Sous cette forme et à ce moment de notre histoire, Emmanuel Macron ne représente rien de positif pour notre pays et pour les masses. Toute sa démarche vise concrètement à briser l’esprit collectif, démocratique, et les avancées sociales au profit de l’individualisme bourgeois et du capitalisme entrepreneurial.
Sur le plan culturel, sa politique est celle d’un cosmopolite qui nie la culture française, au nom d’un différentialisme universel, relativiste, où tout se vaut, encourageant la « diversité », c’est à dire l’atomisation. Sur ce point, il vide littéralement le contenu de la gauche post-moderne dont il n’hésite pas à s’approprier le jargon « post-colonial » ou même franchement raciste, comme l’illustre sa sortie à l’occasion du « Plan Banlieue ».
Or, la gauche, celle qui connaît sa tradition, celle qui réfléchit et n’a pas cédé au post-modernisme décadent, défend précisément tout l’inverse. La défense de la culture française collective, en vue de sa fusion universelle, est une base essentielle de la démocratie, il y a lieu de défendre et promouvoir la culture, au singulier, dans l’héritage et le métissage, contre les cultures au pluriel, dans la consommation et l’individualisme.
Mais plus profondément encore, Emmanuel Macron et son gouvernement entendent élargir la base capitaliste de l’économie et de la société de notre pays. Il est question ici d’un véritable assaut libéral généralisé, il s’agit concrètement de briser ce qui reste du consensus social construit après la Seconde Guerre Mondiale : mater les syndicats, atomiser les travailleurs à l’échelle de l’entreprise, voire de leur propre « carrière » individuelle, briser les secteurs jusque là protégés du capitalisme d’État comme la SNCF, EDF et les entreprises publiques, l’Éducation Nationale, les Hôpitaux.
Il s’agit donc de faire reculer la fonction sociale de l’État et de développer à sa place les entreprises privées. Emmanuel Macron présente cela comme une « libéralisation », un « progrès » à même de donner à chacun la possibilité de faire carrière en relançant un nouveau cycle de croissance.
Et il est évident de dire que cela parle à une partie des masses, travaillées malheureusement par l’esprit compétitif et individualiste de la bourgeoisie. Même par attentisme, elles comprennent cette perspective et espèrent, faussement, pouvoir compter sur la réussite de ce « pari ».
Cela constitue un frein conséquent aux mouvements sociaux qui se dressent légitimement contre la politique libérale du gouvernement pour en faire un puissant mouvement de masse, mais ceux-ci, captifs des insuffisances idéologiques et des outrances stériles de la « gauche » populiste ou racialiste post-moderne, échouent face à la simple volonté du gouvernement. Cela parce que sa base populaire est plus large, même par attentisme ou résignation, mais les masses ne suivent pas cette gauche.
Pour rendre son projet plus crédible aux yeux des masses, Emmanuel Macron s’appuie sur les secteurs dynamiques du capitalisme français, ceux qui incarnent le mieux sa réussite : la « French Tech », les ETI (ou Entreprises de Taille Intermédiaire) et les banques de type « capital-investissement » comme Rothschild & Cie où travailla justement Emmanuel Macron.
Contrairement aux fantasmes démagogiques et antisémites des populistes, cette banque et le secteur bancaire auquel elle appartient ne sont pas d’immenses entreprises monopolistiques investissant massivement dans la spéculation, comme le sont la Société Générale ou le Crédit Lyonnais par exemple.
Emmanuel Macron s’appuie au contraire sur le capitalisme encore peu concentré, qui laisse croire à la possibilité de chacun de se lancer, de tenter sa chance, devenir entrepreneur, « monter sa boîte », ou du moins de faire une belle « carrière ».
Enfin sur ce plan, Emmanuel Macron propose aussi une « aventure » à travers l’Union Européenne : lancer les entreprises françaises à la conquête du continent et même du monde. D’où son activité militariste et sa promotion par ailleurs de la défense européenne. Emmanuel Macron est ouvertement un partisan de l’aventure capitaliste impérialiste. Il y a donc un réel élan libéral et face à celui-ci, il faut impérativement être à la hauteur, sortir des caricatures « merguez-fanfares » de la gauche populiste et élever le niveau, les exigences.
Enfin et pour finir, sur le plan plus politique, s’appuyant sur la figure qu’il représente et sur son projet économique et social, il faut encore ajouter qu’Emmanuel Macron développe l’idée d’un gouvernement d’expert, réduit, efficace, pragmatique.
En cela, il développe toute une culture de la pratique autoritaire du pouvoir, déjà profondément encouragée par les institutions et surtout contribue très dangereusement à dépolitiser notre société, d’autant que chaque « citoyen » est invité à participer à l’aventure libérale qui s’ouvre non par la pratique démocratique, en se politisant, mais tout au contraire individuellement, en se concentrant sur sa carrière, qui commence au bas mot dès le lycée, sur sa volonté d’entreprendre et sur la consommation, y compris « culturelle ».
Cela est d’autant plus inquiétant qu’Emmanuel Macron et son gouvernement développent eux-mêmes tout un discours populiste articulé entre la lutte des « progressistes » qu’ils seraient, contre leurs adversaires « conservateurs ». On voit bien là que le danger est justement de valider le populisme de tendance nationaliste qui lui répond sur le mode « le peuple » contre « l’oligarchie », que ce soit à la sauce FN ou même FI, entraînant dangereusement notre pays dans la pente de l’effondrement vers le fascisme.
Emmanuel Macron ne représente donc pas simplement qu’un libéral voulant privatiser les secteurs protégé du service public qu’il s’agirait de défendre. Il représente une figure de la bourgeoisie nationale française particulièrement développée, différentialiste et relativiste sur le plan culturel, partisan d’un capitalisme généralisé et impérialiste (bien qu’encore avec comme base le capitalisme industriel le moins concentré appuyé sur un secteur bancaire relativement encore diversifié), et autoritaire et anti-démocratique sur le plan politique.
A tous les niveaux, Emmanuel Macron représente un réel danger, pour le dire clairement, une étape dans l’organisation d’un courant fasciste dans notre pays.
Non qu’il le soit en lui-même bien entendu, mais parce que si on analyse les bases qu’il construit, elles ne sont en rien démocratiques, mais elles préparent précisément ce dont à besoin un État autoritaire, voire même plus tard fasciste, ouvrant en tout cas la voie à la dictature directe des monopoles et des secteurs les plus réactionnaires de la bourgeoisie en affaiblissant la société et l’esprit collectif.
La tâche de la Gauche face à Emmanuel Macron et à son « monde », c’est-à-dire la bourgeoisie libérale, est donc absolument d’être au niveau, de politiser les mouvements sociaux qui se développent pour élever le niveau de conscience, générer des organismes de lutte collective, rassemblant le plus grand nombre pour l’organiser, démocratiquement, dépassant les revendications velléitaires et creuse ainsi que l’horizon borné des principales organisations syndicales qui se contentent beaucoup trop souvent de négocier à leur avantage la « cogestion » des secteurs privilégiés dans une démarche corporatiste.
Il s’agit de rompre avec les illusions libérales décadentes d’Emmanuel Macron tout en refusant parallèlement son « double » sous la forme du populisme, quelque puisse être sa forme, car celui-ci c’est la défaite, c’est la porte vers le nationalisme. Ces deux courants, libéralisme ou populisme, l’un comme l’autre nous entraînant, par des voies différentes mais parallèle, au fascisme et à la guerre.