La question de la route doit être posée démocratiquement.
Lorsque le peuple organisé de manière démocratique prendra en mains la question des déplacements sur la route, il lui faudra discuter de ce qu’est un véhicule. Quel usage doit-il avoir, comment doit-il être produit, qui doit s’en servir, et quel énergie doit-il utiliser pour se mettre en mouvement ?
Il a déjà été dit à maintes reprises que l’électrique, vendu comme l’avenir du transport notamment par le bourgeois décadent Elon Musk avec sa marque de voitures tragiquement nommée Tesla, est une supercherie. Cela produit des véhicules lourds, aux batteries polluantes et non-recyclables, qui reposent avant tout sur le développement du nucléaire pour continuer de fonctionner… Il faudrait passer au tout électrique d’ici une poignée d’années, rien que ça. Alors même que le prix de l’énergie monte en flèche, alors même que des coupures de courant sont déjà prévues de par l’incapacité de la bourgeoisie à produire les conditions nécessaires au maintien d’une grille énergétique saine.
Plus un véhicule est lourd, plus ses freins doivent être puissants pour stopper l’inertie de la masse en mouvement. Or, l’usure des freins provoque des rejets de particules fines. Plus un véhicule est lourd, plus ses pneus sont soumis à de fortes contraintes, et des pneus qui s’usent rejettent aussi des particules fines dans l’atmosphère. Tous ceux qui se posent sérieusement la question de l’avenir écologique de l’humanité le savent déjà, et savent également que les véhicules électriques ne sont en réalité qu’une manière à peine dissimulée derrière un maigre argument écologique d’ouvrir en grand les portes d’un marché qui ne demande qu’à grossir.
Alors quoi ? Vive les véhicules thermiques, puisque l’électrique n’est pas meilleur ? Évidemment, les choses ne sont pas si simples. Il ne faut pas confondre dénonciation du tout électrique et défense unilatérale du thermique. Il s’agit avant tout de comprendre comment fonctionnent ces véhicules. Un moteur thermique utilise un carburant à brûler pour générer de l’énergie mettant des pièces mécaniques en mouvement, mouvement lui-même transmis jusqu’aux roues motrices par divers moyens plus ou moins complexes. Un moteur fonctionne sur une plage régime idéale, et des rapports (ou vitesses) sont utilisés pour démultiplier la puissance et le couple moteurs. C’est en fait comme un vélo : il y a des plateaux et des pignons qui permettent de démultiplier la force de nos jambes, ce qui permet d’atteindre des vitesses élevées. Difficile de commencer à pédaler sur le grand plateau et le petit pignon, car la démultiplication de force est énorme en comparaison de l’énergie que nos jambes peuvent développer : on ne peut pas développer assez de couple (force qui entraîne la roue dans sa rotation) pour pédaler dans ces conditions. Pour une voiture thermique, c’est pareil : difficile de démarrer en 6e par manque de couple, et difficile d’atteindre 110kmh en 1ère par manque de puissance (vitesse à laquelle la roue sera en mesure de tourner).
Mais en électrique, le moteur donne toute sa puissance et tout son couple immédiatement, car il n’y a pas de pistons qui montent et descendent dans des cylindres pour générer de l’énergie envoyée jusqu’aux roues par la transmission, il n’y a pas de combustions avec des temps morts mécaniques liés à l’injection de carburant et à l’évacuation des gaz d’essence brûlée et d’air pollué via l’échappement. Ce n’est qu’une histoire de dosage de l’accélérateur que le conducteur doit gérer seul. En électrique, tout est instantané, il n’y a pas de mollesse jusqu’au moment où le moteur est dans sa plage de régime idéale. Cela donne des véhicules extrêmement nerveux, qu’il faut manier avec prudence pour ne pas faire d’excès… Et qui à cause du poids extrême des batteries doivent être stoppés par une force de freinage très élevée.
La pertinence de la voiture électrique, et des véhicules électriques en général, est par conséquent à remettre en question, et à réserver à certains usages. Un magasinier en entrepôt fermé a bien évidemment besoin d’un chariot élévateur électrique plutôt que thermique pour des raisons de pollution de l’air sur l’espace de travail. Des travailleurs couvrant de larges distances en véhicule tôt le matin ou tard le soir, aux heures où les bruits de moteur gênent le plus de monde, auraient eux aussi besoin de l’électrique. Mais ont-ils absolument besoin d’une voiture électrique pour se rendre au travail ? Plus on creuse le sujet, plus on s’aperçoit qu’en réalité, ce sont avant tout les moyens de transport individuels qui posent problème. Combien de fois remarque-t-on, coincés dans les bouchons, que nous sommes seul dans notre voiture cinq places ? Et que les dizaines, les centaines, les milliers d’autres automobilistes sont tous aussi seuls que nous dans leurs propres voitures ?