Le fonds européen de Défense (FED) vise à renforcer la cohésion militaire européenne, avec comme cible la Russie.
Il n’existe pas d’alliance européenne dans le domaine militaire, en raison des intérêts trop divers des différents pays. Cela fait qu’il y a 178 systèmes d’armes différents, 17 types de char différents, etc.
Mais il y a des rapprochements très nets, avec un bloc Allemagne – Espagne – France, par exemple, ce qui implique à l’arrière-plan les Pays-Bas et l’Autriche, voire la Suède.
L’Autriche est un satellite allemand devant se concentrer sur l’espionnage, il y a déjà un corps d’armée germano-hollandais, le consortium germano-néerlandais ARTEC, deux brigades néerlandaises sous commandement allemand, un bataillon de marine allemand sous commandement néerlandais, un projet de frégate de défense aérienne germano-néerlandais, alors qu’il y a déjà une brigade franco-allemande, un escadron de C-130J Hercules franco-allemand, le Système de combat aérien du futur franco-allemand, le char de combat Main Ground Combat System et la patrouille maritime Airborne Warfare Systems franco-allemand, etc.
Tout cela est cependant dépendant d’initiatives bilatérales, ou trilatérales. Mais désormais, en 2021, il y a pour la première fois un fonds européen de Défense (FED), dont le budget est prévu pour jusqu’à 2027.
Ce budget n’est guère élevé ; il est de huit milliards d’euros. Néanmoins, il a une fonction technique et idéologique. Les fonds visent en effet un tiers à la recherche, le reste à des projets concrets, avec comme but de rendre cohérent les activités industrielles militaires européennes d’une part, à renforcer l’interopérabilité des systèmes de défense d’autre part. Ce n’est donc pas rien, puisque cela vise à uniformiser les efforts militaires.
Il y a ainsi déjà le projet de « European Patrol Corvette », une corvette pour la Méditerranée, lancé par la France et l’Italie, rejoints par l’Espagne et la Grèce, qui est concerné par la FED. Il faut pourtant voir un arrière-plan plus marqué par l’hostilité, car il est également absolument clair que l’ennemi désigné par le FED est la Russie.
En effet, les critères pour disposer d’un soutien de la FED sont bien délimités. Il faut au moins trois États membres, mais également l’accord des 27 membres de l’Union européenne… et que cela se passe en particulier dans la coopération avec les pays membres de l’OTAN. On change ici de niveau et on est déjà dans une optique de coordination dans le sens de l’affrontement.
On saisit facilement l’idée : autant les pays européens ne sont guère motivés pour se confronter à la Chine, autant l’idée de faire tomber la Russie, dont ils sont proches géographiquement, est bien plus tentant. C’est d’ailleurs la ligne de Joe Biden que de faire tomber d’abord la Russie, ensuite la Chine.
On comprend que les commentateurs bourgeois des questions militaires parlent de la décennie de tous les dangers. La guerre pour le repartage du monde est une réalité à venir tout à fait claire.