Une large coalition d’éleveurs et de chasseurs s’est rassemblée ce vendredi 21 août à Crest contre la nouvelle « Réserve de Vie Sauvage » fondée par l’Aspas en novembre 2019.
C’est l’une des plus importantes réserve de ce genre en France. C’est après un long combat, notamment par un financement co-participatif, que l’Aspas a pu constituer ce sanctuaire de nature sauvage sur le domaine de Valfanjouse à Léoncel dans le Vercors.
D’une superficie de 700 hectares, cet espace de ré-ensauvagement offre un havre de paix pour les animaux et la nature en général. C’est déjà un grand atout écologique, à quoi s’ajoute la perspective de mieux comprendre les dynamiques de la Biosphère en dehors des perturbations humaines.
Mais évidemment, à l’opposé, il y a la Droite rurale qui ne supporte pas de voir un ancien « terrain » se substituer à leur emprise. Avant la sanctuarisation de la zone, la chasse y était autorisée et des espèces exogènes comme le cerf Sika y avaient été par exemple introduites.
Ainsi, entre 500 à 700 personnes se sont rassemblées ce vendredi 21 août à Crest, en réponse à l’appel d’une coalition unissant les chasseurs de Léoncel, ILOUPEDV (Impact du Loup sur le Développement durable), la Coordination rurale, la FDSEA, les Jeunes Agriculteurs, et l’Association des éleveurs et bergers du Vercors. Dans ce panorama, il n’est pas étonnant que la maire Les Républicains de Crest, Hervé Mariton soit venu apporter son soutien aux chasseurs et aux éleveurs.
C’est Frank Reynier, président de l’ILOUPEDV, qui a tenu le discours lançant la manifestation. Une association qui a lancé début août une pétition contre le référendum pour animaux et développe un discours qui révèle la bataille d’envergure qui est en cours :
« Pourquoi l’aspas ? Ce n’est pas que l’aspas, c’est un mouvement national, européen, qui est en train de naître, qui nous submerge qui est composé d’antispécistes, de végans (…) Aujourd’hui, dans nos campagnes, les chasseurs baissent la tête, les éleveurs baissent la tête, les agriculteurs baissent la tête.
Aujourd’hui faut réagir, y en a marre de ça. Je vous signale qu’il y a référendum d’initiative partagé qui a déjà été voté par 125 parlementaires qui vise derrière, faut pas se leurrer, à interdire toutes nos pratiques rurales, toutes nos traditions qui sont en train de disparaitre »
Il y a là un discours offensif qui se double d’une manifestation de rue avec défilés d’animaux domestiques et pancartes allant jusqu’à qualifier l’Aspas de « fascistes ». Cette manifestation est sûrement un premier jalon posé par la Droite la plus réactionnaire en vue de contrer la naissance d’une opinion publique en faveur des animaux. Ce contre-feu est lancé sur la base de la défense des « traditions » rurales, de la « campagne » éternelle, le tout servant à l’exploitation de la nature vue comme une ressource ou espace de « jeu ».
A l’inverse, l’Aspas propose à travers ce sanctuaire de 700 hectares représentant 0,1 % de la superficie de la Drôme, une toute autre vision du monde. Dans son communiqué de réponse à la manifestation des chasseurs et éleveurs, l’association dit très justement :
« II ne s’agit pas pour l’ASPAS de réensauvager chaque recoin de France, ou de la Drôme, mais de garantir à la nature un maillage d’espaces vraiment protégés, alliés à des formes d’exploitations forestières non violentes, des agricultures paysannes hospitalières pour la vie sauvage, au sein d’un projet de société sobre et solidaire »
Se plaçant du point de vue de « l’intérêt de la seule vie sauvage », ce sanctuaire est un projet porteur d’une perspective écologique authentique qui annonce là une bataille démocratique à propos de la reconnaissance des campagnes comme espace de nature à protéger.
Ce sont deux visions antagonistes, irréconciliables, de la nature qui se font face, avec au centre une opinion publique largement favorable à la cause animale qui préfigure un changement complet d’époque.
Cette unification locale du monde de la chasse et de l’élevage est un signal d’alerte pour les écologistes sur l’inévitable clash qui va se réaliser dans les mois à venir, un clash d’autant plus dur que chasseurs et éleveurs sont de plus en plus isolés par l’opinion publique.