Le maintien du premier tour des municipales par le gouvernement contraste totalement avec le confinement toujours plus nécessaire. Les résultats apparaissent ainsi comme en décalage avec la gravité de la situation.
Légalement, le second tour est censé se dérouler une semaine après le premier, mais l’incertitude prédomine dans l’ensemble de la société française, qui a regardé dubitative la tenue des élections. L’abstention a ainsi été de 56 %, contre 35,5 % en 2014.
Il va de soi que si le gouvernement a forcé les choses, c’est par souci de maintenir le légitimisme en situation de crise. Le régime se doit de montrer qu’il sait passer les crises. Car le plus dur reste à venir et de par le caractère volcanique de la situation sociale française, il faut maintenir la pression.
Comment les Français vont-ils en effet réagir quand le gouvernement ne donnera pas seulement des consignes, mais obligera par la police et l’armée, à l’instar des Tchèques et des Autrichiens, à appliquer le principe de quarantaine ? Sans parler de l’Italie, où il est formellement interdit de sortir de chez soi ne serait-ce que pour se promener seul.
Comment dire aux Français que tout rassemblement de plus de cinq personnes est interdit, alors que samedi les rues commerçantes étaient aussi pleines que les parcs le dimanche ?
Les Français ne supportent pas le changement, sauf quand il va dans le sens du non-changement. L’extrême-Droite conserve ainsi ses bastions à Béziers et Hénin-Beaumont dès le premier tour (respectivement 66 % et 78 % des suffrages), ainsi qu’à Fréjus, Beaucaire, Hayange, Villers-Cotterêts.
Et à Perpignan, seule ville de plus de 100 000 habitants gagnable pour l’extrême-Droite, Louis Alliot est arrivé en tête des scrutins avec 36,5 % des voix.
C’est le même conservatisme faisant qu’EELV engrange des succès, moins grand qu’espéré par cette structure de centre-gauche. EELV arrive en tête à Bordeaux, Lyon, Strasbourg ou encore Grenoble, pesant dans de nombreuses autre situations, remplaçant de facto la Gauche.
On constate un repli, une contraction des mentalités, et d’ailleurs la Droite se maintient tant bien que mal à de nombreux endroit en ayant misé sur les enjeux locaux, alors que LREM ne sort pas du tout gagnante, contrairement à ses espoirs.
La seule perdante, c’est finalement la Gauche. Quand il y a eu des listes d’union, les succès ont été là, mais pour le reste, elle a disparu comme proposition politique. En fait, elle perd à tous les niveaux, tant sur le plan local que sur le plan national, puisqu’elle est sans voix dans cette situation de crise.
Elle paie ici le prix de s’être mis pendant des mois à la remorque de la CGT, qui est totalement dans les cordes. Sur son site on ne trouve toujours rien quant à la situation actuelle très difficile pour les salariés, et même encore un appel irréaliste pour se mobiliser le 31 mars !
La France paie ici son décalage total, son libéralisme, son relativisme, son attitude de girouette. La France est à l’image de ce petit groupe d’ultra-gauche dénonçant ce lundi le relativisme ambiant et les attitudes individualistes, alors que deux jours auparavant il participait à un rassemblement pour le climat dans une grande ville, acte le plus relativiste et le plus individualiste qui soit.
La France est une gigantesque comédie et tant de vanité ne peut conduire qu’au désastre.