Le premier juillet est paru dans le journal Libération une tribune signée par des photographes professionnels.
Par ce texte adressé à la ministre de la Culture et au Président de la République, ils font état de la situation économique de plus en plus précaire des membres de leur profession. En appelant à la place particulière de la photographie dans la culture nationale, ils attendent suite à cette lettre ouverte des mesures concrètes de la part de l’État.
Mais le problème est simple et seule la Gauche peut le résoudre. En effet, le capitalisme exerce une pression terrible et a besoin de serviteurs sans réflexion, qu’il peut pressuriser à merci. Les photographes se font ainsi littéralement broyer, comme les journalistes ou les professions intellectuelles en général.
Le texte ici est d’esprit corporatiste surtout : il rate l’important.
La photographie ne s’est jamais si bien portée, les photographes jamais si mal
Face à la situation critique de la création photographique française, les photographes – indépendants, membres d’agences ou de collectifs – se réunissent pour alerter le gouvernement, et notamment Françoise Nyssen, ministre de la Culture, du risque de disparition de leur métier. Un début de dialogue semble s’être amorcé mais la liste des points critiques est encore longue et il y a urgence.
La photographie en marge de la politique culturelle de l’État
Le manque de soutien à la création photographique française est flagrant, alors que la majorité des arts en bénéficient : le CNC pour l’audiovisuel, les subventions pour le théâtre, les quotas pour la musique, le statut des intermittents, etc. A l’heure où l’image est un enjeu majeur de l’avenir, ce vide est incompréhensible. En occultant ses besoins, la production photographique s’assèche et les sources d’information et de contenus se réduisent. Nous demandons un soutien concret par le biais d’aides à la création et à la production pour les photographes.
Une généralisation de la gratuité
La photographie est trop souvent liée à la notion de gratuité. De plus en plus de lieux ou d’événements ne prévoient aucun droit d’auteur pour les photographes. Pourtant fournisseur de la matière première – et alors que tous les autres postes sont rémunérés (du menuisier qui construit les cimaises au directeur du lieu ou du festival) -, le photographe est trop souvent le seul à ne pas l’être.
Cet état de fait est d’autant plus inacceptable que nombre de ces événements reçoivent des subventions publiques. Nous vous demandons de faire respecter le droit de présentation – donc que les obligations de rémunération des photographes soient effectives – et que les subventions soient conditionnées par l’application de celles-ci. Nous demandons également qu’un pourcentage non négligeable des subventions pour les événements photographiques soit obligatoirement alloué aux droits d’auteurs des photographes y participant.
Une presse hors la loi
Le non-respect des délais légaux de paiement reste d’actualité. Plusieurs grands groupes de presse continuent de prolonger ces délais bien au-delà de ce que la loi leur impose. Plusieurs agences et collectifs de photographes ont dû déposer le bilan cette année, de nombreux autres sont au bord de l’asphyxie. Nous demandons à l’Etat de conditionner ses subventions aux groupes de presse au respect des délais légaux de paiement. Nous demandons également d’interdire à ces groupes de contraindre les photographes ou de conditionner leurs commandes à une rediffusion de leurs images par ces mêmes groupes de presse.
Chutes des tarifs
Profitant d’une situation économique critique, de nombreux commanditaires réduisent d’année en année le taux de rémunération des commandes passées aux photographes, ainsi que les tarifs de publication des photographies issues de leurs archives. Les photographies sont donc actuellement achetées en dessous d’un coût de production très lourd pour les photographes. Le tarif minimum de la pige journalière mis en place par décret il y a un an est irréaliste et indécent ! Nous demandons la mise en place d’une régulation des tarifs basée sur les coûts réels de production des photographies.
Concurrence déloyale
L’Etat français soutient financièrement l’Agence France-Presse, lui permettant de réduire ses tarifs et de proposer aux médias des forfaits d’utilisation que les structures indépendantes ne peuvent pratiquer. Cet état de fait contribue grandement à la précarité des photographes et à l’extinction des agences et collectifs indépendants. Nous demandons que cette concurrence déloyale et illégale cesse.
En conclusion, les photographes sont les parents pauvres de la discipline artistique la moins considérée par les institutions françaises. Et cela, malgré la richesse de leur production et bien que la photographie soit née en France, que les événements photographiques les plus emblématiques s’y déroulent, que l’image et la photographie soient l’un des enjeux majeurs des années à venir et que ce secteur génère une réelle économie. Nous, photographes français, vous sollicitons pour qu’elle puisse continuer à vivre, à se développer et à enrichir le pays où elle est née.
Cette lettre a été signée par de très nombreux photographes – tels Raymond Depardon, Bernard Plossu, Françoise Huguier, Jane Evelyn Atwood… – indépendants ou appartenant à diverses agences, collectifs ou organismes. Parmis eux, le collectif Argos, l’agence DocPix, l’association Divergence-Images, Graphix-Images, Myop, Noor, PAJ (Photographes, auteurs, journalistes), Pasco & Co, le collectif Périscope, le Pictorium, Pink, Plainpicture, l’Union des photographes professionnels, le collectif Riva Press, la maison de photographes Signatures, la Société des auteurs des arts visuels et l’image fixe, le Syndicat national des agences photographiques d’illustration générale, le collectif Tendance floue, VU, etc.