C’est le branle-le-bas de combat.
De nombreuses entreprises de la superpuissance américaine ont une présence massive dans la vie quotidienne des gens, aussi profitent-elles pour influencer massivement les mentalités. Le « venez comme vous êtes » de McDonald’s est emblématique du libéralisme libertaire, et toutes les grandes entreprises américaines font évidemment également la promotion de l’idéologie LGBTQ.
On a la preuve de cela avec l’initiative de Meta, l’entreprise qui possède Facebook et Instagram. Sur ces deux plate-formes, les appels à la violence sont normalement récusés, mais ils sont désormais autorisés sous une certaine forme pour les pays suivants : l’Arménie, l’Azerbaïdjan, l’Estonie, la Géorgie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie, la Russie, la Slovaquie et l’Ukraine. On parle ici d’appels à tuer le président russe Vladimir Poutine, le président biélorusse Alexandre Loukachenko, les soldats russes.
On ne parle pas que de l’Ukraine ici ; il s’agit clairement d’ouvrir un véritable espace politique sur Facebook et Instagram dans toute une série de pays, dans le sens d’une mobilisation au service de l’OTAN. Quand on dit politique, c’est naturellement sous une forme primitive, irrationnelle, immédiatiste, propre à ces réseaux sociaux consommateurs. C’est de l’émotion vite fait mal fait, avec une expression minimale relevant d’une conscience consumériste.
C’est aussi une manière de valider a posteriori les messages plus ou moins délirants appelant à la violence contre la Russie. Inna Shevchenko a décidé de battre tous les records en ce domaine d’ailleurs. Désormais elle raconte que la Russie menace ouvertement d’attaquer des avions commerciaux (la porte-parole du ministre des affaires étrangères parlant en réalité du marché noir découlant de l’arrivée massive d’armes occidentales). Il faudrait donc que l’OTAN intervienne, etc. Elle n’a jamais parlé de l’Ukraine avant l’invasion, ne s’en inquiétant jamais, et là elle eut une guerre à l’échelle continentale, à l’abri depuis Paris – c’est typique des réseaux sociaux.
Ce n’est pas tout : la valorisation du bataillon Azov – mis en place par les nazis et désormais une composante de l’armée ukrainienne – est désormais acceptée sur Facebook et Instagram. Ce qui a le mérite d’être absolument clair sur l’engagement total de Meta au service du régime ukrainien, dont le bataillon Azov est un dispositif d’appui essentiel.
Il n’y a là, somme toute, rien d’étonnant, même s’il est marquant que le monde des réseaux sociaux, qui se veut bisounours – LGBTQ – ultra-individualisme, assume désormais la propagande belliciste à l’occasion d’une guerre. Cependant, cela montre qu’il y a bien un 24 heures sur 24 du capitalisme, que la forme même des produits capitalistes tend à un certain style de vie.
Qui est prisonnier des réseaux sociaux, qui va au McDonald’s, se goinfre de séries…. et la liste est longue des objets capitalistes de consommation au quotidien, se voit inéluctablement corrompu d’une manière ou d’une autre. Le capitalisme est omniprésent et il ne suffit pas de prétendre le critiquer ou de vouloir le renverser, il faut une approche qui soit capable d’en vaincre l’emprise.
Sans cela, d’une partie de la solution qu’on veut être, on reste une partie du problème.