Un bricolage militant pour justifier un activisme dispersé.
De nombreux groupes activistes ont signé une tribune. Celle-ci, pour résumer, s’exprime contre la répression étatique généralisée qui existerait, notamment en raison des mobilisations contre la réforme des retraites.
Il y a toujours quelque chose étrange, du point de vue de la Gauche historique, de voir un activisme dispersé, un actionnisme se définissant comme « subversif », se définir comme antifasciste. Pourquoi ces gens ne se disent-ils pas simplement révolutionnaires?
L’une des choses les plus incohérentes qui soient en France est vraiment que des gens d’orientation anarchiste (ou trotskiste) se revendiquent de l’antifascisme, alors que l’antifascisme est purement « frontiste », « étapiste », à rebours donc de tout « anticapitalisme » en mode révolution permanente.
Et, justement, ces gens utilisent « l’antifascisme », défini à leur manière, pour la surenchère revendicative et la critique du « système ». Cela n’a pas de sens et le caractère velléitaire de la tribune commune qu’ils signent est patent.
Imaginaire et fictif même, parce que prétendre qu’en France il y aurait une « répression », alors qu’on est bien au chaud en occident et qu’il ne se passe rien, que des vitrines sont tout le temps cassées en manifestations sans réelle réaction étatique… Franchement… Ce n’est pas réaliste.
C’est vraiment de l’imagination dans la France bien aseptisée du 24 heures sur 24 du capitalisme, où le relativisme culturel le plus grand domine, au service du libéralisme généralisé.
Et, de toutes façons, si on veut parler « constructivement ». Il n’y a pas un mot sur la guerre, déjà. Alors que le fascisme sert toujours des projets de guerre. Peut-on être antifasciste sans dénoncer l’Otan, sans combattre la guerre occidentale contre la Russie?
Non, on ne le peut pas. Le fascisme est toujours une réorganisation de la société pour la guerre impérialiste. On ne peut pas séparer le fascisme de la guerre.
Ensuite, en France toute la scène activiste d’extrême-Droite se revendique des nazis ukrainiens d’Azov, les prend comme modèle, est en lien avec eux, envoie des gens là-bas.
C’est tellement vrai que la scène d’extrême-Droite française a abandonné le nationalisme raciste, pour passer au racialisme « européen ». Ce qui est un changement majeur, rendu nécessaire par leur mise au service de l’Otan et la guerre en Ukraine.
Peut-on alors faire l’économie de parler d’Azov, alors que c’est l’exemple suivi à tous les niveaux par les activistes brutaux de l’extrême-Droite française ?
Non, on ne le peut pas. C’est bien la preuve que l’antifascisme n’est pas un levier pour « l’anticapitalisme », mais une étape défensive de type démocratique – populaire. C’est là la conception de la Gauche historique, à l’opposé de l’anarchisme (et du trotskisme) que reflète la tribune.
« La lutte antifasciste est indissociable de la lutte anticapitaliste
Depuis plusieurs mois, nous assistons à une montée en puissance de la contestation contre la réforme des retraites et surtout à une répression qui s’intensifie.
En France ou ailleurs, c’est bien le pouvoir en place qui a le monopole de la violence et la police représente son bras armé chargé d’assurer une répression constante envers les habitant-es des quartiers populaires, les personnes LGBTQIA+, les personnes handies/fols, les personnes racisées et celles qui subissent le sexisme, les militant-es écolos, syndicaux, politiques et associatifs ou encore les ultras dans les stades.
En bref, tout celleux jugé-es dangereu-x-ses, deviant-es, susceptible de menacer la stabilité du système en place et de l’idéologie dominante,
Notre antifascisme est culturel et social. Nous nous élèverons toujours contre la casse de nos conquis sociaux, la montée de la précarité, le renforcement des dispositifs sécuritaires, la violence d’état et la haine.
L’avenir de notre société ne doit pas être entre leurs mains, mais bel et bien entre les mains de ceux et celles qui cherchent à dépasser le système actuel et à proposer une alternative solidaire, cohérente, dénuée de toute oppression liée au genre, à la race et bien évidemment à la classe.
Mais l’idée qui fait de nous des antifascistes ne s’arrête pas là. Car la lutte antifasciste est indissociable de la lutte anticapitaliste.
Diviser les peuples, à travers des frontières, des barrières de papiers et de barbelés, considérer tel ou tel groupe supérieur aux autres, faire la guerre sans répit, écraser, piller des peuples entiers pour accéder aux richesses et au pouvoir absolu n’est pas l’obsession de quelques tyrans idéologues mais l’aboutissement mécanique du système économique capitaliste.
Ce système, en place depuis de trop nombreux siècles, s’accommode bien du fascisme, il le façonne et s’en nourrit. C’est même un outil précieux pour la bourgeoisie lorsqu’elle est en danger face à la lutte de celles et ceux qu’elle exploite.
Comment alors éradiquer le fascisme sans se débarrasser définitivement du capitalisme ?
Face aux réformes injustes qui profitent aux plus aisés et sont toujours subies par les plus démunis. Face aux gouvernants qui ne souhaitent ni entendre les syndicats, ni le peuple dans la rue. Face aux violences policières et aux nombreuses atteintes portées aux droits de grève et de manifestation. Face à leur projet de société, l’ordre en place qui s’écroule et leur vieux monde. Face à leur passage en force, montrons la nôtre.
Mobilisons nous toutes et tous immédiatement, avec détermination et radicalité jusqu’à la victoire. À l’intransigeance de la bourgeoisie, répondons par l’intransigeance de la rue. Quelles qu’en soient les méthodes.
Signataires :
Comité Antifa Saint-Étienne, AFA Paris-Banlieue, RAFAHL Le Puy, Metz Antifasciste, Antifa Social Club Marseille, Paris Queer Antifa, Collectif Antifa Picardie, Réseau Angevin Antifasciste, Offensive Antifasciste Bordeaux, Poitiers Antifasciste, Action Collective Antifasciste Valence, Collectif de Vigilance Antifa Saint-Brieuc, Red Wolfs Clermont, Clermont et environs Groupe Antifasciste, Jeune Garde (Lyon, Lille, Montpellier, Strasbourg, Paris), Action Antifasciste Grenoble, Groupe Antifasciste Lyon et Environs, Collectif Populaire Contre l’Extrême Droite (Toulouse), Collectif Antifasciste Orléans, Action Antifasciste Alpes-de-Haute-Provence, Union Antifasciste Tarn-et-Garonne, Bloc Antifasciste Nancy, Action Antifasciste Strasbourg, Collectif Antifasciste Tourangeau, Action Antifasciste Tolosa. »