L’emprise des narcos marque le retour du féodalisme dans un capitalisme décadent

9 novembre 2025

Les différents ministres de l’Intérieur de la bourgeoisie décadente peuvent dire ce qu’ils veulent sur les résultats de leur politique, comme le renforcement d’effectifs policiers ou les prisons « ultra-sécurisées », la réalité c’est que le narcotrafic a établi ses bases en France et il n’y a pas de retour en arrière possible.

Car si les choses se passent encore de manière « encadrée », ce n’est nullement du fait de la politique de l’État mais bien du fait de la force des réseaux.

Les réseaux ont établi des poches de droit parallèle à l’État bourgeois, en fait de droit faut-il plutôt parler de rites, de codes, de règles. Que les choses se passent de manière « encadrée » ne doit nullement rassurer, tout au contraire !

Cela signifie que les narcos ont gagné une bataille qui leur permet de s’établir dans des poches de la société sans craintes d’être déstabilisés, ni par l’économie réelle, ni par l’État, encore moins par une contestation révolutionnaire.

Le droit du seigneur, Vasiily Polenov, 1874

On est pas là justement face à un État mais face à des clans qui s’unissent pour former des cartels dans une logique féodale, voir esclavagiste avec l’arrachage forcé, tant de revenus que de territoires.

Ainsi, dans la quartier Escanaux à Bagnols-sur-Cèze, les narcos ont diffusé des tracts cet été pour excuser les habitants de la « gêne occasionnée » tout en proposant des services du quotidien en contrepartie. À Cavaillon, à l’été 2023, dans la cité du Docteur Aymé à Cavaillon, les dealers avaient installé des jeux d’enfants pour le 14 juillet… Tout comme dans certaines zones à Marseille, à Rennes, dans le quartier de Villejean, des commerçants ont reçu un tract leur proposant « protection » contre paiement.

Ce ne sont là que des exemples qui ont été mis en avant dans les médias mais cela suffit à montrer la situation. C’est une logique de servage : un seigneur possède un fief et, en échange de l’extorsion forcée de revenus, offre sécurité et entretien à ses serfs. Récemment, la police judiciaire publiait également une note pour alerter sur l’extension des magasins du type barber shop, kebab, bar à chicha ou autres réparateurs de téléphone…

Le féodalisme reprend racine non plus sur la base du travail agricole du paysan mais sur la base d’un capitalisme en décadence totale, lui mettant à disposition tous les moyens économiques, sociaux et culturels pour se redévelopper. C’est d’autant plus glauque que c’est à rebours du temps…

Car aux zones paupérisées délaissées offrant des espaces de vente, l’ « ordre » capitaliste décadent fourni toute une couche sociale lumpenprolétarisée, notamment recrutée dans les flux migratoires, couplée à une bourgeoisie qui a cru bon de transformer le rap en instrument de légitimation de sa domination.

En effet, on a dorénavant l’industrie du rap qui est devenue un véritable espace de recyclage financier du narco-business. C’est ce qui ressort du livre « l’Empire. enquête au cœur du rap français » publié ce 29 octobre 2025.

Avec des sommes d’argent colossales en jeu, les narcos ont bâti des réseaux de distribution, s’établissant entre les maisons de disques et l’artiste pour mieux empocher une rente et recycler l’argent du trafic.

Ainsi apprend t-on que la société Believe, soutenue par Emmanuel Macron et dont la Banque public d’investissement est actionnaire, qui commercialisait « Werenoi », le plus grand vendeur de l’industrie musicale française, aurait eu des liens avec le narcobanditisme. Et les auteurs de « l’Empire » de remarquer :

« Dans le plus grand secret, les majors ont été contraintes de glisser, peu à peu, dans une lente dérive. Quitte à signer avec des structures créées par des figures du crime organisé des accords confidentiels enfouis dans les strates opaques de groupes cotés en Bourse, dont les actionnaires s’appellent Bouygues, Bolloré ou l’Etat français. »

Rien d’étonnant au fond tant il y a complicité culturelle entre toutes ces figures pourries de l’ordre bourgeois en fin de vie. Des businessmans du rap aux narcos en passant par la grande bourgeoisie, tous partageant le même attrait pour les pays où la tradition féodale est bien établie, par avantage fiscal certes mais aussi par proximité avec des mœurs patriarcaux vantant l’honneur.

C’est la raison pour laquelle la grande bourgeoisie a tant contribué à diffuser le « rap » dans une forme dégénérée, comme un vecteur culturel pour légitimer sa domination sur les larges masses.

C’est le triomphe de l’idéal libertarien à tous les étages de la société qui, sous couvert d’être un capitalisme entrepreneurial, n’est en fait qu’un retour à l’agressivité féodale de type parasitaire. Voici un autre extrait du livre « l’Empire » qui en dit long sur cette décadence bourgeoise :

« Quitte à réinventer sa vie, pourquoi ne pas le faire dans le bling de Dubaï, confortablement installé à l’une des tables enfumées du Café de Paris ? Cet établissement sans charme ni alcool se situe dans le quartier prisé de Business Bay, mais à l’écart des avenues les plus luxueuses. (…) C’est l’un des lieux de rendez-vous de la frange la plus interlope de la communauté française Les derniers tubes de rap en fond sonore, des influenceurs se gobergent à une table voisine de celle d’escrocs des cryptomonnaies, qui saluent chaleureusement des agents immobiliers évoquant des transactions en cash et des producteurs de concerts de rap affalés dans des fauteuils, occupés à tirer sur leurs narguilés entourés de filles maquillées à l’excès. Pour le côté mondain, quelques stars défilent en toute simplicité. »

La bourgeoisie à contribué à générer des problèmes d’ampleur qu’elle ne peut plus gérer et résoudre. Dans une danse macabre et décadente avec le lumpenprolétariat, elle ne vise plus qu’à encadrer la situation en délaissant les poches perdues tant que cela lui offre de belles rentes financières et contribue à légitimer sa domination.

Le capitalisme devenu simple espace de rente laisse grand ouvert les voies au retour du féodalisme… On ne s’étonnera guère ensuite que dans un tel panorama l’affaire du vol au Louvre soit un fait anecdotique pour la bourgeoisie dirigeante, tant elle baigne dans sa propre pourriture déconnectée du réel.

Mais à terme, les choses ne peuvent rester figer comme cela et l’on sait comment cela se termine : un seigneur cherche à s’élargir toujours plus et fait face à d’autres seigneurs, menant à des guerres de territoires et au pourrissement des choses. Jusqu’à ce qu’il y ait officiellement des territoires en sécession sans légitimité étatique, comme l’illustre tristement le terme de mexicanisation.

Face à la féodalisation du capitalisme, il ne faut surtout pas s’aligner sur ses valeurs pourries et rétrogrades. Au contraire, il faut assumer l’avenir et aller de l’avant en balayant tout l’ordre pourri qui fait rejaillir un passé qu’on pensait dépassé.

La solution n’est ni dans le déni libéral, ni dans le « sauveur suprême », mais dans l’établissement d’un nouvel État, impitoyable avec la décadence, tout la décadence qu’elle soit économique, morale, politique. Impitoyable car porté par les masses populaires en mouvement, portant la Civilisation contre la Barbarie !