L’agression de féministes anti-prostitution lors de la marche du 8 mars 2020 à Paris reflète une tendance de fond consistant en le refus de la politique, en l’anti-socialisme et l’anti-communisme. Libéraux libertaires, nationalistes conservateurs, anarchistes, gilets jaunes, traditionalistes pro-religion, populistes, syndicalistes révolutionnaires… démantèlent les valeurs du mouvement ouvrier et la France bascule ainsi dans le Fascisme, en le sachant d’ailleurs très bien.
Il existe un sondage Kantar-OnePoint pour Le Monde et France info réalisé depuis dix ans ; les derniers résultats montrent que 57 % des gens de gauche considèrent que le Rassemblement National, l’ex-Front National, peut parvenir à accéder au pouvoir. C’est 15 points de plus que l’année dernière.
Dans le même ordre d’idée, seulement 51 % des gens considèrent désormais que le Rassemblement National est une menace pour la démocratie. Il n’y a pourtant aucune progression réel de la base du Rassemblement National, alors pourquoi ces chiffres ?
Ce n’est pas tant que les gens craignent réellement de voir le Rassemblement National triompher. C’est qu’ils commencent à le souhaiter. Beaucoup de gens issus de la Gauche ont capitulé sur le plan des valeurs, sans s’en apercevoir. Ils considèrent qu’Emmanuel Macron c’est déjà le fascisme et que donc, on ne risque rien avec l’extrême-Droite. Ils prévoient déjà de ne pas faire barrage au second tour s’il faut pour cela soutenir Emmanuel Macron.
Il y a l’idée, suicidaire, que l’extrême-Droite remettrait les choses sur pied en révélant les choses telles qu’elles seraient déjà. Il y a même, à l’arrière-plan, des tendances nationales-sociales qui s’expriment, sans le montrer encore trop nettement, et cela même sans que les gens tombant dans le Fascisme le remarquent eux-mêmes.
On est là dans le nihilisme et c’est de cela que relève l’agression de féministes anti-prostitution le 8 mars 2020. Car l’ultra-gauche, les courants post-modernes… réalisent un travail de démantèlement de toutes les valeurs de la Gauche historique, en ne cachant même pas d’être totalement contre la démocratie comme principe. Des gilets jaunes aux anarchistes, il y a le même dénominateur anti-démocratique, violemment anti-Gauche historique.
Car c’est la Gauche historique qui a toujours porté la démocratie, la Droite cherchant inversement à instaurer un régime autoritaire au service du capitalisme, avec quelques compromis. C’est le sens du régime mis en place en 1958 à la suite du coup d’État militaire, avec un président faisant office de monarque élu pour quelques années.
La Gauche historique, c’est le combat pour l’organisation populaire de manière la plus développée possible, et cela qu’on soit socialiste pour une participation gouvernementale ou communiste pour l’instauration d’un socialisme comme Staline et Mao. La perspective est la même, au-delà des multiples lectures différentes de ce qui doit être fait.
On est là dans la raison, dans l’organisation raisonnée de la société. On est dans les partis, les programmes, la politique.
Tel n’est pas le cas chez les libéraux libertaires, les nationalistes conservateurs, les anarchistes, les gilets jaunes, les traditionalistes pro-religion, les populistes, les syndicalistes révolutionnaires… qui prônent tous un mouvement « élémentaire », spontané, de type romantique et irrationnel.
Leur convergence provoque la désintégration de la culture démocratique française. Celle-ci était déjà bien mal en point, les Français restant passifs, tout en voulant tout de même la démocratie, mais s’en passant aisément si le capitalisme permet suffisamment de consommation et d’aliénation.
On touche maintenant de plus en plus un fond qui n’en finit pas. Le Fascisme apparaît comme option de plus en plus claire. Le vrai fascisme, pas celui qu’on imagine de manière abstraite. Le Fascisme est en effet une dépolitisation complète de la société, un corporatisme généralisé avec une individualisation extrême.
La Gauche est anéantie pour asphyxier la démocratie et le tour est joué. Le militarisme complet, les conquêtes impérialistes… sont des options, inévitables, mais pas du tout dans premier temps. Le principal est d’asphyxier d’abord.
Le Fascisme se conjugue donc très bien avec la PMA pour toutes ou la légalisation du cannabis. Ce qui compte, c’est qu’il n’y ait pas de politique, pas de raisonnement en termes de collectivisme. Cela, on ne l’a toujours pas compris en France : on s’imagine que dans le Fascisme tout le monde marche au pas de l’oie. C’est un aspect existant mais tout à fait réducteur de la question.
Car cette militarisation de la société s’appuie sur le détournement des mobilisations populaires. Personne ne veut cela aujourd’hui, mais demain ? Car un mouvement comme les gilets jaunes porte totalement en lui les germes d’une mobilisation militariste dans une société fasciste. Les Français sont mécontents aujourd’hui et ne veulent pas la militarisation. Mais si leur colère reste primitive, ils seront mécontents et voudront la militarisation.
Le véritable fond du fascisme, c’est la suppression de la raison, de la politique, du collectivisme comme vision du monde. Le militarisme suit dans la foulée comme encadrement des mobilisations populaires, pour aller à la guerre dont le capitalisme a besoin. Ce n’est pas le Fascisme qui veut la militarisation – il le veut car les masses bernées la veulent.
Ainsi, la France est en train de connaître une désintégration de sa culture démocratique. La démocratie se fait asphyxiée. Le Fascisme se profile comme conséquence de cette asphyxie. Seule la Gauche historique rétablie peut s’y opposer, s’y confronter.