Alors que l’usine de Choisiy-le-Roi est la cible des restructurations, celle de Maubeuge arrête son mouvement de grève, car ses revendications sont satisfaites. La logique syndicaliste a encore frappé de par sa nuisance anti-ouvrière.
Une grève doit être menée par un Comité de grève, pas par une intersyndicale. Le syndicat est toujours le syndicat de quelque chose et l’ouvrier, l’ouvrier de quelque chose. Ce n’est pas comme cela que peut être affirmé l’unité ouvrière.
L’arrêt de la grève de Maubeuge est qui plus montée à l’avance par Renault. Les patrons fonctionnent comme les jeunes qui demandent à sortir tard : ils proposent une heure, les parents une autre, finalement la poire est coupée en deux. Renault a fait pareil en faisant semblant de reculer et d’abandonner le transfert de 2900 employés produisant des Kangoo électriques à l’usine de Douai.
Soyons sérieux cinq minutes : on ne transfère pas 2900 personnes et une production comme cela. Soit on le fait, soit on ne le fait pas. On voit ici un calcul machiavélique : la colère ouvrière est déportée vers un aspect particulièrement remarquable et en l’espace d’un week-end et de deux jours, tout est terminé ?
Et voilà comment les ouvriers de Maubeuge abandonnent ceux de Choisy-le-Roi, alors que l’État garanti un prêt de 5 milliards d’euros à Renault. Parce que ceux de Choisy sont encore en grève et ils ont même manifesté dans la ville le mercredi après-midi, alors que le matin on apprenait l’arrêt de la grève de Maubeuge !
Pour ajouter au caractère dramatique ou absurde de la situation, Philippe Martinez était avec eux. Il est pourtant à la tête de la CGT, pourquoi n’a-t-il pas poussé à l’unité des ouvriers de Renault ?
Ce qui se passe est non seulement catastrophique en particulier pour Choisy-le-Roi, mais c’est même un poignard dans le dos de la classe ouvrière alors qu’on va vers une crise terrible. Si Maubeuge ne sait pas continuer une grève, dans un groupe historiquement aussi lié à l’État que Renault, avec un soutien populaire local aussi grand, alors qui va y arriver ?
On aurait pu, on aurait dû voir un véritablement mouvement de révolte ouvrière, pour serrer les coudes face aux couches sociales dominantes qui vont évidemment chercher à faire payer la crise aux ouvriers. Mais l’intersyndicale CGT, CFDT, CFTC, CFE-CGC, Sud a préféré jouer la ligne du corporatisme, du syndicalisme local défendant des individus et non pas une classe sociale. L’appel permanent à Emmanuel Macron, c’est vraiment le degré zéro de la lutte des classes.
On risque d’avoir cet exemple d’échec complet en tête à la rentrée de septembre, lorsque la casse sociale va se lancer véritablement. Les ouvriers vont être en première ligne du combat, qu’ils le veuillent ou non, et soit ils assument ce combat, soit ils vont se faire littéralement broyer.
Il est vrai que des décennies de culte du mode de vie petit-bourgeois ont neutralisé le tissu ouvrier, amenant la petite propriété, le fameux pavillon ouvrier, à devenir un objectif en soi, et même l’objectif en soi d’une vie parfaitement réglée.
Sauf que tout a changé et que les ouvriers ne le voient pas, ils ne veulent pas le voir. Le degré de conscience, au niveau de l’unité ouvrière, est d’une faiblesse inouïe. Et pourtant il va falloir aller à la bataille !