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La Chine entre en scène : acte 2

Elle fait ouvertement concurrence aux États-Unis.

Elle fait ouvertement concurrence aux États-Unis.

La République populaire de Chine avait marqué l’actualité le 24 février 2023 avec l’annonce d’un « plan » pour mettre fin au conflit entre l’Ukraine et la Russie au moyen du dialogue. C’était le premier acte d’une pièce savamment orchestrée, consistant en le fait de se placer diplomatiquement sur la scène mondiale en concurrence avec les États-Unis dans le cadre de la guerre mondiale pour le repartage du monde.

Cela fût une grande réussite et depuis la Chine n’a eu qu’à attendre que les événements se déroulent en sa faveur. Tant l’Ukraine elle-même que les Européens ont effectivement poussé pour qu’il y ait une communication directe entre la Chine et l’Ukraine, à propos du conflit.

C’est dorénavant chose faite, à l’initiative de l’Ukraine, comme a tenu à le souligner la diplomatie chinoise, appuyant ainsi son statut de superpuissance. Le mercredi 26 avril 2023, le président chinois Xi Jinping s’est en effet entretenu par téléphone avec le Président ukrainien Zelensky.

Ce dernier a parlé d’un appel « long et significatif » (il aurait duré près d’une heure) devant donner une forte impulsion au développement des relations bilatérales entre les deux pays.

Il en ressort deux choses. D’une part, un ambassadeur ukrainien en Chine a été nommé. Il s’agit d’un ancien ministre des Industries stratégiques, Pavlo Riabikine, pour un poste vacant depuis février 2021.

Le régime ukrainien, avec ses illuminations nationalistes s’imagine avoir un quelconque poids dans la scène internationale et pouvoir profiter diplomatiquement de la Chine avec cet ambassadeur ; il se fait encore une fois l’idiot utile du jeu des grandes puissances menant la 3e guerre mondiale.

Ce qui compte vraiment en revanche, c’est qu’il sera envoyé prochainement un « Représentant spécial du gouvernement chinois pour les affaires d’Europe et d’Asie centrale ». Il devra se rendre tant en Ukraine que dans d’autres pays pour, selon le ministère chinois des Affaires étrangères :

« mener des échanges approfondis avec différentes parties sur le règlement politique de la crise ukrainienne. »

On comprend tout de suite que ce médiateur a vocation à se rendre également en Russie pour mener des négociations, celles-ci devant servir non pas à la paix comme but principal, mais au rayonnement international de la Chine face aux États-Unis. Il s’agirait d’ailleurs de l’ancien vice-ministre des Affaires étrangères Li Hui, qui a été ambassadeur de Chine en Russie de 2009 à 2019.

Que ces négociations aboutissent ou non, cela ne change strictement rien à l’affaire car ce qui compte pour la Chine est uniquement de se placer et d’exister en opposition à la superpuissance américaine.

Le communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères appuie très clairement sur cette opposition, la superpuissance chinoise se posant en miroir inversée de la superpuissance américaine.

« La Chine n’est pas à l’origine de la crise ukrainienne, ni n’est partie à la crise. Membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies et grand pays responsable, elle ne reste pas les bras croisés ni ne jette de l’huile sur le feu, et encore moins en tire profit pour ses propres intérêts.

Ce qu’elle fait est désintéressé et impartial. Le dialogue et les négociations sont la seule solution viable. La guerre nucléaire ne fait pas de gagnant. »

Il faut bien souligner ici que, comme à son habitude, la Chine ne parle certainement pas « d’invasion russe », ni ne prononce le mot « guerre ». La Chine ne fait aucun mauvais coup à son allié russe qui est considéré comme une partie devant discuter.

« Il faut saisir les opportunités pour accumuler des conditions favorables au règlement politique de la crise maintenant que la réflexion et la voix de la raison de différentes parties se multiplient.

J’espère que les différentes parties tireront des enseignements profonds de la crise ukrainienne, et recherchent ensemble par dialogue une voie pour assurer la sécurité et la stabilité de long terme en Europe. »

La réaction de la Russie a été bien entendu très modérée, se contentant de rejeter la faute sur les Ukrainiens et les occidentaux ne voulant pas discuter. Prenant acte de la volonté de la Chine de « s’efforcer de mettre en place un processus de négociation », le ministère russe des Affaires étrangères a surtout dénoncé la partie adverse, ce qui fait directement le jeu de la Chine.

« Les autorités ukrainiennes et leurs soutiens occidentaux ont déjà démontré leur capacité à saper les initiatives de paix ».

De son côté, la superpuissance américaine s’est montrée forcément très ennuyée par le jeu de la superpuissance rivale. Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain John Kirby a ainsi expliqué à la presse à propos de cet appel téléphonique :

« Nous estimons que c’est une bonne chose. Cela dit, savoir si cela peut déboucher sur une initiative, une proposition ou un plan de paix sérieux, nous l’ignorons pour l’instant. »

Surtout, il rappelle le rôle des États-Unis, qui ont véritablement la main sur le régime ukrainien et qui feront nécessairement tout pour saboter les œuvres chinoises, alors que les chinois font ici tout pour saboter les œuvres américaines.

« [la discussion de paix] ne sera pas viable ou crédible si les Ukrainiens et le président Zelensky, personnellement, n’y sont pas impliqués et ne la soutiennent pas».

C’est un moment marquant de la 3e guerre mondiale qui se déroule et s’amplifie chaque jour.