La pression monte sur l’île.
Il y a peu de sens à dire qu’il y a des provocations chinoises contre Taiwan, car Taiwan est chinoise, le pays étant fondé de manière artificielle par la faction pro-américaine de la guerre civile. Taiwan développe depuis un discours de plus en plus tourné vers une réécriture de l’Histoire, comme il y a peu en arguant que des traditions des habitants viendraient des Philippines. Tout est fait pour se séparer de la Chine et d’ailleurs la superpuissance américaine vise clairement la partition de la Chine en de multiples entités (d’où le soutien aux Ouïghours, qui ne forment pas la majorité des musulmans chinois par ailleurs).
Inversement, la Chine continentale, désormais capitaliste avec un Etat ultra-centralisé, compte bien engloutir Taiwan pour démontrer qu’elle va devenir une superpuissance et que toute la zone pacifique doit être sous son hégémonie. Pour cette raison, des avions militaires de la Chine continentale pénètrent régulièrement l’espace aérien de Taiwan, en toute illégalité.
L’année 2020 avait déjà établi un record en ce sens, avec 380 intrusions. Mais là, début octobre 2021, on en est déjà à quasi 500, avec notamment 38 le premier octobre (anniversaire de la fondation de la République Populaire de Chine), dont un bombardier H-6 à capacité nucléaire, puis 39 le 2 octobre, puis 13 le 3 octobre.
Les intrusions du premier octobre ont également été marquées par une avancée plus poussée, marquant le début d’un encerclement symbolique de l’île.
La question n’est, à vrai dire, pas de savoir si la Chine continentale va chercher à occuper Taiwan, mais quand. La Chine veut devenir une superpuissance et pour avancer à marche forcée, le nationalisme agressif est un aspect essentiel du dispositif idéologique. La prise de Taiwan symboliserait, cela est vrai, l’unité nationale chinoise retrouvée. Mais ce n’est qu’apparence : cela refléterait surtout que la Chine va dans le sens d’une prise de contrôle de la zone indo-pacifique.
Il y a d’ailleurs en ce moment une remontée en force de la présence de troupes chinoises à la frontière indienne, et l’Inde réinstalle des troupes également, alors que les troubles jusqu’aux affrontements ont été une constante ces derniers temps. La présence chinoise en Afghanistan semble également se renforcer toujours davantage, l’Etat chinois attendant le moment propice pour officialiser son importance là-bas.
On peut noter aussi que les Etats-Unis ont lancé une grande campagne ces dernières semaines pour mettre la Chine sous pression. Les médias américains ont développé l’argumentaire que la Chine allait s’effondrer en raison du manque de natalité, faisant que la population va devenir vieillissante, que technologiquement le pays est en retard, etc.
La superpuissance américaine et son challenger chinois sont en pratique sur un ring et se dévisagent, s’invectivant pour influencer l’autre et le pousser à la faute. L’idée américaine est de faire en sorte que la Chine se précipite, elle qui cherche inversement à gagner le plus de temps possible.
Les commentateurs sont d’ailleurs unanimes ici pour souligner que Joe Biden agit directement dans le prolongement de Donald Trump. C’est que telle est la constante de l’hégémonisme américain.
Taiwan va devenir les prochaines années, les prochains mois même, un abcès de fixation : la Chine continentale y voit un tremplin pour son hégémonie régionale, la superpuissance américaine une sorte de forteresse faisant barrage à son challenger.