Peu importe les illusions du moment, il faut envisager les choses sur le long terme.
Il y a historiquement deux gauches en France : une qui est électorale, carriériste, portée par des gens qui ont des valeurs mais qui sont ravis de s’insérer dans une vie bourgeoise tranquille, et une qui est syndicaliste, peu évoluée, prompt au simplisme et qui se complaît dans des discours d’autant plus contestataires qu’il ne se passe rien.
Il est temps de construire une nouvelle Gauche, qui s’inscrit vraiment dans la réalité, tout en conservant ses valeurs. Ce n’est évidemment pas facile, parce qu’il y a le risque de l’opportunisme d’un côté, de l’isolement « radical » de l’autre. Il faut être à la fois avec les gens et surtout pas avec eux, il faut avoir une vie normale et, en même temps, surtout pas une vie normale.
Il ne faut pas céder aux appels sucrés d’un plan de carrière, pas plus qu’il ne faut s’enfermer dans un petit milieu coupé de la réalité où les idées fonctionnent en cercle fermé.
C’est d’autant plus vrai que l’avenir appartient à la vraie Gauche, celle qui porte les valeurs historiques. Les raisons sont d’une double nature: d’abord, le capitalisme vit à crédit et il va chercher à faire payer ce crédit aux travailleurs. La crise sanitaire a coûté une fortune, coûte une fortune, coûtera une fortune au capitalisme. Le niveau de vie des travailleurs va baisser et là il y aura de moins en moins de marge de manœuvre pour le capitalisme à visage humain.
Ensuite, la marche à la guerre est inexorable. Il suffit de lire la presse pour entendre parler, de plus en plus, de tensions, d’escalade militaire, d’un affrontement sino-américain comme bataille pour la position dominante dans le monde. Et lorsque la guerre s’impose, plus rien n’est pareil, aucune pierre ne reste posée au même endroit.
Le paradoxe est que, pour être présent dans les futures terribles circonstances, il ne faut pas fermer certaines portes, il ne faut pas bloquer les perspectives permettant d’agir dans l’avenir. Du choix de ces portes dépendent les capacités optimales ou au contraires très faibles d’agir par la suite.
Prenons un exemple concret. Il était impératif d’appeler à voter Emmanuel Macron contre Marine Le Pen pour le second tour de la présidentielle en 2017. Pourquoi? Parce que c’est un marqueur essentiel, dont on aura besoin par la suite. C’est une manière de s’adapter à la prochaine configuration, où le fascisme ne sera pas seulement relativement là, mais absolument.
De la même manière, il faut regarder ce que fait la Gauche réformiste, d’ailleurs très affaiblie. Pourquoi, parce qu’elle sera encore là à moyen terme, alors que tous les mouvements post-gauche, populiste, comme par exemple La France Insoumise, ne le seront plus, ou ne seront de toutes façons pas crédible.
Le terme de crédibilité est essentiel, parce que c’est le concept qui décide de tout !
A quoi servirait en effet qu’il existe une situation de contestation générale, si la Gauche historique n’est pas crédible? Celui qui l’emporte est toujours celui qui possède le plus de crédibilité, parce qu’il transporte plus de force sociale, parce qu’il véhicule davantage de valeurs à même de répondre à la crise.
C’est pourquoi dans une situation de crise, le camp qui l’emporte, ce sont les réformistes ou l’extrême-Droite, ou bien la Gauche historique!
Alors il faut toujours savoir quelle porte il y a besoin de laisser ouverte, quelle porte est à fermer, et si on se trompe, on ne peut pas avancer, ou pas adéquatement… Et tout cela, bien entendu, ne peut pas se faire sans erreurs, incompréhensions, difficultés… Mais au bout, il y a vraiment le moyen de gagner, de faire vaincre la Gauche historique, à travers la crise, de battre les réformistes et l’extrême-Droite!