La société façonnée par le capitalisme refuse de voir la destruction de la planète qui a provoqué le COVID-19. La crise sanitaire est ainsi vue de manière tronquée – quand elle n’est pas directement niée.
Pourquoi les Français ont-ils pensé que la crise sanitaire du COVID-19 serait maîtrisée, dépassée, mise sous contrôle ? Parce qu’ils croient au capitalisme, qu’ils pensent que tout se consomme, qu’ils admettent la conception selon laquelle l’espèce humaine serait sortie de la nature. Il faut ajouter à cela qu’ils ont une confiance aveugle, spécifiquement française, au secours d’un État à la fois honni et considéré comme le grand recours.
La question du COVID-19 expose ici tous les travers de la société française. Il faut se souvenir que, lors de l’émergence de la crise sanitaire, alors que c’était déjà l’actualité, il y avait encore des rassemblements syndicaux ou d’ultra-gauche, dans un grand déni de la réalité. Il faut voir comment, malgré l’ampleur de la crise sanitaire depuis, il y a tout de même une partie de la société française rétive à tout effort prolongé.
Pourquoi tout cela ? Car, au fond, tout le monde sait que la crise sanitaire est le résultat d’une crise écologique mondiale. Cela implique de se remettre totalement en cause. Or, les Français veulent tous les changement, mais aucun ne veut changer. On en arrive à la négation de la dimension de la crise sanitaire, au refus d’assumer sa substance, parce que sinon il faut tout remettre en cause.
Le virus a passé la barrière des espèces, il l’a fait en raison de la déforestation et des élevages industriels d’animaux, donc en bonne logique il faut cesser la déforestation et les élevages industriels d’animaux. Hors de question pour les gens, pour qui McDonald’s est devenue une certitude. On est dans une situation totalement coincée.
La preuve en est qu’il y a toute une partie de la Gauche qui dit avec la Droite : oui, distribuons les millions, les milliards aux entreprises ! Ce qui est incohérent, sur le plan des idées bien entendu, mais pas seulement : normalement, quand on fait de la politique, on propose autre chose. Là c’est simplement l’Union sacrée.
L’Union sacrée contre les masses laborieuses, car ce sont elles qui vont payer la facture, bien entendu. L’Union sacrée contre la nature, parce que c’est elle qui est niée, la crise sanitaire étant présentée comme tombant du ciel ou originaire d’un laboratoire chinois. Les théories complotistes relèvent d’ailleurs de la panique petite-bourgeoise devant toute remise en cause. Trouver un coupable, un bouc-émissaire, c’est s’épargner de devoir affronter les faits.
La crise sanitaire d’octobre 2020 n’est rien d’autre que le produit d’une négation de la réalité par la société, qui ne veut pas voir l’ampleur du désastre. Et c’est tellement vrai que cela se déroule au grand dam de l’État qui aimerait bien gérer, tant bien que mal, même s’il tend au cynisme de par sa fonction de service pour les classes dominantes. Même un tel État est catastrophé par une population tellement façonnée par le capitalisme qu’elle est relativiste, passive, individualiste, incapable d’initiatives. C’est dire !
On peut ainsi critiquer l’État, les mesures gouvernementales, autant qu’on voudra. C’est la société qui a tort, cependant. Tort de ne pas former l’État, tort d’accepter le mode de vie imposé par le capitalisme, tort de refuser toute remise en cause. Tort de perdre son temps avec un mouvement de rétrogrades beaufs comme les gilets jaunes, alors que le monde va dans le mur.
On peut être certain que les nouvelles générations vont tout renverser et que l’humanité va connaître un bouleversement sans pareil. On ne s’en sortira pas sans une humanité unifiée au niveau planétaire, cessant sa guerre contre la nature et regardant le passé avec ses McDonald’s comme une époque de barbares.