Sa nature échappe aux protagonistes.
Il est parlé de manière ininterrompue, depuis plusieurs semaines, dans les médias occidentaux, de la contre-offensive ukrainienne qui aura lieu durant le Printemps. Parfois, c’est repoussé à l’été.
Cette contre-offensive est présentée de deux manières. D’une part, il est expliqué que le régime russe va s’effondrer, que l’armée russe échoue sur tous les plans. L’armée ukrainienne va donc vaincre.
D’autre part, plus rarement, il est expliqué que c’est la contre-offensive de la dernière chance pour forcer la Russie à cesser son « opération spéciale », étant donné que sur le long terme, la Russie serait gagnante.
Dans tous les cas, et c’est ça qui compte, la pression la plus grande est mise sur l’Ukraine pour qu’elle lance une opération militaire.
Les alliés objectifs de ce bellicisme occidental sont les nationalistes ukrainiens, totalement fanatisés et rêvant de détruire la « Moscovie ».
Il faut, paradoxalement, ajouter la Russie elle-même, qui a tout intérêt à une contre-offensive. En effet, dans une guerre moderne, attaquer c’est avoir des pertes terribles, en comparaison à la défense. Le seul moyen d’échapper à ça, c’est soit de réduire les actions au niveau de la guérilla, soit d’avoir une supériorité aérienne quasi totale.
La Russie pousse donc elle-même à la contre-offensive du régime ukrainien, dans une approche militaire d’ailleurs traditionnellement russe où l’ennemi est vaincu au moyen de « pinces ».
Pour cette raison, la Russie force le trait jusqu’à la caricature. Des lignes de fortifications particulièrement visibles sont établies en Crimée, le président Vladimir Poutine se rend à l’occasion de Pâques dans les régions de Kherson et Louhansk désormais intégrées à la Fédération de Russie.
Le dirigeant du groupe Wagner, Evgueni Prigogine, explique que l’opération spéciale est réussie et devrait se conclure, etc.
Tout cela ne tient pas debout pas une seule seconde, car la Russie ne s’arrêtera pas avant d’avoir pris Odessa, plus précisément toute la Nouvelle Russie mise en place par Catherine II.
Et, de toutes façons, la nature même du régime ukrainien implique un affrontement à mort. Le régime ukrainien veut détruire la Russie, et la Russie veut, si l’on veut, la suzeraineté sur l’Ukraine. Aucun compromis n’est possible.
Et, de toutes façons, on est dans le cadre de la guerre de repartage du monde, seul moyen de chercher à sortir de la crise. Les occidentaux ont besoin d’un régime ukrainien allant « jusqu’au bout ».
D’où l’acceptation, voire le soutien indirect, à toute l’agitation de l’extrême-Droite activiste européenne en soutien au régime ukrainien et aux nazis d’Azov. D’où le caractère unilatéral des discours médiatiques où le régime ukrainien serait démocratique et la Russie une tyrannie sanguinaire. D’où l’escalade dans l’envoi d’armes occidentales pour l’armée ukrainienne.
Les Ukrainiens ne sont plus maîtres de leur sort, pour peu qu’ils l’aient jamais été. Ils sont de la chair à canon pour un régime nationaliste et fanatique au service d’une guerre occidentale. Et si la défaite surgit, la Pologne et la Roumanie interviendront pour « sécuriser » la partie ouest du pays.
Le cynisme le plus grand prédomine quant au sort de l’Ukraine, pays exsangue, détruit en partie, endetté pour des décennies, avec une émigration massive.
La contre-offensive ukrainienne est, en ce sens, très clairement une opération reflétant les besoins occidentaux, tant militaires qu’idéologiques. Ils n’ont même plus de rapports avec le conflit militaire sur le terrain. Bien entendu, c’est à relativiser, car l’armée ukrainienne aimerait que ce soit bien le cas. D’où les incohérences sur tous les plans pour cette offensive qui ne vient toujours pas.
Mais elle est surtout un piège à tous les niveaux. Cela précipite dans un engrenage où tout le monde y a intérêt, sauf l’Ukraine. C’est pourtant inévitable. Seuls des naïfs qui croient encore que l’Ukraine cherche à se « libérer » peuvent croire que celle-ci a encore une marge de manoeuvre quelconque.
Elle l’aurait eu dans les six mois précédant le conflit armé. Nous avions annoncé la guerre et dit que l’Ukraine était menacée dans son existence. Entre-temps, le choix de la soumission à l’occident a activé son suicide national.
La contre-offensive de Printemps vient sceller ce drame. Et même si elle réussissait, imaginons – que serait l’Ukraine ? Une construction artificielle aux mains de fanatiques totalement au service de l’occident. Non, là est le drame, l’Ukraine a déjà perdu, et elle l’a elle-même choisie, ce qui est particulièrement terrible !
Telle est la force du poison nationaliste !