L’affrontement Droite/Gauche impose une ligne claire.
L’antifascisme est historiquement un concept porté par le mouvement communiste et accepté par le mouvement socialiste. Le mouvement communiste a en effet développé le principe du « Front populaire », appelant à une unité la plus large contre une extrême-Droite aux portes du pouvoir ou du moins active de manière violente. Le mouvement socialiste a accepté ce principe, permettant une unité ouvrière à la base, avec même souvent un élargissement jusqu’à la petite-bourgeoisie intellectuelle.
L’anarchisme a toujours récusé l’antifascisme, considéré comme une trahison d’une révolution qui serait à l’ordre du jour à court terme. On notera que, historiquement, le trotskisme a sur ce plan la même conception que l’anarchisme et c’est pour cela que le trotskisme a refusé la Résistance (c’est le fameux « ils se valent »).
Or, ces dernières années, les « antifas » ce sont avant tout les anarchistes, qui prétendent que l’antifascisme s’assimile à l’anarchisme car ce serait une opposition à toute autorité. Agissant ainsi, ils pratiquent un hold-up culturel et politique et troublent totalement la définition de l’antifascisme véritable. Les médias se sont empressés de valider cette équation antifas = anarchistes.
En réalité, l’antifascisme, c’est pourtant la considération que l’écrasement de l’extrême-Droite prime sur toute autre considération. On peut pas se dire antifasciste et considérer, par exemple, que le Parti socialiste équivaut au fascisme, qu’Emmanuel Macron est similaire à Marine Le Pen, ou toute autre considération « ultra » qui va à l’opposé du sens unitaire de ce qu’est l’antifascisme.
Et l’antifascisme, ce n’est pas non plus une unité par en haut pour convaincre les convaincus. Il ne s’agit pas d’unir les antifascistes pour des « coups », des actions « choc » mais bien de mobiliser le plus de gens possibles, de faire en sorte que les gens ne soient pas happés par l’extrême-Droite. Ce qui signifie faire de la politique, et non pas des actions associatives, syndicales, « militantes » ou caritatives.
La politique a en effet horreur du vide et en ce sens, se tourner même vers des gens qui se disent réformistes de type syndical ou associatif et participent aux élections a un sens, alors que s’adresser à des anarchistes vivant en vase clos et ne prenant jamais de responsabilités politiques n’en a pas.
L’anarchisme récuse les points de vue politiques, comment pourrait-il aider à occuper le terrain politique face au fascisme ?
Il est de toutes façons clair que les « antifas » dans leur version anarchiste n’auront existé que dans une période où l’extrême-Droite activiste était marginale. Dès qu’on rentre dans une phase historique, comme c’est le cas ou bientôt le cas, le caractère incohérent de l’anarchisme saute aux yeux, ou bien, de toutes façons, il s’avère sans puissance, dépassé.
Ce qui se passe en effet, c’est que l’extrême-Droite activiste se structure hardiment en ce moment, dépassant le folklore pour poser des jalons culturels et idéologiques visant les masses. Elle n’y arrive pas, elle reste isolée, cependant elle a compris qu’en 2022 elle disposerait d’un puissant levier avec Marine Le Pen, avec l’union de l’extrême-Droite et de la Droite (ou au moins d’une partie de la Droite).
L’extrême-Droite activiste se prépare donc à épauler la vague Marine Le Pen, à servir de provocateurs, d’aiguillons, d’accélérateurs de feux, de poussées dans de nouveaux secteurs. Elle va appuyer une tendance de fond, en agissant non pas au premier rang d’un activisme de masse (comme les SA allemandes d’Adolf Hitler ou les chemises noires italiennes de Benito Mussolini), mais au second rang d’une révolution conservatrice généralisée (comme en Espagne juste avant le coup d’État de Franco).
Il faudra alors qu’un antifascisme de gauche soit en mesure d’opérer, de manière totalement différente des « antifas » qui sont en fait des anarchistes. Car il s’agira de lire les choses politiquement et de répondre politiquement.