L’invasion de l’Ukraine précipite la crise économique.
La Bourse de New York a ouvert jeudi 24 février à 15h (heure de Paris) en forte baisse, l’indice Dow Jones poursuivant son effondrement dès la première demi-heure (une perte de 630,6 points, soit 1,9%). Idem pour le Standard & Poor’s 500 (-1,97%) et le Nasdaq Composite (-1,91%).
C’est que la crise est totale. L’ordre mondial est chamboulé et la panique est générale. En pénétrant militairement en Ukraine, Vladimir Poutine a fait bien plus que déclencher une guerre : il précipite définitivement le monde dans une grande crise, sur tous les aspects, y compris donc économique.
La lame de fond balaye tout et si on ne regarde que l’économie américaine, la plus grande puissance mondiale, on voit qu’avant même l’ouverture de la bourse, c’était un tremblement de terre jeudi 24 février. Les plus importantes capitalisations telles Apple, Alphabet (Google) et Microsoft était en recule important (respectivement -4,05%, -2,38% et -3,04%).
Mais au-delà de ces chiffres relatifs et circonstanciels, il y a surtout que l’économie mondiale était déjà sur des sables mouvants, tenue à bout de bras par les banques centrales mondiales dopant artificiellement les marchés à coup d’argent magique par milliards. La promesse d’une sortie imminente de crise sanitaire servait de ciment à l’immense mensonge de la croissance revenue, ou revenant, mais la guerre en Ukraine vient clairement doucher les espoirs du capitalisme.
Là où la crise est le plus marqué, c’est en toute logique dans le secteur de l’énergie, qui est déjà en très forte tension depuis le début de la crise sanitaire. Cela fait des mois que les prix sont hauts, voire très hauts, alors que les difficultés d’approvisionnement et de production ne font qu’alimenter encore plus l’inflation des prix. La guerre en Ukraine vient encore plus précipiter les choses et accélérer la crise.
Le baril de pétrole WTI américain a dépassé le seuil symbolique des 100 dollars. Idem pour le baril de Brent de la mer du Nord atteignant les 105 dollars, alors qu’il ne passait pas la barre des 90 dollars la semaine dernière (il était à 66 dollars début décembre 2021 et il descendait sous les 15 dollars au printemps 2020). L’explosion des prix de ces deux valeurs pétrolières directement due à l’annonce de la guerre est de plus de 7 % ; ce n’est probablement qu’un début.
Ce qui affole les marchés et le cours des valeurs énergétique, c’est bien sûr le fait que la Russie est l’un des premiers producteurs mondiaux de pétrole. Il y a la crainte de ruptures, ou en tous cas de difficultés majeures d’approvisionnement. En cas de rupture majeure, les autres grands pays producteurs ne pourraient véritablement compenser. C’est particulièrement le cas en ce qui concerne le gaz russe, dont le monde entier est dépendant. La Russie est le premier exportateur mondial de gaz naturel.
La France en est totalement dépendante, comme l’a rappelé le groupe TotalEnergies. Le président du groupe a même prévenu : «Si le gaz russe ne vient pas en Europe, on a un vrai sujet de prix du gaz en Europe». De fait, les prix ont déjà explosés, de 40% à 50 % sur la journée. C’est gigantesque et il faut prendre la mesure d’une telle situation. Le monde a véritablement changé, la crise se précipite.
Toutes les chaînes industrielles sont concernées directement, ainsi que le logiquement le transport, qui est lui aussi déjà en crise. La panique est immense également jeudi 24 février sur les marchés concernant les matières premières, tels l’aluminium, le blé ou le colza qui ont battu des records.
De fait, les principales places boursières européennes ont connu un petit « jeudi noir ». La bourse de Paris a clôturé en forte baisse de 3,83% après un pic à -5% en milieu de journée. Même chose à Francfort (3,96%), Milan (-4,10%) et Londres (-3,82%). Les Bourses russes quand à elles se sont effondrées de plus de 30%.