La nouvelle n’a pas fait beaucoup de bruit, et pourtant elle aurait dû : le don du sang est maintenant possible pour les « hommes ayant eu des relations sexuelles avec des hommes » au cours des quatre derniers mois. Cette interdiction était présentée comme homophobe et discriminante, sans aucun fondement. Le libéralisme culturel continue son offensive et tout le monde soutient sous couvert de progrès, au détriment de la raison et de la santé publique.
A en croire nombre de personnes libérales, quelles se disent de gauche ou de droite, interdire à des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes est une discrimination. Il n’en est rien. Si le don du sang leur a longtemps été interdit, il est possible depuis quelques années : une année d’abstinence au début, quatre mois depuis le début de l’année 2020. Et cette interdiction ne se base aucunement sur des préjugés, mais sur des études et des faits : les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes sont une catégorie de la population extrêmement touchée par le VIH, et beaucoup de personnes malades découvrent leur séropositivité tardivement.
Le don du sang n’est pas un droit. Recevoir du sang dans les meilleurs conditions possible en est un. Toutes les précautions doivent être prises afin d’assurer la sécurité du receveur. Et s’il faut exclure une partie de population des centres de don, il faut le faire sans aucune hésitation.
Au lieu de raisonner en termes collectifs, nombre de personnes se sont focalisées sur des histoires individuelles. Ce qui est une première insulte envers les receveurs. Ensuite, pour se donner une image de grands défenseurs de nobles causes, tout ce monde a décidé de jouer sur les sentiments au grand détriment de la raison. Ce qui est une seconde insulte envers les donneurs : leurs vies valent moins que les faux sentiments de personnes insouciantes.
Enfin, il est intéressant de relever que les personnes qui saluent cet vote à l’assemblée n’ont probablement pas donné leur sang depuis longtemps. A tel point qu’ils ont oublié à quoi ressemblait le questionnaire de pré-don et à quoi il servait.
Avant un don de sang (ou de plaquettes, ou de plasma), chaque donneur potentiel doit remplir un questionnaire sur trois pages avant de passer un court entretien avec un médecin qui décidera si cette personne peut donner. Passée la très banale : « comment vous sentez-vous ? », les questions cherchent à savoir si la personne a un risque de donner du sang contaminé. Elles ne visent pas à ficher qui que ce soit, et encore moins à humilier.
Les entretiens se font dans des salles de consultation, de manière confidentielle. Et au-delà des risques pour le don, cet entretien et ce questionnaire peuvent être l’occasion au médecin de donner des conseils à la personne et de l’aiguiller vers différentes structures (para)médicales si besoin : dépistage VIH, par exemple.
Le questionnaire ne cherche pas à savoir si telle personnes est homosexuelle ou non. Il demande à la personne de répondre honnêtement pour qu’une personne de l’équipe médicale sache si cette personne risque de faire un don qui se révélera contaminé.
Et c’est pour cette raison qu’on demande en général au donneur s’il pense avoir besoin de faire un dépistage, notamment pour le VIH. Donner son sang pour savoir si on a le VIH risque de faire perdre du temps et de l’argent à la collectivité. C’est d’autant plus anti-social qu’il existe plein de centres qui proposent de se faire dépister gratuitement. Bien entendu, il y a toujours des personnes qui ne pensent pas du tout être contaminée par telle ou telle maladie en se présentant à un don du sang.
Donc l’EFS (Établissement français du sang) ne cherche pas à rentrer dans l’intimité des personnes, simplement à déterminer si un donneur risque trop élevé de faire perdre du temps au personnel sur place, au personnel dans les laboratoires qui effectuent les analyses, au personnel qui va transporter le sang, etc. Et surtout : faire prendre des risques au receveur.
Certains jours, comme le samedi, certains centres doivent donc refuser des personnes faute de lits disponibles. Si une personne est dans une catégorie à risque, cette personne a trop de chances d’occuper un lit pour rien. Il n’y a aucune discrimination là-dedans : la France a besoin de sang, mais toute la chaîne qui va du centre de don aux hôpitaux ne peut pas se permettre d’avoir trop de poches jetées car contaminées.
Donc pourquoi ces critères sur les « hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes » ? Tout simplement parce qu’il existe des études régulières qui montrent cette catégorie qui ne représentent qu’une toute petite partie de la population (les plus forceurs avanceront le chiffres de 1 ou 2 % de la population française,) est sur-représenté chez les séropositifs : ils représentent presque la moitié des découvertes de séropositivité chaque année. Et ne parlons pas du public des saunas gays et autres lieux de « convivialité homosexuelle » parisiens : 16 % de séropositifs.
D’ailleurs, les relations sexuelles entre hommes ne sont pas les seules contre-indications : si un homme a eu plusieurs partenaires au cours des quatre derniers mois, il ne pourra pas donner. Même chose pour une femme avec plusieurs partenaires masculins. Et de même pour les personnes qui ont eu une relation sexuelle en échange d’argent. Il existe plusieurs cas sur ce thème qui empêchent de donner. Va-t-on demain crier à la discrimination envers les personnes qui ont trop de partenaires ?
Et il est aussi très intéressant de relever que beaucoup parle de discrimination envers les homosexuels… alors que les règles concernant les partenaires sexuels ne s’appliquent qu’aux relations entre hommes et entre hommes et femmes. Les lesbiennes peuvent donner leur sang sans aucune contrainte sur leurs partenaire et leur nombre au cours de quatre derniers mois. Doit-on en conclure que pour tous ces libéraux les lesbiennes ne seraient donc pas vraiment… homosexuelles ?
La réalité n’est pas plaisante mais au lieu de l’accepter et de se demander pourquoi l’EFS n’accepte pas le don de certaines personnes, tout ce que la France compte de libéral a décidé de s’engager contre une discrimination qui n’existe pas. Au détriment de la raison de la santé publique. Une telle position est ainsi anti-socialiste au possible : elle célèbre les individus et leurs choix, face au collectif.