Ce sont les dernières semaines de la grande exposition « Être moderne le MoMA à Paris », qui se tient à la Fondation Louis Vuitton à Paris : elle finira au tout début du mois de mars 2018.
Cela doit être prétexte à réflexion, parce que le « MoMA », c’est-à-dire le Musée d’art moderne de New York, est une puissante institution, qui depuis 1929 joue un grand rôle dans la diffusion de l’art moderne, puis de l’art contemporain.
Or, les gens n’aiment pas l’art contemporain. Tout le monde apprécie la tentative d’exprimer quelque chose de manière artistique, et par tolérance les gens se forcent à être ouvert d’esprit de manière parfois absurde.
Mais l’art contemporain, cela ne passe pas. Les couches sociales les plus aisées, par contre, vouent un véritable culte à l’art contemporain. Et culturellement, plus la gauche a été corrompue sur le plan matériel, plus elle a basculé elle-même dans la valorisation de l’art contemporain.
Pourtant, n’y a-t-il pas quelque chose de problématique à voir que l’art contemporain est systématiquement valorisé par les couches les plus privilégiées du monde entier ?
La Fondation Louis Vuitton, créée par le groupe LVMH, qui fait venir des œuvres du MoMA, qu’y a-t-il de plus symbolique dans l’idée, si l’on pense à une bataille culturelle ?
Surtout que l’exposition consiste à souligner le passage naturel entre art moderne et art contemporain. On passe de Cézanne, Picasso, Dali, Malevitch et son carré blanc sur fond blanc, aux œuvres contemporaines les plus étranges, consistant en un cercle dessiné sur un mur, en des mots illuminés sous la forme de néons, une pile de bonbons aux emballages rouge ou bleu et qu’on peut prendre, etc.
L’exposition se veut également marquée à gauche ou plus exactement, et c’est très intéressant, « progressiste », avec une insistance sur les « remises en question artistiques, politiques et sociétales formulées par les artistes à partir de la fin des années 1960 ». On a un drapeau LGBT hissé sur un mur, une œuvre d’art consistant en un drapeau américain aux couleurs afro-américaines, bref toute la modernité qui prétend remplacer la gauche historique, au profit du progrès.
Mais on est en droit de ne pas considérer cela comme un progrès, pas plus que les poupées Barbie voilées ou LGBT qui viennent de sortir dans les magasins. La gauche défend des valeurs, la culture, pas la conquête de marché sur une mode identitaire ou communautaire.
On peut même dire ici que tant que la gauche n’aura pas réglé son compte à l’art contemporain, la gauche subira l’hégémonie de gens liés aux classes sociales supérieures, fort de toute une culture qui, en réalité, est la simple diffusion de thèmes et d’approches totalement opposés à ce que la gauche a porté historiquement comme contenu.
Tant qu’il y aura un découplage entre libéralisme économique et libéralisme politique – découplage que ne faisait pas la gauche historique – tout est forcément perdu. Le libéralisme politique présuppose le libéralisme économique et inversement.
L’art contemporain célèbre justement le libéralisme. Peut-être qu’aller à l’exposition de la Fondation Louis Vuitton est alors utile – 16 euros, quand même – pour s’en apercevoir. On ne peut pas ne pas être sceptique devant des œuvres consistant en des couleurs jetées les unes sur les autres ou bien en des traits griffonnés n’importe comment.
On ne peut pas de dire autre chose que : il y a un problème, ces machins, ces trucs, valent des centaines de milliers d’euros, voire des millions, voire des dizaines de millions. Or, on n’y voit rien à part le nombrilisme de l’auteur de chaque œuvre. Pourtant, l’art ne peut pas consister en la célébration des egos… et des comptes en banque des gens les plus aisés !