Il a dirigé ce que la presse internationale appelait le « sentier lumineux ».
Abimael Guzmán est mort à l’âge de 86 ans au Pérou, sur une île-prison militaire où il purgeait une peine de prison à vie pour son rôle de dirigeant du « sentier lumineux » au sujet duquel, à la fin des années 1980 et au début des années 1990, la presse internationale saturait d’informations, présentant ce qui serait une structure péruvienne à la fois fanatique et sanglante.
C’est que le régime péruvien vacillait très largement face à ce qui était en réalité une organisation politique se revendiquant de Mao Zedong, le « Parti Communiste du Pérou ». Sa particularité est ici d’émerger tardivement: les mouvements maoïstes apparaissent dans les années 1960 et se lancent dans les années 1970, le Parti Communiste du Pérou apparaissant lui en tant que tel en 1980 en ayant un succès retentissant dans les Andes au moyen d’un soulèvement armé, posant ensuite un véritable défi national. L’interview de son dirigeant, Abimaël Guzmán connu sous le nom de Gonzalo, a d’ailleurs été particulièrement diffusé à travers le pays.
Arrêté en 1992, Abimaël Guzmán avait été enfermé dans une cage pour être exposé à la presse; il en profita alors pour prononcer un discours appelant à continuer la lutte armée pour le régime. Cela eut à l’époque un énorme impact et on retrouve cela dans une vidéo de Rage against the machine, un groupe de musique emblématique alors pour la Gauche. La vidéo de « Bombtrack » est un appui totalement ouvert à Gonzalo.
En 1993, le président péruvien Alberto Fujimori présenta des lettres censées être d’Abimaël Guzmán et appelant à la cessation de la lutte; il n’y a jamais eu aucune preuve de la véracité de ses lettres, mais le Parti Communiste du Pérou s’effondra cependant sur lui-même.
Abimaël Guzmán resta cependant très connu tant au Pérou qu’à l’international pour deux raisons. La première, c’est que tout comme la France, l’Allemagne et l’Italie en Europe, le Pérou est un bastion du marxisme, en raison de l’activité de José Carlos Mariátegui dans les années 1920. La seconde, c’est qu’Abimaël Guzmán a le premier fourni en détail la définition du « maoïsme », qui serait ici une troisième étape du marxisme après le léninisme. S’il y a eu des maoïstes avant Abimaël Guzmán , il a été le premier à en fournir une définition pointue.
En ce sens, les maoïstes péruviens ont réalisé jusqu’au bout ce que les maoïstes français de la Gauche Prolétarienne avaient commencé, c’est-à-dire une systématisation idéologique et programmatique. Tel est le poids de la tradition syndicaliste révolutionnaire française qu’elle est capable de torpiller, jusqu’à présent du moins, toute tentative d’élaboration approfondie de quelque chose de radical à Gauche.