Le principe de polarisation est essentiel pour saisir ce qui se passe.
En faisant des manoeuvres avec des tanks avec le drapeau national mais également celui de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) du fasciste Stepan Bandera, le régime ukrainien témoigne de la folie qui le caractérise. On nage dans un délire ultra nationaliste, auquel l’OTAN contribue de manière totalement folle.
Pour donner deux exemples concrets, en ce début janvier les médias ukrainiens et les films doivent uniquement être en ukrainien, alors qu’une large partie du pays est russophone. De très lourdes amendes sont sinon de la partie. Et la période de tolérance dans la vie publique est terminée. On ne peut plus accueillir quelqu’un dans un café en lui parlant en russe : le serveur aurait immédiatement une très grosse amende.
L’autre exemple, tout aussi significatif, est la vaste campagne « Kyiv not Kiev », visant à ce qu’au niveau international, on cesse de dire Kiev, qui est le nom venant du russe, pour utiliser le terme ukrainien. L’Agence France Presse vient d’assumer ce changement, qui évidemment n’a aucun sens historiquement puisque le terme de Kiev est utilisé depuis des siècles.
Naturellement, Kyiv a plus de sens, mais là c’est un changement fictif, sur une base nationaliste et même belliciste. C’est la même idée que quand il est réclamé qu’on renomme la Russie Moscovie, car l’Ukraine serait la seule véritable descendante de la Rus’.
Le régime ukrainien est simplement devenu le jouet des pays occidentaux. Il coure au massacre et en plus il en est très satisfait car, comme on le sait, le nationalisme rend aveugle et donne une illusion de toute-puissance.
Les deux derniers jours reflètent cette évolution toujours plus marquée, alors que la Russie continue d’amasser des troupes aux frontières.
Le 16 janvier 2022, à la suite d’un appel téléphonique du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken et du Vice-président de la Commission européenne et Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell, il a été réaffirmé que :
« l’étroite coordination entre l’Union Européenne et les États-Unis quant aux récents développements liés à la Russie et l’Ukraine continuait au plus haut niveau. »
Le même jour, la première ministre finlandaise Sanna Marin a réaffirmé les propos du ministre finlandais des affaires étrangères Pekka Haavisto la veille comme quoi la Finlande ne comptait pas rentrer dans l’OTAN. La Suède par contre a directement appelé les Etats-Unis à envoyer davantage de troupes en Europe et a envoyé des forces spéciales sur l’île de Gotland. On notera que plusieurs drones ont été aperçus en train de survoler des centrales nucléaires suédoises, provocation russe ou bien suédoise pour entraîner l’opinion publique.
Le ministre britannique de la Défense Ben Wallace a réaffirmé à la Russie qu’une intervention en Ukraine serait une « erreur stratégique », alors que les médias ukrainiens ont affirmé que les séparatistes déversaient des produits chimiques pour provoquer un incident, modifiant une information de l’Etat ukrainien comme quoi les séparatistes auraient connu un accident chimique particulièrement polluant.
Le 17 janvier 2022, la ministre des Affaires étrangères canadienne Mélanie Joly a fait un voyage en Ukraine pour soutenir le régime, ayant annoncé son voyage la veille seulement. L’Ukraine est le troisième pays vers lequel le Canada exporte et les exportations ont triplés ces six derniers mois.
Microsoft a annoncé qu’un malware, un programme malveillant, était présent dans tous les services informatiques des agences gouvernementales et les sociétés d’informatique d’Ukraine, soupçonnant un Etat d’être à la manoeuvre. L’ampleur des dégâts est encore inconnue ; l’Ukraine accuse ouvertement la Russie.
Le Danemark a annoncé 125 millions de dollars d’aides à l’Ukraine, alors que les Etats-Unis n’ont cessé à tous les niveaux (Etat, gouvernement, journalistes, hommes politiques) d’affirmer que la Russie préparait une opération de provocation pour justifier une invasion.
La Russie affirme de son côté qu’elle n’a aucune intention d’envahir l’Ukraine, que ses troupes à la frontière sont une réponse aux initiatives de l’OTAN et qu’elles resteront tant qu’il le faudra. On l’a compris il s’agit d’attendre que le nationalisme ukrainien fasse tellement dérailler la situation que l’intervention russe sera légitimée.
Autrement dit, c’est la question du Donbass séparatiste et des gens d’ethnie russe dans l’ensemble de l’Ukraine qui servira de levier à l’intervention russe, au sens où cela sera présenté comme un affrontement entre la « mère Russie » (pas simplement le pays ou la nation mais une sorte de nation-continent-culture) et l’OTAN.
De manière bien plus simple à comprendre, il y a cette vidéo. Elle correspond à la candidature de la ville de Moscou pour l’organisation de l’Exposition universelle de 2030. La Russie y est présentée par l’intermédiaire de Moscou comme jeune, subtile, résolument moderne, totalement à rebours de comment les pays occidentaux voient la Russie et les Russes, considérés comme des arriérés bougons, malpropres et stupides.
C’est très exactement la clef pour comprendre le positionnement russe dans la bataille pour le repartage du monde. La Russie se présente non pas comme un pays, mais comme une Fédération aux valeurs unificatrices par l’intermédiaire du prisme culturel russe, avec comme base l’ethnie russe. C’est l’idéologie de la conjugaison de l’oligarchie russe, qui achète des maisons de luxe à Londres et Vienne en faisant du shopping à Paris et des vacances sur la côte d’Azur, et du complexe militaro-industriel. C’est le rêve néo-impérial russe.
L’OTAN veut ainsi s’imposer avec en toile de fond la superpuissance américaine avec ses vassaux européens, alors que la Russie compte imposer son affirmation néo-impériale. Quant aux peuples, il n’est nullement demandé leur avis, naturellement. C’est très exactement cela la tendance à la guerre à travers les affirmations impériales dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde.