Il y a un réel manque de cohérence.
Le 5 décembre 2021, c’était le meeting d’Eric Zemmour et il faut croire que, malgré les bonnes intentions de certains, c’était trop pour eux. Il y a un manque de réalisme qui, tout de même, est plus que suspect, vraiment étrange.
On a par exemple Antoine Léaument. Ce n’est pas n’importe qui : c’est le responsable de la communication numérique de Jean-Luc Mélenchon et de La France insoumise. Jean-Luc Mélenchon tenait justement à la Défense, en périphérie de Paris, un meeting le même jour qu’Eric Zemmour. Il y avait un peu plus de 2000 personnes (dans une salle pouvant en accueillir 2500), alors que pour Eric Zemmour il y avait plus de 12 000 personnes (dans une salle pouvant en accueillir 20 000).
Et là que voit-on ? Qu’Antoine Léaument raconte ouvertement n’importe quoi. Voilà ? Voilà le mensonge, oui.
Il y avait également une manifestation contre Eric Zemmour, le même jour, à Paris, partant de Barbès pour rejoindre la Villette. La manifestation était organisée par la Jeune Garde, l’Union Locale CGT de Paris et le syndicat Solidaires. Il a été prétendu d’ailleurs qu’Eric Zemmour avait quitté le Zenith de la Villette pour le parc des expositions de Villepinte en raison de la « pression » sur lui. C’est faux : le Zénith était simplement trop petit, le meeting accueillant finalement pratiquement deux fois plus de monde.
Mais donc, que nous dit une Journaliste de Mediapart, service Politique ? Que Barbès est un « quartier populaire » ! C’est évidemment une vaste blague. C’est un quartier en partie grand bourgeois, en partie bobo, en partie lumpen, avec encore quelques couches populaires. Mais c’est tout sauf un quartier populaire, à moins de comparer avec la plupart des autres quartiers parisiens, peut-être, enfin, bref, c’est de la fiction.
C’est comme le mot d’ordre de la manifestation, « Paris fera taire Zemmour ». Paris ne fera rien du tout parce que la moitié de ses habitants sont des cadres sups, que vu les loyers ou le prix d’achat il faut un certain capital, patrimoine, revenu pour y être, etc.
La manifestation n’a d’ailleurs certainement pas rassemblé 8 000 personnes. Ce n’est pas raisonnable de dire cela. La préfecture dit 2200.
Il y avait d’ailleurs 64 organisations qui appelaient à cette manifestation. Même en comptant 8 000 personnes, cela ferait 125 personnes par organisation. En comptant de manière ultra-optimiste, disons 2500, cela fait moins de 40 personnes par organisation. Dans tous les cas il vaut mieux dire qu’il y a beaucoup de travail de fond à mener, qu’il faut souffrir pour avancer, trouver de nouvelles voies, etc. Mais une dynamique ?
Après, il ne faut pas se leurrer. Les gens restent à 99% imperméables à la politique antifasciste pour l’instant. Le terrain est prisonnier pour l’instant par un aventurisme anti-État, anti-police, anti-racisme, anti-homophobe, anti-etc. à l’infini. Ce sont les « fachos » qui sont dénoncés, pas le fascisme. Et dans cet aventurisme, tous les subjectivismes ont cours, portés par des étudiants hors sol, pétris d’esprit petit-bourgeois et de philosophie américaine même pas digérée. « Dehors les facho-es », sérieusement ?
Mais la palme de l’incohérence revient à SOS racisme, qui en plus de l’inconscience, a ouvert la boîte de Pandore de la violence fasciste. Il y a en effet des gens qui sont allés à Villepinte pour tenter de bloquer le meeting. C’est de l’ultra-gauchisme, mais c’est assumé, et il y a une grande conscience de ce que cela implique. 39 personnes ont été arrêtées par la police dans ce cadre.
SOS racisme a toutefois envoyé des gens au casse-pipe, sortant une banderole anti-raciste en plein meeting. Naturellement, ils se sont fait frappés. Rien d’étonnant malheureusement, une telle provocation ne pouvant passer. Et c’est là que c’est ultra-gauchiste, parce que cela ouvre la banalisation de l’affrontement violent.
Qu’à l’extérieur, l’extrême-Droite se confronte physiquement à des gens cherchant à empêcher le meeting, c’est une norme. Que cela se déroule à l’intérieur, de manière médiatique, c’est un appel d’air, c’est un signal. Les gens de SOS Racisme qui ont voulu se faire une publicité nationale à peu de frais ont concrètement, malgré eux, donné le signal à tous les gens d’extrême-Droite du pays que, désormais, il y avait un parti politique qui était leur fer de lance, que désormais il et possible d’aller à la confrontation.
Pour donner un exemple de quoi on parle, voici une image tirée d’un dossier (en anglais) d’un groupe de journalistes concernant les liens entre les nazis ukrainiens et des groupes français (Ouest casual, les Zouaves, etc.). A un moment donné il faut être sérieux et faire de la politique. Sinon, le fascisme l’emportera comme un rouleau compresseur.