La Gauche, c’est parler du Louvre et non pas suivre la CGT

29 octobre 2025

Ni la Gauche ni la gauche de la Gauche n’ont abordé la question du cambriolage du Louvre. C’est comme si ce n’était pas une thématique qui concernait le pays.

Ce qui est naturellement faux : tous les Français connaissent le Louvre, et tout le monde y accorde une grande importance, au moins symbolique.

On remarquera que, de manière très intéressante, la Droite n’a pas abordé la question non plus. On aurait pu penser que la démagogie nationaliste profiterait de l’occasion. Cela n’a pas été le cas.

Il y a donc eu, sur le coup, quelques remarques éparses, mais aucunement une onde de choc culturelle et une vaste campagne politique. Autrement dit, la question de la civilisation n’existe ni pour les uns, ni pour les autres.

La seule chose qui a de l’importance, c’est la « gestion » du pays et, pour cette raison, un axe essentiel des réflexions est la CGT, soit pour s’appuyer dessus, soit pour la dénoncer.

La CGT assume ici tout à fait son rôle puisque, comme on le sait, elle réfute la politique depuis la Charte d’Amiens de 1906. Elle considère que le syndicalisme se suffit en soi.

Quand on voit ça, on ne doit pas s’étonner qu’il ne se passe rien en France. Rien qui ait du sens, rien qui ait de l’envergure, rien qui ait historiquement de l’importance. Si, en effet, on ne se met pas au niveau de la civilisation, comment peut-on s’imaginer apporter quoi que ce soit de réel ?

Car le capitalisme présente un modèle de civilisation, avec un mode de vie, des valeurs. Naturellement, les accepter revient à considérer que ce qui arrive au Louvre relève de quelque chose de tout à fait secondaire.

Dans le flux des événements, ce qui arrive au Louvre n’est qu’un événement de plus parmi une multitude d’autres, d’égale importance. Rien ne peut fondamentalement changer, alors il n’y a pas lieu de considérer que quelque chose de qualitativement différent se soit passé.

Mais si on réfute le capitalisme, si on considère qu’il a fait son temps… Alors ce qui se passe au Louvre est essentiel, car cela touche la culture et la mémoire, l’héritage historique du peuple.

On constate que le capitalisme est incapable de protéger le Louvre, qu’à ses yeux le Louvre est même un fardeau du temps passé, qui coûte cher et qui est compliqué à gérer.

Fort logiquement, le capitalisme y voit au fond surtout un stock d’œuvres d’art utilisables pour mettre en place une entité touristique commerciale d’importance, ainsi qu’une marque commerciale utile pour l’exportation : il y a ainsi un Louvre Abu Dhabi aux Émirats arabes unis.

Le capitalisme, c’est le renouveau permanent, d’où la production sans limites (et sans contenu historique) de l’art contemporain, la réinterprétation constante du passé artistique, la logique de commercialisation et le culte des génies audacieux renversant les codes (Picasso, Van Gogh, etc.).

D’où une contradiction : l’existence même du Louvre est une réalité qui s’oppose au capitalisme, tout comme l’héritage populaire s’oppose à l’esprit commercial du capitalisme.

Comment ne pas voir cela?

Le fait qu’en France des gens se définissent comme révolutionnaires, mais n’ont pas fait du cambriolage du Louvre un thème essentiel de leur combat politique, témoigne de l’incompréhension fondamentale qui règne dans notre pays quant à l’importance de la culture et de l’Histoire.

Oui, il est juste de considérer que le cambriolage du Louvre relève de la lutte des classes. Chaque classe a sa vision du monde et quand elle est au pouvoir, elle gère les choses en fonction de cette vision du monde.

La bourgeoisie a une vision du monde qui est décadente. Elle bascule dans le relativisme et le nihilisme. Il n’y a donc pas de place pour le Louvre comme réalité.

Et on a pu voir comment tous les démagogues nationalistes (à l’extrême-droite mais également à gauche de la Gauche avec le PRCF) parlent d’une France qui n’existe pas réellement, car quand il y a quelque chose qui touche réellement la France, ils y sont indifférents.

C’est une simple vérité : la Gauche, la véritable Gauche, sur ses valeurs historiques, c’est parler du Louvre et non pas suivre la CGT. Pour parvenir à l’avenir, il faut sauver le passé, et assumer que le présent est toujours un pont entre le passé et l’avenir.

Le Socialisme, c’est l’intelligence et la culture, ce sont les nouvelles Lumières. le Louvre en fait partie.