Il faudra absolument analyser le phénomène.
Il n’y a en soi rien de nouveau dans le phénomène de l’abandon durant l’été des animaux définis comme animaux de compagnie. Cependant, l’époque a changé ; à moins d’être aveugle, on voit bien, on sent bien qu’une séquence historique totalement nouvelle s’est ouverte au début de l’année 2020. Pour cette raison, il serait erroné de ne pas voir en l’accroissement du nombre d’animaux abandonnés cet été 2022 autre chose qu’un simple ajout quantitatif.
On en a une preuve d’ailleurs avec le fait que les refuges connaissent déjà une saturation au tout début du mois d’août, un aspect essentiel qu’il faudra bien analyser. Il y a un saut qualitatif, une digue qui a cédé, un changement fondamental de la situation des animaux de compagnie. Il y a, tout simplement, une crise.
Il faudra impérativement que, durant le mois de septembre, il y ait une étude approfondie de ce phénomène. Il le faut, parce qu’une situation nouvelle exige une compréhension nouvelle, sans quoi on perd tous les enjeux. Qui veut aider les animaux doit comprendre la nature du processus en cours, sans compter que c’est un processus de portée générale par ailleurs, puisque pour le dire simplement, tout se casse la gueule.
Ce qu’on risque en tout cas déjà, c’est l’effondrement structurel des refuges. Cette tendance était déjà apparue concrètement ces derniers mois, car les gens des refuges sont à bout et sans le sou. Mais là il est possible que ce soit le coup de grâce et que la situation soit celle d’un effondrement de grande portée, avec la disparition de nombreuses structures, dans des proportions marquantes.
Il faut noter aussi que la vague d’abandons est un échec complet de toutes les campagnes pédagogiques effectuées en ce sens depuis plusieurs années. Il n’y aucune avancée concrète alors que le problème est connu, médiatisé, dénoncé. Et non seulement il n’y a aucune avancée, mais on recule. Il y a un problème de fond, mais encore une fois la situation a changé et on ne peut pas regarder les choses avec les lunettes du passé, ne serait-ce que celles d’il y a deux ans.
La question de fond est très vraisemblablement, mais justement il faut le vérifier, que les abandons sont liés aux achats compulsifs des périodes de confinement. Il faut absolument savoir si c’est le cas. SI c’est le cas, alors il faut partir du principe que les gens n’ont rien compris à la signification mondiale de la pandémie, à sa signification écologique, et ont décidé de se comporter comme des barbares individualistes ultra-capitalistes. Cela veut dire que c’est le désastre.
SI ce n’est pas le cas, alors il faut voir dans quelle mesure ce n’est pas le cas et si les gens ayant pris des animaux de compagnie pendant le confinement ont établi un nouveau rapport aux animaux. Après tout, cela pourrait être possible : les gens auraient alors compris que la pandémie était l’expression du dérèglement de l’équilibre naturel sur Terre par une humanité au mode de vie capitaliste destructeur… et ils comprendraient l’importance des animaux.
Il ne faut toutefois pas se faire d’illusions, c’est bien plus le désastre qui semble être l’arrière-plan d’une situation de crise sans pareil pour les refuges pour animaux. Car là on semble atteindre la situation où il n’est plus possible de s’en sortir et où l’effondrement des structures, telles des dominos, semble inéluctable. Il est évident que la situation des refuges d’ici décembre 2022 aura totalement changé en France.
C’est un tournant et un mauvais tournant, un de plus !