Récemment, le maire de Pont-l’Abbé Stéphane Le Doaré (de droite) a courageusement fait voter le changement de nom de la rue « Youenn-Drezen », du nom d’une figure de l’extrême-Droite bretonne. C’est une victoire démocratique importante, mais qui n’est malheureusement pas portée par la Gauche en Bretagne, tant elle est liée à l’identitarisme breton.
La Bretagne est considérée comme une terre de gauche, hermétique à l’extrême-Droite. C’est en grande partie vrai, avec en fait surtout une tradition catholique-de-gauche bienveillante, plutôt que véritablement socialiste.
Il y a cependant une grande épine dans pied de la Gauche en Bretagne, quasiment toutes tendances confondues : c’est le mouvement identitaire breton. Un peu par faiblesse culturelle, un peu par opportunisme politique, beaucoup par fainéantise idéologique, la Gauche en Bretagne n’a jamais critiqué l’identitarisme breton. Pire, elle l’a souvent directement accompagné, quand elle ne l’a pas accueilli dans ses rangs, notamment sous l’égide de Jean-Yves Le Drian.
Sous prétexte de défendre la culture bretonne et l’héritage historique breton, elle a accepté que soit réhabilité l’identitarisme breton des années 1930 et 1940, d’idéologie nationale-socialiste, dont l’immonde drapeau « gwenn ha du » est un symbole.
Ce fut le cas à Pont-l’Abbé où, en 1999, un maire étiqueté socialiste célébrait malgré les protestations le centenaire du fasciste Youenn Drezen, qui avait sa rue dans la commune depuis 20 ans déjà. Plus récemment, le leader de l’opposition de gauche à Pont-L’Abbé, Yves Canévet, s’est publiquement opposé au changement de nom de la rue « Youenn-Drezen » et a voté contre au conseil municipal.
On retrouve des rues du même nom dans de nombreuses communes, dont Rennes, avec pourtant une maire de gauche, candidate à sa succession sur une liste soutenue par le PS, le PCF, Génération-s, le PRG et Place publique.
Dans la presse, il y a Christian Hamon (qui se fait appeler « Kristian », de manière typiquement identitaire) qui s’est chargé de défendre l’auteur antisémite (sans nier son antisémitisme d’ailleurs), en proposant :
« Plutôt que d’effacer toute trace de sa mémoire dans sa ville natale, ne serait-il pas souhaitable de nommer un lieu « Itron Varia Garmez », roman emblématique de Pont l’Abbé (écrit par Youenn Drezen, ndlr) ? »
Problème, Christian Hamon n’est pas censé faire partie de la horde de nazis assumés ayant critiqué (et menacé) le maire de Pont l’Abbé. Il est au contraire quelqu’un se présentant comme ayant « toujours combattu le racisme et l’antisémitisme (y compris son cache-sexe d’extrême-gauche: l’antisionisme) ».
Il est de surcroît proche de l’UDB, un parti identitaire breton allié électoralement à la Gauche un peu partout en Bretagne.
L’affaire apparemment anecdotique de la rue « Youenn-Drezen » à Pont-l’Abbé en dit donc très long sur ce mal qui ronge la Gauche en Bretagne depuis des dizaines d’années.
Cette hégémonie de l’identitarisme breton est d’autant plus inacceptable que la question est très bien documentée, et ce depuis longtemps. Personne à Gauche ne peut dire qu’il ne savait pas.
Il faut souligner ici avec une grande vigueur le travail démocratique minutieux de Françoise Morvan, qui depuis plus de vingt ans n’a de cesse de montrer et démontrer l’imposture identitaire bretonne et ses liens historiques et idéologiques avec le nazisme.
Elle avait notamment contribué dans les années 1990 à démontrer l’antisémitisme de Youenn Drezen en traduisant des articles de lui issus de journaux à l’idéologie national-socialiste.
Françoise Morvan a écrit plusieurs articles sur son blog à propos de cette petite affaire de la rue la rue « Youenn-Drezen » à Pont-l’Abbé, tant elle sait à quel point tout cela est significatif. Elle a également été interrogée par le Télégramme avant-hier, où elle rappelle de manière très pertinente que :
« les militants nationalistes veulent imposer leur version des faits, y compris en les falsifiant. C’est bien ce que montre l’actuelle campagne de presse qu’ils organisent avec le fils de Drezen niant l’antisémitisme de son père. »
Il y a là un combat démocratique de grande importance à mener, un combat dont la Gauche en Bretagne devrait se saisir plutôt que de céder aux identitaires en défendant l’indéfendable. Ce serait d’ailleurs le meilleur service qu’elle pourrait rendre à la culture populaire bretonne, massacrée par les identitaires bretons.