Il existe un phénomène récurrent, bien que souvent interdit, dans les déchetteries en France : la récupération des objets jetés par les particuliers. Il s’agit de récupérer de la vaisselle, du mobilier, des vélos, des livres, des vinyles, de l’électro-ménager, des cartons, des vêtements même, etc.
En somme beaucoup de choses sont pratiquement récupérables en déchetterie, mais il se pose la question « pourquoi ? » Qu’apporte la récupération à ceux qui récupèrent ?
C’est ici que se distingue deux catégories de récupérateurs : ceux animés par un esprit alternatif, par une volonté de faire vivre des objets, de les restaurer, les utiliser, pour les partager et éviter le gaspillage. Ces personnes le font dans un esprit démocratique et véritablement populaire en se disant simplement ; pourquoi jeter ce qui est encore utilisable et utile, pourquoi le « valoriser » alors qu’il peut encore servir et que tant d’autres marchandises seront produites ?
Il peut tout aussi bien s’agir d’associations qui récupèrent des vélos pour les remettre en état et ainsi les remettre à disposition gratuitement (ou à prix réduit) des habitants du coin, d’associations qui récupèrent des ordinateurs et qui le remettent en état, les passent sous un système d’exploitation Linux et pareillement les mettent à disposition du plus grand nombre et font la promotion du logiciel libre.
On peut aussi rajouter à cette catégorie, les personnes venant jeter des objets à la déchetterie, les laissant délibérément sur les côtés des bennes pour que les gens puissent les récupérer.
En fait ces gens et associations formulent, de manière primaire, une critique de la société de consommation, du capitalisme, il ne s’agit pas pour la plupart d’un retour en arrière ou d’une décroissance, mais simplement d’un prolongement de vie des objets. C’est comme une friperie, mais pour la plupart des objets. Il s’agit donc d’un aspect positif, démocratique et valorisant le collectif, s’agissant pour une grande partie d’associations ayant aussi pour but de démocratiser leurs pratiques, d’élever le niveau de culture du peuple, avec les associations de vélos proposant des ateliers de remise en état des vélos.
La deuxième catégorie des personnes voit les déchetteries, tout comme les entreprises les gérant, comme un marché à ciel ouvert. Ce sont des individualistes pour qui tout n’est que marchandise, qui chercheront à tirer le maximum de profits des déchets, pour aller les « valoriser » eux-mêmes.
Ainsi il s’agit d’avantage ici de personnes opérant seules et plutôt la nuit pour ‘piller’ les déchetteries, en prenant les choses de valeurs comme les téléphones, la ferraille, l’électro-ménager pour aller le revendre en casse, en déchetterie privées, sur les sites en ligne, bref pour en tirer un profit.
Elles remplacent ici les entreprises gérant ces mêmes déchetteries pour particuliers, qui sont dans une grande partie des cas simplement des sous-traitants des déchetteries, qui s’occupent de vendre les déchets pour qu’ils soient « valorisés », c’est à dire incinéré, recyclés ou reconditionnés (ou détruits). Ces personnes là agissent en libéraux ne s’occupant que de leur égo alors qu’elles pourraient mettre ces objets à disposition du peuple. Il s’agit d’ailleurs régulièrement d’une petite partie des agents des déchetteries eux-même qui, déçus par un travail dangereux, mal-payé et individualistes, cèdent à la facilité de l’argent facile.
Il est clair qu’il faut que le peuple se saisisse de la difficile question de gestion des déchets, que cela soit organisé d’une manière démocratique, pour que ce qui peut avoir une utilité culturelle ou sociale ne soit pas jeter mais remis en état. En attendant cela, il faut reconnaître la dignité des associations et personnes œuvrant à faire renaître les objets et leur donner une seconde vie, à passer des heures à essayer de réparer tout un tas de choses, à les partager.