Johnny Hallyday a marqué de son empreinte ce qu’est la musique en France depuis les années 1960. Ses concerts sont reconnus comme des monuments de divertissement spectaculaires, réunissant un grand nombre de spectateurs acquis à son style de musique de variété souvent teintée de rock’n’roll.
Le chanteur était au centre de séries de spectacles destinés à être joués à travers le pays selon le principe des tournées. Chaque tournée est alors conçue comme une entreprise indépendante, réunissant temporairement des investisseurs autour du projet, dans le but de réaliser des profits.
Ainsi par exemple, le « Tour 66 » réalisé par Johnny Hallyday en 2009-2010, dernière grande entreprise du genre autour du chanteur, aurait généré plus de 60 millions d’euros de bénéfices, sans compter les ventes de produits-dérivés.
De telles entreprises nécessitent des infrastructures adaptées à les accueillir, ces spectacles réunissant en effet jusque 20 000 spectateurs par soir. Les concerts se déroulent dans des stades ou de très grandes salles de spectacles.
C’est la politique culturelle menée par Jack Lang au début des années 1980 qui a permis l’essor de ce type d’entreprises de divertissement.
Le ministre a encouragé les grandes villes à construire de grandes salles pour accueillir la musique pop en plein essor à cette époque. Ce sont les Zéniths, dont les cahiers des charges très stricts, tant sur le plan de l’architecture que sur celui de la localisation, ont tous été élaborés sur le même modèle.
Dix-sept salles dont certaines ont une capacité de 9000 places seront construites en périphérie des principales agglomérations françaises.
Johnny Hallyday a été l’un des conseillers techniques du Ministère de la Culture pour la conception du Zénith de Paris, ouvert en 1984.
Jean-Claude Camus, le principal producteur de Jonnhy Hallyday entre 1961 et 2009, a lui-même été l’exploitant du Zénith de Saint-Étienne durant de nombreuses années.
Construits avec de l’argent public provenant de l’État et des collectivités locales, les Zéniths sont exploités comme des entreprises dont la survie dépend de la réalisation de bénéfices importants, par l’organisation de concerts géants.
Ce modèle économique s’oppose à la production de spectacles moins consensuels ou plus pointus, sans parler évidemment des artistes des scènes alternatives, incapables de réunir une quantité de spectateurs suffisantes.
Johnny Hallyday aura été la figure de proue des concerts-monstres à la française, l’idole de milliers de personnes arrivant en voiture à la périphérie des villes, pour des spectacles stéréotypés, conçus pour satisfaire facilement le plus grand nombre, de manière passive et commerciale.