L’agonie de la politique de gauche.
Le 1er mai n’est en France plus politique depuis bien longtemps. Or, il devrait être seulement politique. Avec le mouvement contre la réforme des retraites, qui est un échec complet, on touche encore plus le fond, puisque le 1er mai 2023 a été entièrement kidnappé par les syndicats.
C’est toujours le cas, mais normalement le 1er mai reste symboliquement le 1er mai, une journée liée à l’Histoire du mouvement ouvrier. Là, la journée s’est transformée en France en appendice de mobilisations massives et pourtant sans impact politique, culturel, idéologique, social.
Il y avait du monde, avec des initiatives dans toute la France. La CGT revendique 2,3 millions de manifestants, dont 550 000 rien qu’à Paris ; le ministère de l’Intérieur parle de 800 000 personnes. Cependant, avec un tel contenu, il pourrait y avoir 10 millions de personnes que cela ne changerait rien. C’est totalement vain.
D’ailleurs, tout ce qui a été retenu, la seule chose qu’il a été possible de retenir, c’est l’arrestation de 291 personnes (dont 90 à Paris) et le fait que 108 policiers ont été blessés. Paris, Lyon et Nantes ont connu de la casse – encore et toujours cette casse apolitique, antipolitique, qui sert la Droite et l’extrême-Droite, qui a beau jeu de dénoncer un tel nihilisme.
Comment s’imaginer que les travailleurs en France aient envie de rejoindre un tel chaos où les syndicalistes sont culturellement beaufs, où en plus la violence part dans tous les sens, comme avec un manifestant qui a eu la main arrachée par une grenade (à Nantes), un policier le visage et les mains brûlées par un cocktail Molotov (à Paris)!
Le 1er mai 2023 a été une agonie, un triomphe du syndicalisme aux dépens de la politique de gauche. Ce fut une véritable entreprise de démolition, précipitant la « Gauche » ou ce qu’il en reste dans la ringardise, le hors-sol, le réformisme syndicaliste corporatiste. Zéro envergure, zéro ambition.
Éric Ciotti, le président du parti Les Républicains, a dénoncé ceux qui voulaient « Transformer nos forces de l’ordre en torches humaines et abattre la République », alors que Bruno Retailleau, le chef des sénateurs LR, a parlé d’un « spectacle de décivilisation ». Marine Le Pen a dénoncé « des tentatives d’assassinat contre les forces de l’ordre ».
Peu importe que cela soit de la démagogie. Ce qui compte, c’est que pour vaincre politiquement, il faut avoir de l’envergure, ou bien apparaître comme tel. Et là, qui a de l’envergure? Certainement pas les syndicalistes et leurs alliés casseurs. Il suffit de lire le communiqué de la CGT. Auto-satisfaction, aucune dimension historique.
On est là dans une décadence bien occidentale. Le monde s’effondre, les Français font comme si de rien n’était. Ils veulent vivre comme avant. Coûte que coûte !
Mais ni la tendance à la guerre pour le repartage du monde, ni les masses du tiers-monde ne laisseront les Français pleurer encore longtemps leur « paradis » perdu.