La CFDT considère qu’elle a obtenu du gouvernement le « retrait de l’âge pivot » et que cela constitue une victoire, conduisant à cesser le mouvement et à se mettre autour de la table pour organiser avec le gouvernement la réforme de la retraite.
On est ici loin de l’esprit de la CFDT qui dans les dix années ayant suivies le mouvement de mai et juin 1968 s’est posée comme une véritable organisation « démocratique » et « représentative » des travailleurs. Ils s’agissait à l’époque d’arriver en quelque sorte au socialisme depuis l’intérieur du capitalisme, via l’autogestion.
C’était alors alors perçu comme un radicalisme dans un contexte où l’extrême-Gauche était forte. La CFDT apparaissant comme une sorte de gauche de la très rigide CGT, organiquement liée au lui-même très rigide PCF, totalement débordé par « mai 68 ». La CFDT revendiquait alors la retraite à 60 ans. Une campagne d’action commune avait par exemple été lancée en ce sens avec la CGT le 1er avril 1971, la revendication n’aboutissant qu’une dizaine d’année plus tard avec l’élection de François Mitterrand.
La CFDT « autogestionnaire » des années 1970 a ensuite opéré un tournant en devenant de plus en plus « réaliste » dans ses revendications. Pour le dire autrement, puisque la norme était l’intégration des travailleurs au capitalisme, via les institutions, il s’agissait d’être les « meilleurs » sur ce plan là. Il s’est agit d’obtenir des choses « concrètes », en jouant la carte de la non-opposition systématique.
Cela a conduit l’organisation à adopter le plan Juppé (qui concernait en partie les retraites) en 1995 puis à signer la réforme des retraites de 2003. En 2020, cela amène la CFDT à se mettre à la table du gouvernement, après en être parti temporairement, en affirmant avoir obtenu quelque-chose d’important.
Voici le communiqué de la CFDT publié hier samedi 11 janvier 2020 suite à une décision du gouvernement :
« La CFDT a obtenu le retrait de l’âge pivot et poursuit son action pour un système de retraite plus juste
La CFDT a pris connaissance du courrier envoyé aujourd’hui par le Premier ministre. Elle salue le retrait de l’âge pivot du projet de loi, retrait qui marque la volonté de compromis du gouvernement.
Dans cet esprit, la CFDT va poursuivre les discussions dans le cadre proposé pour répondre aux interrogations qui demeurent sur le futur régime universel.La CFDT s’engage pour porter ses revendications : meilleure prise en compte de la pénibilité, de la situation des femmes, sécurisation des transitions, notamment dans la fonction publique, amélioration du minimum contributif, développement de la retraite progressive et amélioration des fins de carrière.
La CFDT s’inscrira également dans la conférence de financement dont elle a proposé le principe. Elle le fera avec l’esprit de responsabilité qui a toujours été le sien et avec l’exigence de justice sociale et de solidarité qui a toujours guidé son action. Elle le fera sans exclure aucun sujet, mais avec le souci de défendre les intérêts des travailleurs et des retraités. »