Il est coutumier de la part de la Gauche « révolutionnaire » petite-bourgeoise de considérer que tout ce qui bouge est rouge. Il peut à peu près se passer n’importe quoi, n’importe comment et les faits sont déformés afin de prétendre que ce serait une actualité brûlante, qu’il faut se précipiter également dans son propre pays… tout cela étant bien entendu le masque d’un ignoble racolage populiste.
C’est surtout dans les universités qu’on rencontre de telles vaines agitations, et naturellement dans de multiples variantes. Révolution permanente y est l’une des principales forces agissant en ce sens, mais évidemment pas du tout la seule, car ces gens se nourrissent les uns les autres, feignant d’avoir de grandes différences alors qu’en fait on est dans la même approche.

Tous visent, en fait, ce qu’on appelle la « Gen-Z », c’est-à-dire les jeunes nés entre 1998 et 2012. Ils n’ont connu que la société de consommation, ils n’ont aucune connaissance historique et rejettent même la notion d’Histoire, ils sont individualistes.
Néanmoins, ils s’efforcent d’être connectés, sont ouverts d’esprits et sympathiques. D’où la tentative de les manipuler en jouant sur les émotions, les symboles, les contenus. C’est le sens de l’intense thématisation unilatérale des massacres génocidaires à Gaza, où à chaque fois le Hamas est présenté comme le porteur d’une grande résistance de dimension internationale.
Il n’y a jamais la tentative d’élever les consciences historiques, sociales, culturelles et politiques ; on chercherait en vain des documents, des analyses, la mise en avant des Palestiniens réels. On est dans le story-telling et la tentative de recrutement.
Et ce qui est vrai ici en France l’est ailleurs, comme en témoignent de multiples révoltes dans toute une série de pays, où la Gen-Z a récemment joué un rôle majeur : le Népal, le Maroc, l’Indonésie, le Pérou.
Dans ces pays, et la liste peut être agrandie, la Gen-Z est manipulée par telle ou telle force, même si elle se lance en toute indépendance initialement. Pourquoi ? Parce qu’on a comme drapeau un symbole repris du manga One Piece, on ne saurait aboutir à quoi que ce soit.

Quand on prend comme symbole un drapeau pirate d’une bande dessinée, où des personnages fictifs combattent un « gouvernement mondial », on est le produit du capitalisme. C’est aussi simple que ça. L’Histoire a un sens et le présent a un passé : la tentative de le nier aboutit à vivre dans un éternel présent qui, même si on s’imagine pouvoir l’aménager, est celui du capitalisme.
Le problème est bien de fond. Il est donc absurde de s’imaginer, comme le fait Révolution permanente, qu’il suffirait que ces jeunes coupés de toute conscience historique et révolutionnaire… aillent aux ouvriers, comme il est dit dans l’article « Népal, Madagascar, Italie… : la Gen-Z comme alternative face aux plans des impérialistes ? ».
« Il existe bel et bien une GenZ, en Europe et à l’échelle internationale, qui a été un acteur central des mobilisations ces derniers mois. Mais malgré la large colère qui s’est exprimée et qui existe dans la jeunesse, les mobilisations ont rencontré de nombreux défis. Pour pouvoir gagner face à Trump, Milei et l’extrême droite à l’international, elle doit chercher à les résoudre, en s’armant d’une boussole stratégique claire.
D’abord, elle doit aller jusqu’au bout d’une alliance avec le monde ouvrier, pour lui révéler son potentiel explosif et bénéficier de sa force (…).
Alors que la jeunesse européenne a mis au cœur de ses revendications la question de la complicité des états européens dans le génocide en Palestine, et que la jeunesse malgache et népalaise s’est mobilisée contre la corruption des élites et des ravages de l’impérialisme, la jeunesse doit chercher à aller au bout de ces revendications et se battre pour une rupture décisive avec l’impérialisme. Elle doit chercher à jouer ce rôle, notamment car elle ne porte pas sur ses épaules les défaites des mobilisations passées, et qu’elle a l’énergie de se battre de toutes ses forces pour un monde meilleur (…).
C’est ce potentiel de la jeunesse, que nous avons pu observer une fois de plus ces derniers mois, que nous, militants jeunes du Poing Levé, de Révolution Permanente et de la Fraction Trotskyste, cherchons à développer dans chacun des pays où nous sommes présents. Nous voulons construire une jeunesse anti-impérialiste, internationaliste et socialiste, qui s’unisse à la classe ouvrière pour affronter Trump, l’internationale réactionnaire et les gouvernements occidentaux complices. »
C’est là une démarche cosmopolite qui vise l’agitation pour l’agitation, au moyen des mêmes leviers partout. C’est la négation de la spécificité historique de chaque pays, c’est le refus également de l’affirmation de la conscience comme aspect central.
Il faut éduquer, développer les consciences, les amener à la compréhension de la vision révolutionnaire du monde. Il ne s’agit pas de mener des agitations sous le moindre prétexte, afin d’espérer que tout se rejoigne comme par miracle.
On peut même dire que cette idéologie de la contestation de la Gen-Z, typiquement jeune et universitaire (Le poing levé, FSE, etc.), n’est que l’expression de la petite-bourgeoisie prise de rage qui essaie de jouer un rôle en se prétendant ultra-radicale afin de parvenir à un soutien dans les masses populaires.
L’Histoire est l’Histoire de la lutte des classes, pas de la « révolte ». La jeunesse ne doit pas « rejoindre » les ouvriers, elle doit s’aligner sur le prolétariat. Elle doit servir le peuple et non pas se servir du peuple. Et le critère, c’est l’élévation du niveau de conscience, le rapport au drapeau rouge, à l’Histoire des masses populaires et du Socialisme.
