Dans un récent communiqué, ATMO France qui regroupe l’ensemble des associations agréés pour surveiller la qualité de l’air a annoncé que ses mesures de pesticides dans l’air depuis 15 ans sont rendues publiques et accessibles.
Le document, très technique, mais évidemment très utile pour les personnes devant travailler sur la question est disponible sur ce lien : atmo-france pesticides
On y retrouve des mesures réalisées entre 2002 et 2017 par ces associations (par exemple Airparif, ATMO Grand Est ou encore AIR Breizh), sur quelques communes. Plusieurs substances actives sont recherchées (et leur teneur répertoriée) chaque année pour chaque commune. Cela représente 451 000 lignes de base de donnée.
Dans son communiqué de presse, ATMO France explique :
« La France figure parmi les pays les plus consommateurs en pesticides. L’eau et l’alimentation font l’objet d’une surveillance sur ces composés mais à l’inverse, bien que les pesticides soient reconnus comme substances d’intérêt national par le Ministère de la Transition écologique et solidaire, il n’existe pas de valeur réglementaire dans l’air.
Pourtant lors de leur utilisation, les substances actives peuvent être transférées dans l’atmosphère par le vent, l’érosion éolienne et la volatilisation. »
Pour aller dans le sens d’une meilleure connaissance du sujet, ATMO France et l’ensemble des associations agrées sur le territoire, demandent maintenant au autorité de financer et d’organiser le suivis de ces recherches importantes. Il est d’ailleurs rappelé qu’un premier rapport parlementaire (du Sénat) avait réclamé cela en 2012, ainsi qu’un second (de l’Assemblée nationale) plus récemment en avril 2018.
La question des pesticide prend une place de plus en plus importante dans l’actualité, tant leurs effets, que ce soit sur les abeilles, les oiseaux, la flore, mais aussi les humains, sont de plus en plus connus ou en tous cas mis en cause.
Voici pour finir les préconisations d’ATMO France dans son communiqué :
– Multiplication des sites de mesures pérennes afin de produire une information locale, fiable et représentative;
– Incorporation de la mesure des pesticides dans l’air ambiant comme indicateur de suivi dans les dispositifs actuels de réduction de l’usage des pesticides ;
– Mise en place d’une plateforme nationale d’enregistrement des produits phytopharmaceutiques pour centraliser aussi bien les achats de pesticides que leur utilisation recommandée par le rapport parlementaire de la mission d’information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate de novembre 2019;
– Prise en compte du suivi des pesticides dans l’air dans les politiques de santé environnementale telle Plan National Santé-Environnement (PNSE) 4 prochainement en consultation
– Intégration des pesticides dans la surveillance réglementaire de la qualité de l’air conformément aux attentes sociétales.
Les associations de surveillance de la qualité de l’air, qui sont des organismes agréés et directement utilisés par l’État, portent ici des revendications démocratiques d’une grande importance. La bataille pour l’écologie, pour la planète, passe en effet en grande partie par la transparence de l’information, alors que les intérêts du business ont au contraire tout intérêt à l’opacité.
Le sujet des pesticides est un exemple particulièrement important de cette opacité, en l’occurrence ici de la part de l’agro-industrie, qui a pendant des années déversé des tonnes et des tonnes de produits phytosanitaires dans les sols et, donc, dans l’air, sans aucun compte à rendre à personne.