La chasse à courre est suspectée dans l’affaire Élisa Pilarski, mais on ne touche pas à ce monument sacré du dispositif réactionnaire français. Le journal de la Droite réactionnaire Valeurs Actuelles est donc en service commandé pour la défendre coûte que coûte… quitte à raconter n’importe quoi.
Quoi qu’il se soit passé dans la forêt de Retz en novembre dernier, il y a un flou immense entourant cette affaire, un flou pour le moins suspect. Il y a eu cette histoire rocambolesque des tests ADN qui n’avaient jamais été commandés, malgré ce qui avait été dit, il y a eu le responsable de la Gendarmerie de l’Aisne, présent avec sa famille derrière la chasse à courre ce jour-là, qui a été mis au placard suite à l’affaire. Et finalement, on ne sait pas grand-chose dans cette histoire, alors que beaucoup d’informations fausses sont diffusées dans tous les sens, pour brouiller les pistes.
Valeurs Actuelles participe ici directement à cette opération d’enfumage en écrivant un article à charge contre Élisa Pilarski, sa famille et son chien. Le but de l’opération est simple : diffuser une « vérité » qui mette hors de cause la chasse à courre.
On se dit en lisant l’article que le journal sait beaucoup de choses, comme s’il avait accès au dossier et révélait des informations par encore connues. Il y a cependant certaines choses qui sont connues et avérées, et c’est là qu’on se rend compte qu’il raconte n’importe quoi.
Il est parlé d’un « Bellinois » pour un chien croisé plus tôt par Élisa Pilarski, alors que cela n’existe pas comme chien. C’était un malinois. Il est utilisé l’argument, mainte fois répété, que les chiens de chasse à courre sont des chiens d’arrêt, qui ne sont pas entraînés à dévorer leur proie d’eux-mêmes. Ce n’était pas le cas des chiens présents en forêt ce jour-là, qui étaient des chiens de chasse au chevreuil, donc des chiens d’attaque, entraînés à déchiqueter leur proie.
En ce qui concerne Curtis, le chien d’Élisa Pilarski, Valeurs Actuelles prétend savoir des choses que personne ne sait en disant qu’ « aucune trace de morsure ou de blessure n’a été identifiée » sur lui. Le problème, et c’est un véritable problème démocratique, c’est que le procureur ne communique pas sur cette question essentielle depuis le début de l’affaire, et donc personne ne sait rien.
Au passage, Valeurs Actuelle participe, sans aucune preuve, à la petite campagne de diffamation consistant à dire, « selon un proche de l’enquête », qu’« Élisa aurait été victime de morsures de son chien à l’été 2019 ». Cela n’est aucunement avéré et d’ailleurs la famille a même dû ressortir des documents de l’hôpital pour prouver qu’elle avait été mordue par un chat errant qu’elle nourrissait.
Il est également parlé du détournement de l’argent d’une caisse de soutien… alors que tout le monde sait que ce n’est pas la famille qui est en cause et que l’argent a été rendu. On a le droit également à une analyse fumeuse sur la durée de l’appel au secours d’Élisa Pilarski à son compagnon, ou alors l’itinéraire de ce dernier pour se rendre en forêt, tout cela pour faire croire que la chasse à courre a été désignée comme coupable afin de cacher quelque-chose.
Quant au déroulé des faits, Valeurs Actuelles invente totalement, en affirmant une chronologie qui l’arrange (« il faudra attendre encore une demi-heure avant que les chiens passent dans la zone »), sans que cela ne soit étayé nulle part.
Cela est d’autant plus problématique qu’il y a une ambiguïté entre le début effectif de la chasse, qui pourrait ne pas correspondre avec l’heure de l’attaque d’Élisa Pilarski, et l’heure de la présence réelle des chiens en forêt, après la messe s’étant déroulé le matin.
De toutes façons, si le médecin légiste parle d’un décès « aux environs de 13h30 », comme le rappel Valeurs Actuelles, ce médecin a également précisé qu’il y a une période d’incertitude de 2h par rapport à l’heure annoncée. Cela, bien sûr, Valeurs Actuelles ne le précise pas, puisque cela ne va pas dans le sens de la « vérité » qui est déroulée pour défendre la chasse à courre.
La même méthode est employée à propos des morsures, où là encore les citations sont tronquées. Nulle mention de cette précision du procureur de la République de Soisson parlant des morsures : « probablement de plusieurs chiens au regard de la répartition des plaies ».
Quant aux chiens de la chasse à courre, on devrait se contenter de croire, malgré la scandaleuse absence de test ADN, malgré aucune version officielle, qu’il n’y avait sur ces chiens « aucune trace de morsure ou de blessure »… simplement parce que le vétérinaire des veneurs le dit.
Mais comme cela vient de la chasse à courre, Valeurs Actuelles prétend que c’est vrai, puisque son but est uniquement de défendre la chasse à courre. Cette accumulation d’approximations, de mensonges et d’inventions va même très loin puisqu’il est insinué en arrière plan que Curtis aurait dévoré sa maîtresse… par jalousie pour l’enfant qu’elle portait.
Ce sous-entendu, telle une affirmation sans aucune preuve évidemment, est inacceptable et en dit très long sur l’état d’esprit des gens défendant la chasse à courre. On a là une mentalité arriérée, de la part de gens défendant la barbarie dans les forêts, au nom d’un prétendu patrimoine culturel.