La dramatique faiblesse des manifestations anti-narcos du 22 novembre 2025

23 novembre 2025

Un désastre, une honte historique, une catastrophe qui va se payer extrêmement cher. Pétris dans leur confort petit-bourgeois dans un pays parmi les plus riches du monde et jouant un rôle majeur dans l’économie mondiale, les Français ont choisi sciemment de ne pas même dire non aux narcos.

Seulement 6 200 personnes se sont rassemblés à Marseille en mémoire de Mehdi Kessaci, assassiné dans cette ville en raison d’un crime d’intimidation car son frère Amine Kessaci est un activiste anti-narcos.

On parle ici de la deuxième ville de France en termes de population, avec pratiquement 900 000 habitants. En prenant l’agglomération, on est à 1,6 million d’habitants. Le maire divers gauche de Marseille, Benoît Payan, a appelé à la manifestation.

Et on sait que la pauvreté sévit à Marseille, une ville par ailleurs populaire. C’est une ville capable d’émotion et d’engouement, et qui le revendique.

Mais rien n’y fait : même quand la France est populaire, elle est passive, incohérente, incapable d’assumer quoi que ce soit. Même quand il y a la force de la masse et toute la conscience de ce que sont les narcos, il ne se passe rien, les gens acceptent.

Et par les exemples de la vie courante, on sait ce qui se passe : ce qu’on repousse devient bien plus difficile à faire et on ne le fait certainement pas ni comme on aurait dû, ni comme on aurait voulu.

Aucun effort n’a été fait du côté du peuple, aucun. La Gauche en général a été silencieuse également de son côté, ne considérant les faits que sous l’angle du fait divers, pour aboutir naturellement à dénoncer la misère, sans jamais critiquer la décadence et les comportements criminels propres à un capitalisme français en décomposition.

Les espoirs étaient pourtant permis. La Cause est facile à comprendre, les médias ont largement diffusé l’information quant au rassemblement.

Amine Kessaci a acquis une formidable sympathie, avec un discours très développé et attirant en plus une grande sympathie de par sa jeunesse (il a 22 ans). Il avait écrit une tribune dans Le Monde, il était passé le 19 novembre 2025 sur France Télévisions, au 20 heures.

Il expliquait espérer une vaste mobilisation :

« Levez-vous, battons-nous, il faut aujourd’hui que plus de 100 000 personnes se mobilisent. »

Il avait tout à fait conscience des enjeux :

« Il va falloir qu’on soit des milliers à se lever, parce que si on veut garantir ma protection, ou celle de celles et ceux qui se lèvent, il va falloir qu’on soit des milliers à porter cette voix, parce qu’on ne pourra pas tuer tout un peuple et toute une nation. »

Quel est le résultat de la non-mobilisation ? Tout simplement que la vie d’Amine Kessaci est d’autant plus menacée. L’échec de la mobilisation est une immense victoire pour les narcos.

Même le gouvernement n’a pas réussi à faire semblant et à le protéger, au moins symboliquement. On apprend ainsi cette information incroyable de la part de TF1 :

« La porte-parole du gouvernement Maud Brégeon, comme d’autres représentants politiques, n’a elle pas pu se rendre sur place, après l’annulation de son vol depuis Paris en raison des conditions météo. »

Il va de soi que cela ne tient pas debout : si vraiment la porte-parole avait voulu se rendre à Marseille, elle aurait pu. C’est toutefois à l’image de la France, où tout le monde est velléitaire, désorienté, replié sur soi, dans la passivité consommatrice.

Sauf que là, c’est l’existence même de Amine Kessaci qui est en jeu, et tout ce qui va avec : la capacité à résister aux narcos.

Cela se lit très bien avec la manifestation équivalente qui s’est tenue, le même jour,  à Échirolles, près de Grenoble. Cette petite ville (37 000 habitants) sait très bien ce qu’est le narcotrafic.

Il y a des règlements de compte, en janvier 2025 une adolescente avait été blessée par une balle perdue alors qu’elle promenait son chien, en juin 2025 c’est une école primaire et une crèche d’Échirolles qui ont été visées par des coups de feu… Et à la fin de l’année 2024, c’est la cantine scolaire de l’école maternelle qui avait fermé pendant près d’un mois et demi à cause du trafic de drogue.

Seulement 80 personnes étaient présentes. Surtout des personnes âgées et aucun jeune.

Ce que cela révèle, c’est un échec historique. Les masses sont incapables d’un effort collectif. En pratique, cela veut dire que les groupes armés mafieux ne se voient confrontés aucune opposition morale, philosophique, ou même d’ailleurs religieuse.

Comme économiquement ces groupes brassent des milliards d’euros – oui, des milliards – le ruissellement précipite la corruption. Concrètement, les narcos pouvaient se dire, le soir du 22 novembre 2025 : la voie est libre pour passer au cran supérieur, à la constitution d’un cartel en tant que tel.

Voilà comment la révolution socialiste à venir va se retrouver à être encore plus violente qu’elle ne devait déjà l’être à la base. Il y aura l’affrontement avec l’État, il y aura l’affrontement avec ses concurrents mafieux organisés en États parallèles.