Toute la galaxie identitaire-communautariste ne tombe pas du ciel ; elle est à la fois un produit et un prolongement du post-gauchisme.
Il reste à écrire comment les milieux du syndicat anarcho-syndicaliste CNT et de la Ligue Communiste Révolutionnaire trotskiste ont été dans les années 2000 puissamment travaillé au corps par l’idéologie identitaire-communautariste.
Cependant, il reste également à écrire comment le post-gauchisme des années 1970 a servi d’incubateur. La biographie Wikipedia de Guy Dardel est ici tout à fait exemplaire de tout un mouvement de décadence, où la volonté de faire la « révolution » s’efface devant l’agitation permanente à travers la quête du « sujet révolutionnaire » du moment, pour devenir enfin le culte d’une rébellion identitaire-communautariste.
« Présenté dans plusieurs rapports des Renseignements généraux comme le chef de la bande de Rueil-Malmaison. De 1970 à 1973 il est actif au sein de La Cause du peuple et du Secours Rouge Puteaux avant de participer à partir de 1976 à l’émergence du Mouvement autonome en France avec la création en 1977 du collectif « Offensive et autonomie » proche du groupe réunis autour de la revue Camarades de Yann Moulier Boutang. Il est alors politiquement et idéologiquement proche du courant dit de l’operaïsme italien et de son dirigeant Oreste Scalzone Début des années 1980, il Participe et organise le soutien en France de centaine de réfugiés Italien fuyant la répression.
À partir de 1985, Guy Dardel anime l’émission à destination des prisonniers Parloir libre sur Radio Montmartre, puis radio tomate et Lucrece. En 1986, il participe à la création de Prolétaires pour le communisme puis du Comité des mal-logés. l’année suivante il participe à la fondation du « Comité national contre la double peine » et du collectif « résistance des banlieues », avant de fonder Fréquence Paris Plurielle en 1992, puis le Mouvement de l’immigration et des banlieues (MIB) en 1995. Il est encore en 2020 administrateur de FPP 106.3FM. »
Le Comité des mal-logés a été un moment très important de la lutte du milieu des années 1980 (les « Maliens de Vincennes ») et c’est un tournant dans le post-gauchisme. La « galaxie » autonome devient ouvertement post-autonome et c’est de là qu’émerge des initiatives comme le MIB, cohérentes, authentiques, mais en réalité sur une pente historique menant à l’idéologie identitaire-communautariste par manque complet de perspective en raison du rejet complet du mouvement ouvrier.
Marginale, cette approche va connaître un saut qualitatif avec l’émergence post-moderne dans les universités et l’apparition d’une petite-bourgeoisie immigrée cherchant un levier pour faire pression dans la société. Il faut également mentionner l’appui idéologique d’États comme l’Algérie, c’est-à-dire de dictatures infâmes jouant sur la corde « anti-coloniale » pour se légitimer. C’est cela qui donne les Indigènes de la République, fer de lance de l’idéologie identitaire-communautariste.
Il y a eu un véritable détournement du post-gauchisme, mais un détournement largement accepté au nom de la quête de la figure rebelle du moment. Les choses auraient pu d’ailleurs tourner tout autrement, mais pour cela il aurait fallu assumer la Gauche historique, ce dont les post-gauchistes ne voulaient cependant plus entendre parler, l’assimilant au PCF et à la CGT.
Et voilà comment des gens voulant réactiver la « révolution » au sein du mouvement ouvrier se sont transformés en outils pour des groupes de pression petit-bourgeois.