée publiquement en France : comme un sujet secondaire. François Bayrou, triste pantin bourgeois qui prétendait rétablir des comptes publiques sains a été sacrifié (ou probablement plutôt utilisé pour être sacrifié volontairement).
À sa place, c’est l’un des plus fervents artisans français de la guerre contre la Russie qui a été mis : Sébastien Lecornu.
La France, instable, en crise politique, faible économique, est une matière parfaite pour la tendance à la guerre… Elle l’est aussi pour la révolution !
Et si la révolution n’empêche pas la guerre, c’est la guerre qui produira la révolution, sur les cendres du capitalisme français en perdition !