La CGT est l’un des principaux outils du capitalisme.
La « gauche de la gauche » est perplexe. Elle mise absolument tout sur la CGT, parce qu’elle se soumet au syndicalisme. Cependant, elle voit qu’après le succès des manifestations du 19 janvier 2023, la journée suivante a été programmée pour le 31 janvier, soit aujourd’hui. Cela a fait loin, et n’aurait-il pas été logique de précipiter les choses ?
D’autant plus que depuis le 19 et avant le 31, la CGT a organisé avec FO, la FSU et Solidaires, de multiples… marches aux flambeaux : à Paris, Avignon, Limoges, Périgueux, Béziers, Nîmes, Marseille…
Des marches aux flambeaux ! Faut-il rappeler que ce genre de démonstration relève de l’extrême-Droite historiquement ? Et ce n’est pas pour rien : il y a une sorte de solennité malsaine, d’exigence mauvaise de « l’ordre » qui se dégage d’une telle initiative.
C’est totalement extérieur historiquement au mouvement ouvrier. Cela montre la nullité des syndicalistes, qui sont entièrement coupés de l’Histoire et vivotent au jour le jour dans le réformisme au sein du capitalisme et dans l’inculture.
Et c’est là qu’on voit à quel point la mythomanie syndicaliste révolutionnaire conditionne les raisonnements et les démarches de la « gauche de la gauche ». Comme avant 1905, il y a l’idée d’une division du travail et on attend du syndicat qu’il massifie la contestation. Les « politiques » se contentent de faire de la propagande entre les périodes de contestation.
C’était déjà faux avant 1905. La social-démocratie avait parfaitement montré que le syndicat doit être soumis au Parti. Mais c’est encore plus faux en 2023. Pourquoi ? Parce qu’entre-temps, la CGT est devenu un élément essentiel du fonctionnement du capitalisme français.
La grande preuve historique, c’est que la CGT a été le plus grand obstacle à la contestation en mai – juin 1968. Le mouvement remettait en cause le régime, les valeurs dominantes – la CGT a tout réduit à de l’économisme, en empêchant les ouvriers de rejoindre les organisations d’extrême-Gauche voulant la révolution.
Une autre preuve, c’est cette permanence de l’idéologie de la merguez, propre au délégué syndical toujours enclin au parasitisme social, et dont la seule ambition est de proposer de meilleurs projets à l’État et aux entreprises !
Difficile de faire plus ennuyeux, sans envergure, plus corporatiste, sans culture, que les cortèges syndicaux et en particulier ceux de la CGT.
En considérant la CGT comme le seul syndicat authentique, en lui attribuant des vertus contestataires, la gauche de la gauche montre qu’elle n’a pas d’ambition révolutionnaire. Elle indique par sa soumission à la CGT qu’elle désire simplement une version sociale du capitalisme d’un pays riche comme la France.
S’il en était autrement, la gauche de la gauche romprait avec la CGT, qui est l’un des grands vecteurs de l’idéologie de l’ouvrier corrompu par le capitalisme qui s’achète un petite propriété et veut vivre sa petite vie à l’écart de toute responsabilité historique.
S’il en était autrement, la gauche de la gauche se tournerait vers la culture pour affronter l’aliénation du 24 heures sur 24 du capitalisme.
Depuis plus de cinquante ans, le capitalisme ne connaît en France aucune contestation majeure. Et la CGT est un pilier de cette pacification sociale.
Il va de soi qu’à moins de nier la réalité, il est très facile de voir ça. Mais comme la « gauche de la gauche » est dans la mythomanie, elle en revient toujours à accorder à la CGT des valeurs magiques.
La « gauche de la gauche » aurait un formidable projet et la CGT permettrait, miraculeusement, par la « grève générale », de changer les choses en profondeur, dans un sens anticapitaliste ou on ne sait quoi.
En attendant… l’opportunisme est justifié, car tout dépendrait de ce moment formidable qu’il faut espérer – c’est en ce sens un « mythe mobilisateur ». Le véritable concepteur de la « gauche de la gauche » française, c’est Georges Sorel.