Le ciel leur est tombé sur la tête.
Les Français s’imaginaient déjà que la pandémie était terminée que voilà une nouvelle interruption brutale de leur train-train quotidien, avec une guerre sortie d’on ne sait où menée par on ne sait qui. C’est exactement comme cela qu’ils voient les choses et ils sont totalement dépassés. Ils ne comprennent tout simplement plus rien, ils sont K.O. debout, et en même temps ils ne veulent rien comprendre, la zombification capitaliste les ayant modelés ainsi.
Il est ici évident que les principes historiques de la Gauche historique – plaçant le niveau de conscience au centre des préoccupations – est tout à fait juste. Que reste-t-il des gilets jaunes, des grèves d’esprit syndical, des mobilisations électorales? Pratiquement rien, et en tout cas rien qui ne fasse le poids face à la déferlante d’une crise élargissant toujours plus son rayon d’action et les domaines touchés.
Il aurait fallu former politiquement, éduquer idéologiquement, développer culturellement… Pratiquement rien n’a été fait, en raison de forces trop faibles et isolées, et le résultat est là. Ou, plus exactement, il est en cours d’expression, et on n’en est qu’au début. La société française va littéralement se fracasser ; dans deux ans, même dans une année, elle n’aura guère à voir avec ce qu’elle aura été aujourd’hui. Même déjà aujourd’hui, l’année passé semble bien loin. Dire il y a cinq ans c’est comme parler d’il y a une éternité. Et pour les gens, dire il y a trente ans, c’est parler d’un paradis perdu, aux contours irréels.
La guerre en Ukraine, la pandémie, le réchauffement climatique, la crise économique, la montée des populismes et des nationalismes, le turbocapitalisme ultra-agressif à la Netflix, Uber, LGBT et Amazon… Les Français sont carbonisés face à ces phénomènes, ils sont écrasés ou emportés, épuisés ou agités, oscillant entre acceptation fataliste et acceptation militante de l’effondrement d’une civilisation.
Car c’est de cela qu’il s’agit. L’humanité va devoir construire une nouvelle civilisation et il est désormais clair qu’elle ne le fera pas parce qu’elle l’a choisie, mais parce que l’Histoire l’y aura forcé. Quel gâchis ! 150 ans de mouvement ouvrier pour en arriver là! Tel est le prix à payer de ne pas avoir su établir une forteresse intellectuelle, idéologique, culturelle, morale face au capitalisme.
Il est de toutes façons trop tard pour regarder le passé et ce qui aurait dû être fait. On est désormais déjà dans la grande transformation en cours. Et là chacun doit se dire en soi-même : que vais-je être dans trente ans ? Une partie de la solution, ou une partie du problème ? Quel monde vais-je laisser, de quoi est-ce que je vais être responsable, comment me jugera-t-on vu de l’avenir ?
Au fond, les Français savent bien tout cela. Ils espèrent pourtant encore et encore qu’ils n’auront pas ce terrible effort à fournir de s’arracher à la civilisation capitaliste. Ils veulent en être jusqu’au bout, rêvant que ce confort corrompu se transforme en rêve éternel.
Et en même temps ils s’effondrent déjà, intellectuellement, psychiquement, moralement, économiquement, politiquement… Le capitalisme en décadence est en train des les entraîner avec lui dans une gigantesque chute.
Alors hors de question perdre du temps avec ce qui semblera une immense vanité vue de l’avenir. Il faut se concentrer sur l’essentiel. Et agauche.org est l’organe de cet essentiel !