Au Danemark, une variante du virus au cœur de la crise sanitaire actuelle connaît une version mutée dans les élevages de visons. La réponse est celle de l’extermination.
C’est un exemple ô combien révélateur de la situation de l’humanité. D’un côté, on reconnaît que le rapport à la nature est sans dessus-dessous, de l’autre on continue comme si de rien n’était !
La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), un organisme de l’ONU, vient ainsi de publier un rapport sur la biodiversité (ici en anglais). Dans le communiqué de presse en français, il est bien indiqué que :
La pandémie de COVID-19 est au moins la sixième pandémie mondiale depuis la pandémie grippale de 1918, et bien qu’elle trouve son origine dans des microbes portés par des animaux, comme toutes les pandémies, son émergence a été entièrement déterminée par les activités humaines, indique le rapport publié ce jeudi.
On estime à 1,7 million le nombre de virus « non découverts » actuellement présents dans les mammifères et les oiseaux, dont 827 000 pourraient avoir la capacité d’infecter les êtres humains.
« Il n’y a pas de grand mystère sur la cause de la pandémie de COVID-19, ou de toute autre pandémie moderne », a déclaré le Dr. Peter Daszak, président de EcoHealth Alliance et de l’atelier d’IPBES.
« Ce sont les mêmes activités humaines qui sont à l’origine du changement climatique, de la perte de biodiversité et, de par leurs impacts sur notre environnement, du risque de pandémie. Les changements dans la manière dont nous utilisons les terres, l’expansion et l’intensification de l’agriculture, ainsi que le commerce, la production et la consommation non durables perturbent la nature et augmentent les contacts entre la faune sauvage, le bétail, les agents pathogènes et les êtres humains. C’est un chemin qui conduit droit aux pandémies. »
Et au lieu de comprendre le sens de cela, à quoi a-t-on droit ? À une extermination de 17 millions de visons. Ces pauvres animaux vivaient déjà l’enfer – 17 millions, c’est un chiffre énorme. Et ces millions d’êtres vivants sont rassemblés… dans un peu plus d’un millier d’élevages. On sait que le rapprochement avec l’holocauste est un thème très polémique chez les défenseurs des animaux, mais là que dire ? On a des constructions sommaires, des êtres enfermés et l’extermination.
Impossible de ne pas penser à ces lignes d’une œuvre d’Isaac Bashevis Singer :
« Dans les relations avec les animaux, tous les gens sont des nazis ; pour les animaux, c’est un éternel Treblinka. »
On sait bien que l’humanité a agi sur le tas et que l’utilisation d’animaux à grande échelle est un produit pour ainsi dire naturel du capitalisme. Le parallèle ne tient pas, mais là il commence à tenir, car l’humanité sait très bien ce qui se passe. On ne peut pas dire à 280 000 personnes dans le nord du Jutland qu’elles vont connaître un confinement spécial et ne pas se dire : l’élevage pose un problème sanitaire relié à un problème moral, il faut tout stopper, tout de suite !
La situation de l’humanité est mauvaise, très mauvaise. Affronter les faits et pratiquer la destruction comme solution… montre que les valeurs du capitalisme ont pétri les esprits, façonné les mentalités, obscurci la raison. Il va falloir une réelle déchirure dans les consciences pour arriver à quelque chose. L’Histoire va connaître une accélération sans pareil, parce que pour sortir de là, les nouvelles consciences vont devoir agir avec envergure et profondeur. Le changement d’époque va être très douloureux.
Et le premier pas de ce changement d’époque devra être un rapport différent aux animaux. L’extermination de 17 millions de visons est un crime innommable, c’est de la barbarie destructrice la plus folle. Elle doit pousser à la révolte complète, à l’insurrection des consciences. Tout cela doit prendre fin, maintenant.