L’extrême-Droite activiste est formée.
Les « Zouaves Paris » sont un regroupement de castagneurs comme l’extrême-Droite en a toujours connu ; il s’agit ici d’une sorte de prolongement du GUD basé à la faculté d’Assas et qui n’existe plus depuis quelques années. Et on se dit qu’il ne s’agit que de cela, en particulier quand on voit ce qui s’est déroulé au meeting d’Eric Zemmour du 5 décembre 2021, où celui-ci a lancé son mouvement politique « Reconquête ».
Des gens de SOS Racisme ont en effet tenté le buzz facile en plein meeting en tentant de dénoncer le racisme au moyen de t-shirts (« non au racisme »), ce qui leur a valu une volée de bois vert de la part justement des « Zouaves Paris ». De par la présence très nombreuse de journalistes, tout a été filmé et on se dit qu’ils ont été idiot de faire cela. D’ailleurs, le leader des « Zouaves Paris », Marc de Cacqueray-Valmenier, a été interpellé le 14 décembre 2021.
Or, il faut voir les choses avec bien plus de profondeur, bien plus d’intelligence, c’est-à-dire certainement pas comme les anarchistes et tous les spontanéistes fonçant tête baissée dans les pièges de l’extrême-Droite.
Pourquoi cela ? Parce que l’extrême-Droite activiste en France ne vise pas à la formation d’un mouvement de masse. Sa stratégie n’est pas celle historiquement du fascisme italien et du nazisme allemand. Sa stratégie est similaire au fascisme espagnol : organiser des provocations parallèlement à un mouvement de Droite très dur de type électoral et à une tendance militaire au coup d’État.
Si l’on se dit que l’extrême-Droite activiste vise à recruter, à se présenter de manière un minimum correctement, alors c’est idiot. Si l’on comprend toutefois que son rôle est provocateur-paramilitaire, alors on saisit que c’est parfait. Cela fait du bruit, cela pousse à l’affrontement : c’est la politique de la provocation permanente, une forme perverse de la guerre à l’intelligence.
Pour preuve, regardons ce qu’a fait le leader des « Zouaves Paris ». Lors de l’intervention militaire de l’Azerbaïdjan au Nagorny Karabagh, il s’est précipité là-bas du côté arménien. Il faut des réseaux pour cela, en plus d’une certaine orientation politique. Rappelons qu’Eric Zemmour a choisi justement mi-décembre un voyage en Arménie, pour tenter de présenter ce pays en souffrance comme un rempart chrétien conservateur nationaliste identitaire.
Le leader des « Zouaves Paris » a également fait le voyage en Ukraine, rencontrant toute la mouvance néo-nazie autour du bataillon Azov. Le voici avec Olena Semenyaka, la porte-parole de ce mouvement proposant la « reconquête » de l’Europe, un terme repris… par Eric Zemmour.
Les néo-nazis ukrainiens ont servi d’importante plaque tournante idéologique pour l’extrême-Droite activiste français, en remplacement en quelque sorte du mouvement italien « Casa Pound ». Que ce soit pour la mouvance du « Bastion social », celle des hooligans « indépendants » de « Ouest Casual » ou celle de « Autour du Lac », basée en Haute – Savoie.
Qu’est-ce que cela montre ? Disons les choses directement. La scène « antifa » à la française est composée d’une mouvance sans idéologie, sans perspectives politiques, elle existe de manière spontanéiste, sur une base sociale petite-bourgeoise un jour-là, un autre jour là-bas, sans continuité ni principes.
L’extrême-Droite activiste fait elle de la politique, elle a des orientations, elle suit des stratégies bien précises, d’ailleurs toujours plus élaborées. Elle accompagne une droitisation de la société, l’émergence du mouvement « Reconquête » d’Eric Zemmour, ainsi bien sûr que le « Rasemblement National » de Marine Le Pen.
Il faut donc arrêter de se moquer des « fachos », il faut prendre les fascistes au sérieux. Pour cela il faut comprendre le fascisme comme l’a fait la Gauche historique. Les fascistes sont un outil pour le capitalisme en crise, comme la guerre. Ils sont cela et ils ne sont rien d’autre que cela.
Qui veut vaincre les fascistes doit vaincre le fascisme, et cela veut dire comprendre ce qu’est le capitalisme, sa crise, sa course inéluctable à la guerre.