Eric Zemmour développe une ligne néo-gaulliste au service du complexe militaro-industriel français.
Il est dorénavant clair qu’une partie de la classe dominante veut aller de l’avant, au dépend des travailleurs en France, au dépend du peuple et de la paix dans le monde. La proposition d’Eric Zemmour va clairement dans ce sens d’une restructuration anti-sociale pour mieux servir l’expansionnisme de la France, qui voit sa place dans le monde dégringolée.
Samedi 19 février, Eric Zemmour a tenu un meeting sur le thème des questions militaires et géopolitiques à Pontorson en Normandie dans un champ de maïs devant plus de 2 000 personnes avec en arrière-plan le Mont Saint-Michel. Le choix n’était pas fait au hasard car Saint-Michel y a été longuement présenté de manière lyrique comme la figure religieuse du Saint représentative d’un « combat éternel que se livrent le Bien et le Mal depuis des millénaires ».
Eric Zemmour continue ainsi à déployer un discours de type « civilisationnel » au service du renouveau de la « puissance » française, le mot « puissance » ayant été répété plusieurs fois lors de son discours sur un ton plus qu’offensif, plus qu’agressif.
Il ne faut pas oublier à ce propos que le directeur de campagne d’Eric Zemmour n’est autre qu’un ancien haut gradé de l’armée française, le général Bertrand de La Chesnais, également membre de l’association d’entraide de la noblesse française.
On retrouve ici toute une ligne historique des cadres dirigeants de l’armée française, littéralement subjugués par le courant national-catholique de l’Action française. Son expertise sur l’armée française est capitale pour le candidat Eric Zemmour, comme lorsqu’il affirme :
« Notre armée souffre. Elle souffre d’un manque d’hommes, d’un manque de moyens, de munitions, de chars, de drones, de frégates. Et surtout, elle souffre d’un manque de vision de la part du chef de l’État et d’un manque de considération de la part des politiciens professionnels. »
La haute bourgeoisie, ainsi que l’état-major de l’armée sait que l’on va vers des déflagrations entre grandes puissances, comme le montre déjà la crise ukrainienne. Et la grande question reste celle de la capacité de mobilisation des armées, d’une quantité de masse mobilisable, de la capacité logistique et industrielle, du lien de confiance entre la société et l’État.
Or, la France ce n’est plus les années 1910, ni même les années 1930 et il s’agit d’actualiser l’idéologie expansionniste aux conditions de l’époque. C’est pourquoi Eric Zemmour a affirmé être le représentant d’une « ligne stratégique », celle du « gaullisme de la Reconquête ». L’enjeu, ce n’est ni plus, ni moins que de trouver le moyen adéquat de mobiliser le peuple sur une base nationaliste-militariste, contre le « grand déclassement » de la puissance française.
Dans cette logique, il a été salué le repli nationaliste exercé par Donald Trump aux États-Unis, une voie à suivre que l’on comprend comme opposée à celle d’Emmanuel Macron qui propose le renforcement de l’Union Européenne avec notamment la construction d’une « armée de la défense européenne », en fait intégrée à la perspective de l’OTAN et de la superpuissance américaine.
A ce point de vue, la division de la bourgeoisie devient toujours plus clair, plus limpide et témoigne des tensions entre grandes puissances et de la bataille pour le repartage du monde au cœur de la France.
Pour réaliser cette ligne, Eric Zemmour a notamment affirmé la nécessité d’un « ministère des armées et de l’industrie de la défense » avec à la clef une hausse de 3,6 milliards d’euros par an dans le budget dit de la défense pour le porter à 70 milliards d’euros en 2030 (il est d’environ 41 milliards actuellement).
C’est là une signal fort pour le complexe militaro-industriel français, tel Dassault, Nexter, Thalès, Safran, etc., et tout le système de la sous-traitance industrielle. C’est faire passer le message que la chaîne logistique et d’approvisionnement va être pleinement assurée et protégée par l’État lui-même, de la manière la plus autonome possible.
Le but est bien évidemment de se désengager au maximum de la coopération européenne, et notamment du partenariat avec l’Allemagne. Mais pour forger un tel ministère et y adjoindre cette hausse conséquente de son budget, il va bien falloir pressuriser les travailleurs alors que la France est endettée jusqu’au cou.
Mais surtout, c’est une tendance au renforcement de l’appareil militaire sur l’ensemble des décisions politiques, sur la politique industrielle elle-même et quiconque n’a pas abandonné les principes de la Gauche historique sait que cela signifie le fascisme.
Dans le cadre de la bataille pour le repartage du monde, les États doivent concentrer et centraliser les décisions, et cela s’exprime dans cette axe néo-gaulliste dit de « l’État-stratège ». Un État-stratège qui s’arme pour la bataille mondiale, et se muscle pour restructurer le capitalisme, pour engager la guerre anti-sociale. Car il faudrait bien embarquer le peuple et les travailleurs dans la marche vers la guerre mondiale de repartage.
A ce titre, il n’est pas étonnant qu’Eric Zemmour ne cesse de se déclarer de manière démagogique « contre la lutte des classes » en assumant la politique néo-corporatiste de la participation portée par le général de Gaulle dans les années 1960. Il s’agit d’unifier le peuple, de le « nationaliser » et d’éviter le moindre grippage social intérieur.
Dans le contexte politique et international actuel, Eric Zemmour apparaît toujours plus en phase avec les préoccupations d’une haute bourgeoisie qui cherche à se sauver par tous les moyens possibles d’un monde capitaliste qui s’effondre sur lui-même.
Jamais le mot d’ordre des antifascistes des années 1930 n’a semblé aussi juste qu’en notre époque, car oui le fascisme, c’est la guerre, c’est la misère. Contre le fascisme et son expansionnisme militaire, il nous faut mobiliser le peuple pour la paix, pour la prospérité, pour faire payer la crise aux riches. Il nous faut le Socialisme. C’est là tout l’enjeu de notre époque !