La zone devient une poudrière.
Le 20 juillet 2022, l’Union européenne a proposé un plan de réduction de la consommation du gaz de 15%, afin d’aider les pays membres restant très dépendants du gaz russe. Immédiatement, la Grèce, l’Espagne et le Portugal ont refusé.
Et le 21 juillet 2022, le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto était à Moscou pour acheter 700 millions de mètres cubes supplémentaires de gaz naturel . Il y a même eu une conférence de presse à ce sujet. La Hongrie dépend de la Russie pour 65% de son pétrole et 80% de son gaz.
Le président hongrois Viktor Orban a par la suite expliqué le 23 juillet dans un discours que l’Ukraine ne pouvait pas gagner la guerre, que les sanctions ne servaient à rien contre la Russie et que par contre les gouvernements européens allaient tomber comme des dominos. La seule solution est un dialogue américano-russe. « Ce n’est pas notre guerre » a-t-il souligné, qualifiant de « propagande ukrainienne » l’idée que la Russie attaque ensuite un membre de l’OTAN comme la Pologne ou la Lituanie.
Là où cela devient d’autant plus intéressant – et d’autant plus complexe – c’est que ce discours a été tenu en Roumanie, lors d’une université d’été annuelle, à Baile Tusnad, un lieu de cure thermale, en Transylvanie. Pourquoi là-bas ? Car il y a 1,4 million de Hongrois ethniques en Roumanie, qu’historiquement la Hongrie a tenté d’annexer lors de l’alliance avec l’Allemagne nazie pendant la seconde guerre mondiale.
Et il y a plus de 150 000 Hongrois ethniques… en Ukraine, dans la région de la Transcarpatie.
Là où cela se corse, c’est que de manière officielle, l’armée hongroise est en alerte et prête à intervenir pour aider/sauver les Hongrois ethniques d’Ukraine.
En fait, depuis le Traité de Trianon de 1920, la Hongrie réactionnaire considère la récupération de la grande Hongrie comme sa mission. Ce fut la ligne de la Hongrie pendant la deuxième guerre mondiale, qui a réalisé nombre d’annexions aux dépens de ses voisins.
Il serait vain en effet de considérer que lors de la marche à la guerre, il y aurait un affrontement unilatéral bloc contre bloc. Les intérêts des uns ne sont jamais les intérêts des autres ; seul le prolétariat a une approche universelle. Pour cette raison, les contradictions entre puissances ne s’arrêtent jamais, elles peuvent être secondaires à certains moments, par des alliances, temporairement, voilà tout. C’est cela qui rend également inexorable la tendance à la guerre.