Au 18 août 2020, il manque 56 signatures de parlementaires pour lancer réellement le projet de référendum pour les animaux. Parmi ces signatures manquantes, il y a celles des parlementaires socialistes, qui s’alignent ici sur la Droite farouchement opposée à tout débat démocratique et populaire au sujet des animaux.
Le projet de référendum concernant six mesures en faveurs des animaux connaît une réelle dynamique, étant porté à la base par les associations de protection animale. Il a déjà obtenu le soutien de 500 000 personnes, ce qui est considérable puisque il n’y a eu pour l’instant aucune réelle campagne à destination du grand public.
Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, qui est député, a apporté sa signature à ce projet de Référendum d’initiative partagé en faveur des animaux. C’est une bonne chose, il a pris ses responsabilités. Mais il n’est pas suivi par son parti.
À l’Assemblée nationale, le groupe Socialistes et apparentés compte 28 membres, mais seulement 4 d’entre eux signent pour la possibilité d’un référendum : Olivier Faure donc, ainsi qu’Alain David, Régis Juanico et Marietta Karamanli. Merci à eux !
En ce qui concerne le Sénat, c’est pire. Le groupe Socialiste et républicain compte 71 membres, dont seuls 5 signent pour la possibilité d’un référendum : Corinne Féret, Bernard Jomier, Angèle Préville, Laurence Rossignol et André Vallini. Merci à eux !
Si l’ont fait les comptes, cela fait 65 sénateurs + 24 députés, soit 89 parlementaires liés au PS qui pourraient apporter leur signature. Et il n’en manque pour l’instant que 56, alors que le plein semble avoir déjà été fait ailleurs (LREM, écologistes divers, France insoumise, etc.)
Le Parti socialiste porte ici une responsabilité majeure en bloquant la possibilité du référendum (et avant cela de pétition citoyenne), qui représente pour tout le mouvement de la protection animale une occasion importante de s’adresser à la population française.
Que la Droite y soit opposée, c’est dans l’ordre des choses, car elle incarne par définition une hostilité au mouvement démocratique et populaire. C’est la raison pour laquelle Gérard Larcher, le président du Sénat, qui est une figure de la Droite, s’est illustré ces derniers jours par une lettre de soutien à la chasse, « notamment à la chasse aux chiens courants », dans laquelle il laisse sous entendre son opposition au référendum (tout en prenant les formes sur le plan constitutionnel).
La Droite, unie et cohérente dans ses choix, entend bien s’opposer à la protection animale et voit d’un très mauvais œil le référendum pour les animaux. Elle compte d’ailleurs dans ses rangs le Président Emmanuel Macron lui-même, défenseur de la chasse, à propos duquel le Président de la Fédération des chasseurs Willy Schraen relate souvent sa proximité et l’a encore fait très récemment. La Droite compte également dans ses rangs le ministre de la justice Eric Dupont-Morreti, lui aussi ardent défenseur de la chasse, qui préface un livre du Président de la Fédération des chasseurs, farouchement opposé au référendum.
Dans ces conditions, il est d’autant moins acceptable pour les parlementaires se revendiquant de la Gauche de refuser leur signature, car ils se mettent ici à la remorque de la Droite la plus réactionnaire, opposée à un mouvement populaire, celui de la protection animale.
Historiquement, il y a toujours eu de riches personnes soutenant les initiatives pour les animaux. Cependant, il faut bien voir que le mouvement de la protection animale est porté en pratique par une base extrêmement populaire, et particulièrement féminine. Il s’agit de personnes dont le dévouement pour les animaux est sans faille, malgré peu de moyens et une opposition souvent agressive.
Ne pas voir cela aujourd’hui, l’ignorer, c’est se mettre à l’écart de la Gauche, de sa tradition, de son parcours historique et de ses valeurs démocratiques et populaires.
Que les parlementaires socialistes aient des interrogations, des craintes, voire des réticences à propos des mesures ou de certaines mesures soumises par le référendum pour les animaux, c’est une chose. Cependant, le sujet est sur la table et il est porté par un mouvement populaire. Alors les parlementaires de gauche n’ont pas le choix : ils doivent assumer le débat démocratique et permettre le référendum, pour apporter ensuite leurs arguments.
> Lire également : Pourquoi donc le journal L’Humanité mène-t-il campagne contre le «référendum pour les animaux»?
En attendant, en continuant à refuser d’apporter leur signature, les parlementaires socialistes confisquent le débat. Ils porteraient une lourde responsabilité si le projet de référendum venait à échouer. Gageons que le « RDV de la Gauche d’après » organisé par le PS du 28 au 30 en guise d’université d’été soit un lieu d’échanges et de remise en cause pour les parlementaires qui s’entêtent à faire le jeu de la Droite la plus réactionnaire.