C’est une ligne électorale pour la présidentielle 2022.
L’allocution télévisée d’Emmanuel Macron le 9 novembre 2021 a surpris par le manque d’annonce réelle effectuée. En lieu et place de décisions, on a eu droit à un programme électoral pour 2022. C’est qu’Emmanuel Macron sait bien qu’il ne peut pas conjuguer la systématisation du pass sanitaire sur le long terme et le populisme électoral.
Le pass sanitaire va se prolonger, la 3e dose sera inévitable, puis sans doute la 4e, la 5e, etc. Il a juste été dit que le rappel va être obligatoire, comme troisième dose, pour les plus de 65 ans, et les plus de 50 ans ont été appelés à faire de même, mais c’est juste pour lancer un effet d’entraînement. Le pass sanitaire va s’instaurer à l’échelle du pays, les tests PCR et antigéniques ne seront plus à terme reconnus nulle part.
Ce n’est guère encourageant comme perspective et Emmanuel Macron a donc préféré éviter le sujet. Il a donc surtout affirmé que le capitalisme était florissant, que les entreprises cherchaient des employés dans de multiples domaines, que les entreprises avaient profité du soutien de l’Etat, que la France profite de l’économie la plus vive en Europe, que le niveau de vie s’est élevé, etc.
En un sens, il a raison, car le capitalisme avance. Mais il ne fait pas qu’avancer, cependant cela Emmanuel Macron ne le voit pas ou plus. Il représente une bourgeoisie conservatrice croyant en un capitalisme de modernisant par l’intermédiaire de l’Union Européenne. Mais qu’un libéral moderniste se retrouve à devenir conservateur révèle déjà le problème.
L’absence de perspective du capitalisme est évident, le capitalisme survit, les seules choses proposées consistent en ce qui existe déjà. On ne touche à rien : telle est la ligne d’Emmanuel Macron. C’est cela qu’il va proposer pour la présidentielle de 2022.
D’où des mesures libérales modernistes comme si la crise n’avait pas eu lieu : si la réforme des retraites est repoussée, il y aura bien réforme de l’assurance-chômage, élévation de l’âge de la retraite et construction de centrales nucléaires.
Cela a un côté rassurant pour la bourgeoisie et même pour la petite-bourgeoisie. Car, pour l’instant, la crise est contournée grosso modo sur le plan économique – renforçant d’autant plus la tendance à la guerre. Et Emmanuel Macron a mentionné les grandes puissances américaine, chinoise et russe, disant que l’Union Européenne était le meilleur moyen de faire face aux tensions internationales.
L’idée est de continuer à faire tourner le capitalisme français et d’échapper aux tempêtes sous le parapluie européen. C’est exactement la ligne allemande et à l’arrière-plan il y a clairement le tandem franco-allemand. Il y a ici l’espoir d’éviter le conflit sino-américain et, au moyen d’un fort tandem franco-allemand, de profiter du résultat du conflit pour s’imposer. C’est du cynisme « géopolitique ».
Et c’est vain. Penser comme Emmanuel Macron – et comme tous les Français – que la France va échapper à une crise mondiale, à un affrontement mondial, c’est un chauvinisme aberrant. S’imaginer que le capitalisme est en panne sèche et endetté dans le monde entier mais que le génie français va permettre une exception, c’est du chauvinisme délirant.
Mais, encore une fois, tous les Français sont ici d’accord avec Emmanuel Macron… Sauf la haute bourgeoisie qui exige une capacité bien plus élevée de conflictualité. Et qui, à la première crise économique venue, va jeter de l’huile sur le feu comme jamais. C’est tout le régime qui va être en jeu.