Malgré une énorme médiatisation, très peu de monde s’est mobilisé contre la dissolution de Génération Identitaire. Heureusement, même si cela montre que la France est hors sol.
Génération Identitaire, avec ses thèses « occidentalistes », a eu ces derniers temps un énorme succès dans les rangs de la Droite, développant également sa présence médiatique. Et pourtant, alors que le gouvernement entend dissoudre cette structure, elle n’a réussi à mobiliser samedi 20 février 2021 qu’autour de 1500 personnes à Paris.
Marine Le Pen avait pourtant elle-même protesté contre la mesure d’interdiction. Elle a, il est vrai, interdit aux cadres du Rassemblement national de s’y rendre. Rien n’empêchait cependant à la base du Rassemblement National ou à des gens de Droite de s’y rendre. Le 20 février 2021 aurait pu être une catastrophe historique, un jour clef pour l’union de la Droite et de l’extrême-Droite.
Heureusement, cela n’a pas été le cas. Mais nullement en raison de l’antifascisme. C’est le capitalisme lui-même qui a bloqué Génération Identitaire. Car en France, la politique se consomme et aucune structure n’arrive à exister en tant que tel.
Si l’on omet quelques très rares structures, forcément petites, qui œuvrent opiniâtrement à maintenir un cadre intellectuel et culturel, tout ce qui marche ne propose que du consommable. C’est vrai à l’extrême-gauche anarchiste ou anarchisante comme à l’extrême-droite, avec d’ailleurs une convergence dans le populisme consensuel. D’où les inévitables récoltes d’aliments pour des gens ayant socialement décroché, sur le mode de la charité chrétienne.
Quant au reste, si une action n’est pas utilisable par une personne présente pour une valorisation individuelle sur Facebook, Twitter ou Instagram, avec possibilité de la « liker », elle n’amène personne, elle n’intéresse personne, c’est comme si elle n’existait pas.
Or, qu’en reste-t-il derrière? Pas grand chose. Génération Identitaire paie ici le prix de sa superficialité : à ne proposer que du consommable, on devient soi-même consommation. D’où que le 20 février 2021 à Paris, il y avait même moins de manifestants que d’adhérents à Génération Identitaire (environ 2800 revendiqués). On ne fait pas de la politique en proposant une mentalité de petits groupes affinitaires jouant sur le folklore.
Tout cela n’est pas forcément rassurant pour autant. Car le fascisme, ce n’est pas tout le monde en uniforme, mais simplement la mort de la société civile, l’effondrement de toute capacité à prendre des responsabilités politiques et culturelles. Le fascisme, c’est une société d’individus isolés, relativisant tout, avec un Etat prenant des décisions technocratiques prétendument conforme aux intérêts des gens.
Si donc tant mieux que les gens n’aient pas choisis Génération Identitaire, ils ne l’ont pas pour autant pas choisi. En fait, ils sont indifférents. Et cela c’est terriblement dangereux. C’est la preuve que les Français sont prêts à confier leur sort à un sauveur suprême, qu’ils veulent refiler les clefs du pouvoir pour mener une vie individuelle tout à fait isolée.
Et c’est là un danger très concret, avec les élections présidentielles en 2022.